Seattle est au rock n'roll ce que Bethléem est au christianisme.
Spin Magazine (1992)

On a besoin qu'il arrive à nouveau quelque chose comme ça - pour changer la face de la musique. Tout de suite!
Mike Inez (Alice In Chains)

28/12/2012

Les greffés du Seattle Sound Part 2 : ceux de l'Ohio - ou l'histoire de The Gits, 7 Year Bitch ou Alcohol Funnycar

Bon, l'année dernière, on avait parlé des gars de Chicago, les Kim Thayil, Hiro Yamamoto, Bruce Pavitt et consors... Aujourd'hui on aurait pu parler de Jeff Ament et de ses copains du Michigan, mais, changement de dernière minute, on va plutôt jeter un oeil sur ce petit groupe de potes qui vivaient en colocation et ont finit par signer tous leurs groupes chez C/Z Records... En plus ça nous fera l'occasion de mettre l'accent sur des "seconds couteaux" du Seattle Sound, pas parce que leur musique est un peu moins bonne que celles des PJ, Soundgarden et consoeurs, mais simplement parce qu'ils sont moins connus de tout un chacun...

Ben London (chanteur guitariste d'Alcohol Funnycar) : J'étais dans une petite université d'art dans le centre de l'Ohio appelé Antioch College, qui historiquement a toujours été très à gauche. Mon compagnon de chambrée était Steve Moriarty, qui a finit batteur chez les Gits, et dans la chambre d'à coté, il y avait Matt Dresdner, futur bassiste des Gits, et Adrian Garver, qu'on retrouvera plus tard à Seattle dans un groupe nommé the DC Beggars. On a monté un premier groupe ensemble : Big Brown House. The Gits s'est formé l'année suivante, avec Andy Kessler, ou plutôt Joe Spleen, comme il se fait appeler chez les Gits, à la guitare. La politique d'Antioch était ce qu'ils appelaient "l'éducation coopérative", qui permettait d'étudier pendant 6 mois et de travailler les 6 autres mois dans des lieux en rapport avec nos études. A un certain point, Matt, Andy et Mia Zapata sont donc allé bosser à San Francisco dans un lieu appelé "The Farm" - qui était une sorte de ferme urbaine où il y avait pas mal de concerts punk - ils ont formé là bas la première version de The Gits. A leur retour, The Gits et Big Brown House ont coexisté, en partageant leur batteur : Steve.

Au fil des ans, comme on voulait tous continuer à jouer de la musique, on a commencé à discuter d'une possibilité de déménager, pour trouver le meilleur endroit ou se faire connaître. On avait 4 villes en vue : New York et San Francisco étaient trop chères, Chicago trop près d'où on était, Seattle semblait être la place idéale. J'étais fan de Soundgarden, mais on était à cent lieux de s'imaginer ce que Seattle allait devenir. On est arrivé en force, en aout 1989. C'était pas seulement les membres des Gits et de Big Brown House, mais d'autres comme Valerie Agnew, qui allait devenir batteur chez 7 Year Bitch.

Matt Dresdner (bassiste des Gits) : Quand on est arrivé à Seattle, Valerie sortait avec Steve, notre batteur. Et moi avec Stefanie Sargent (future guitariste de 7 Year Bitch). Elles voulaient monter un groupe ensemble, donc on les a aidé. Elles ont commencé dans notre salle de répèt au RatHouse. On leur a apprit à jouer de leur instrument.

Ben London : RatHouse était le nom du collectif. C'était le centre communautaire de notre petite scène. Certains d'entre nous y vivaient, Mia Par exemple.

Sur ces bases vont se monter et coexister trois groupes : The Gits, 7 Year Bitch (Valerie Agnew, Stefanie Sargent, Selene Vigil, et Elizabeth Davis) et Alcohol Funnycar (Ben London). Dans un esprit communautaire hors pair, chacun se serrant les coudes, le collectif fait son trou à Seattle parmi la multitude de groupes déjà en place...

Elizabeth Davis (bassiste de 7 Year Bitch) : J'avais étudié à la Walla Walla University (une des universités adventistes du 7ème jour aux States), et avait eu une éducation qui allait dans ce sens. Je venais de bosser sur un bateau de pèche en Alaska avec mon copain, dont le port d'attache était à Seattle. C'est comme ça que je suis arrivé en ville. J'ai trouvé un boulot au marché de Pike Place, et il s'est trouvé que je bossais avec ces deux filles, Valerie et Selene. Pour moi ces filles étaient les plus chouettes personnes que j'avais eu l'occasion de côtoyer à Seattle, j'étais vraiment fans d'elles. Et puis un jour j'ai vu Valerie dans la rue avec des cymbales. Moi je commençais à jouer de la basse. "Pourquoi tu viens pas jouer avec nous?" Notre premier show était en ouverture des Gits au Ok Hotel. on avait besoin d'un nom pour le flyer, et Ben London a proposé celui là : 7 Year Bitch.

Alors que The Gits, plus expérimentés, servent au collectif de locomotive, 7 Year Bitch tire son épingle du jeu en imitant au mieux ses glorieux ainées et amis, grillant les étapes en enchainant les concerts... Au point de passer en deux années de petit groupe amateur à première partie de groupes confirmés... Les filles ne manquent pas de charmes et de joie, et s'ouvrent facilement les portes de l'underground à Seattle :

Selene Vigil (chanteuse de 7 Year Bitch) : On a joué dans une soirée privée chez un professionnel du snowboard, et c'est là qu'on a rencontré Eddie Vedder et son ex copine Beth. Elle aimait vraiment notre groupe. Eddie est devenu un ami.

Valerie Agnew : C'était en 1992, Pearl jam devait assurer les premiers parties d'une tournée avec les Red Hot. Mais PJ ne pouvait pas jouer tous les shows, donc le Red Hot Management leur a demandé qui serait en mesure de les remplacer, et Eddie leur a conseillé de nous appeler. Je me rappellerais toujours le jour où ils ont appelé. Il y avait ce message sur le répondeur, on en est tombé sur le cul, on criait et on rigolait comme des folles. "Pas possible, le management des Red Hot nous appelle, nous?"

Les trois groupes signeront tous chez C/Z Records, l'autre label de Seattle, plus connu des fans de grunge pour avoir sorti en 1986 la bible des compil' grunge : Deep Six...

Steve Moriarty : On était pas proche du tout de Sub Pop parce qu'on se sentait des puristes du punk. Mudhoney avait en quelque sorte, pour les fans, été instrumentalisé par Sub Pop. Ils en étaient un peu aigris et se retrouvaient plus dans nos valeurs à nous. The Gits représente plus les bas fonds de Seattle.

Selen Vigil : On était constamment catalogué grunge ou riot grrrl. Ouais, on l'était peut être un petit peu, mais pas totalement. Plus ou moins... mais non. On faisait juste une musique agressive, punk, in your face.

Valerie Agnew : On a définitivement été considéré comme Riot Grrrl, ce qui était vraiment frustrant. On n'avait rien contre elles, mais en fait on n'avait rien à voir avec elles. On avait des idéaux féministes. On connaissaient ces filles, on adoraient leurs groupes, mais on n'en était pas.

Matt Dresdner : On était très proche des 7 Year Bitch, on se soutenait énormément, alors quand d'un coup elles ont commencé à attirer l'attention, on était super heureux pour elles. On avait été un peu comme des mentors pour elles, et je pense qu'elles avaient cette reconnaissance de ça. Quand elles ont été filmé pour le documentaire Hype! et qu'elles ont appris qu'on ne seraient pas dessus, elles leurs ont dit qu'ils seraient vraiment trop cons de ne pas nous mettre sur le film. C'était une relation supportive, collaborative et très aimante entre nos deux groupes.

Le collectif verra cependant arriver des jours sombres : Stefanie Sargent succombe à une overdose en 1992, alors que Mia Zapata sera violée et assassinée à la sortie d'un bar un an plus tard... (son meutrier n'étant retrouvé que 10 ans plus tard grace aux techniques de recherches par ADN)... Ce fait divers ébranlera en profondeur la communauté musical de Seattle dans son ensemble... De là découlera d'ailleurs la création du collectif Home Alive, appelé à chercher des fonds et proposer aux femmes l'apprentissage de la self defense... Une compilation sortira en 1996 pour soutenir l'organisation, avec nombres de groupes de Seattle, et pas des moindres (Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden, the Posies, the Fastbacks...)

Valerie Agnew : Une des choses qui a découlé de cette tragédie, c'est Home Alive, ce collectif que j'ai co-fondée avec 8 autres femmes. C'était une organisation non lucrative qui avait pour but d’informer sur la violence faite au femmes, mais surtout d'offrir les moyens aux gens de se défendre. Eddie Vedder a été le plus grand soutien d'Home Alive. Il nous a mit en relation avec Epic Records, et nous a permit d'enregistrer une compilation qui a rapporté 200000$ à notre cause et nous a fait énormément de pub. Eddie est un gars modeste, humble, et à un moment on a arrêté de le remercier à tout bout de champ, mais il a vraiment fait un taf énorme pour nous. On a été capable d'apprendre à pas mal de monde à devenir des "botteurs de culs" avec tout ce fric.

Elizabeth Davis : J'ai été subjuguée par le support qu'on nous a donné pour cette compilation. Tous ces groupes différents, du petit garage band jusqu'à Soundgarden

Steve Moriarty : J'avais organisé une soirée pour récolter des fonds pour pouvoir embaucher un détective privé qui puisse faire des recherches sur le meurtre de Mia. TAD était prévu en tête d'affiche, et ils en ont parlé à Kurt Cobain. Kurt m'a appelé  en disant : "J'ai entendu que tu organisais ce show. Est ce qu'il y a moyen que Nirvana en soit?". "Fuck, yeah!". Et c'est comme ça que Nirvana a joué l'un de ses derniers shows à Seattle...

Voilà pour la petite histoire de ce collectif venu d'ailleurs, mais adopté définitivement par la grande famille du grunge de Seattle, et qui en a marqué l'histoire!!! Les trois groupes tourneront nationalement et internationalement, l'explosif Alcohol Funnycar notamment avec Green Day, Bad Religion ou Elliott Smith... Ben London et son acolyte Tommy Simpson (Love Battery) viennent de reformer Alcohol Funnycar, alors que le premier cité est toujours actif avec son autre groupe STAG (avec l'ex chanteur du groupe anglais That Petrol Emotion, Steve Mack, originaire de Seattle)...



Des morceaux géniaux à chercher dans la playlist Grooveshark à droite...

09/12/2012

Seattle Grunge's Anecdotes : Kurt Cobain producteur des Melvins : info ou intox?

1993 : sortie de l'album Houdini des Melvins, l'un des plus accessible du trio sludge d'Aberdeen. On spécule alors beaucoup sur une possible apparition de Kurt Cobain sur l'album, voire d'une production entièrement menée par la toute nouvelle icône rock planétaire... King Buzzo et son franc parler nous en disent plus :


Dale Crover (batteur des Melvins) : Je pense que Danny Goldberg (le manager de Nirvana) aurait voulu mentionner que Kurt avait produit Houdini : "Je pense que si vous l'avez pour produire votre disque, vous avez la garantie de vendre un paquet de disques". Au début je voulais vraiment pas ça. C'était ringard cette idée. Mais Buzz pensait que ça pouvait être une nouvelle expérience, qu'on avait jamais fait ça avant. Kurt devait nous aider à écrire les morceaux et à faire quelque chose de complètement différent.

Buzz Osborne (chanteur guitariste) : Ca faisait un moment que je n'avais pas cotoyé Kurt - pas depuis qu'on avait tourné avec eux. J'étais épuisé créativement parlant à l'époque, et on avait pensé qu'un troisième collaborateur pourrait nous aider dans l'écriture. Mais ça n'est pas vraiment arrivé. Kurt joue sur Sky Pup et le dernier morceau de l'album. Il était complètement accro à l'époque, et j'ai vite réalisé que ça n'allait pas la faire.  Kurt était très mal, plus mal qu'il ne l'avait jamais été. Je l'ai viré.

Dale Crover : Il a vraiment essayé d'apporter dans l'écriture des morceaux, malgré son état. Mais le temps passait et on n'avait toujours pas de morceaux. On l'a fait venir en essayant de le convaincre qu'il était vraiment bon à trouver des mélodies, et que si il avait des idées, qu'il devait nous aider. Qu'il devait s'impliquer dans le processus d'écriture. Nirvana sortait juste de l'enregistrement avec Steve Albini (les premiers enregistrements de In Utero, non gardés par la suite), et Kurt voulait essayer des nouveaux trucs pour la batterie. Mais après deux trois sessions, on ne l'a plus revu...

Danny Goldberg : Kurt était à fond dans la drogue. Il était aussi contrarié par le fait que les Melvins n'aient pas de morceaux. Kurt était incroyablement engagé dans la punk culture, mais quand il s'agissait d'écrire, c'était un traditionaliste. il écoutait beaucoup les Beatles. Pas seulement Black Flag ou les Dead Kennedys ou les Melvins. Il était déçu que les Melvins n'aient pas préparé leur album à la façon dont lui préparait les siens. Ils n'avaient pas d'ébauches de morceaux. Selon lui, ils se contentaient de jammer. J'ai suggéré qu'il co-écrive avec eux, mais ça ne l'emballait pas. Buzz lui avait demandé aussi. Mais Kurt était plutôt possessif avec ses idées de chansons. Il n'écrivait pas plus pour Courtney. Il aimait garder ses bons morceaux pour lui.

Buzz Osborne : Danny Goldberg a dit que j'avais dit qu'on avait viré Kurt pendant la création d'Houdini. Ce qu'on a fait!!! Danny ne s'en rappelle pas, parce que, bien sûr, en tant que Danny Goldberg, il a une mémoire très sélective. Il a dit que Kurt était contrarié qu'on n'ait pas d'ébauches de chansons, et qu'on ne soit pas préparé. ON N'EST JAMAIS PREPARE! (rires). De quoi il parle? C'est comme ça qu'on a toujours bossé!
 (...) Cet album, c'est moi et Dale. La basse on se l'est partagé, quoi qu'en dise les crédits*. Cobain l'a produit jusqu'au moment où je l'ai foutu à la porte pour avoir foutu la merde dans le studio. (...)  Après coup, on n'a jamais plus été agacé par lui.
On n'en a jamais reparlé ensemble. Je pense qu'il était content de ne plus en être. Au final cette histoire nous a couté plus financièrement qu'elle nous a apporté. C'est un bon disque malgré tout, mais je préfère notre version live de 2005...

Le v'là le live de 2005 : Houdini en entier, sorti par la suite sur disque...


*C'est Lori Black qui est crédité à la basse sur Houdini. Dans les faits, la fille de Shirley Temple et ex petite amie de Buzz est déjà loin... Rrraaahhh les Melvins. J'ai beau adorer Pearl Jam, révérer Soundgarden, écouter sous la douche Lanegan ou les Screaming Trees, headbanger dans mon salon sur Superfuzz Bigmuff, comment résister à ces merveilles de rock bulldozer des Melvins!!!!

02/12/2012

Seattle Grunge's Anecdotes : Mark Lanegan et les Screaming Trees pètent les plombs à Roskilde '92

Pour agrémenter la petite vidéo que PYC vient de m'envoyer... Pourrie, mais là n'est pas l'essentiel... C'était vraiment un putaing de groupe : quand t'entend l'impro qu'ils te sortent dans un moment plutôt chaud du slip...


Gary Lee Conner (guitariste des Trees) : Le concert au Roskilde Festival est définitivement le plus grand show qu'on ai jamais donné. 70000 personnes au bas mot. On a passé un bon moment là bas avec les autres groupes. Pearl Jam en était. Nirvana aussi.

Kim White (manager des Trees) : Je pense que tout le monde était vraiment intimidé par le public. Conséquence : ils ont bu toute la journée. Le Danemark jouait la finale de l'Euro de foot à l'époque et le match passait sur grand écran. Quand les footeux ont gagné le public est devenu fou. Pearl Jam a joué juste après...

Van Conner (le petit frère bassiste) : C'est la première fois que j'ai vraiment côtoyé Mike McCready. Il est venu dans notre loge après le concert de PJ, et il était plutôt pas mal bourré déjà. On lui a dit : "On va t'apprendre à boire comme il faut McCready"

Kim White : Parce que Kurt (Cobain) et Mark (Lanegan) était très bons amis, Kurt voulait que les Trees passent en tête d'affiche. Et nous on était là : "C'est pas une bonne idée". Mais Kurt insistait : "Non, je veux vraiment vous aider, ce serait super que vous passiez après nous et terminiez la journée". Et nous : "Non, non, non, c'est vraiment pas une bonne idée". Mais pour je ne sais quelle raison, ça a finit par arriver. Donc imagines toi : le Danemark venait de gagner l'Euro, la foule était folle. PJ jouait avant nous, la foule était encore plus folle. Et Nirvana ensuite. La foule était en feu. 

Van Conner : Tout ce qui pouvait être fracassé dans la loge l'avait été. Lanegan avait clairement la pression...

Kim White : Et maintenant, ladies and gentlemen, the Screaming Trees!. Tout à coup plus un bruit dans la foule. On pouvait entendre les bruits de pas du groupe qui entrait sur scène.

Gary Lee Conner : On a commencé à jouer un set basique. A un moment, j'ai entendu Kris Novoselic, qui était pas loin de moi sur le coté de la scène, dire : "Jouez celle qui parle du diable". Elles parlent toutes du diable mec!!! Et, va savoir, à partir de ce moment, tout s'est mit à tourner de travers...
 
Barrett Martin (the batteur) : On s'est mit à jouer "Change Has Come" et Mark essayait de chanter, et le micro marchait  pas comme il voulait, alors il l'a balancé, s'est assit près de la batterie, et s'est prit un verre d'alcool. On était tous à jouer et à attendre qu'il se mette à chanter.

Kim White : Les deux frangins Conner se sont approchés de lui et lui ont dit : "Allez Mark, tu peux pas nous faire ça". Ils lui ont filé un nouveau micro, et il s'est mit à chanter "Ivy". Et une fois de plus, le micro ne fonctionnait pas, et les gars de l'orga n'en branlaient pas une. Mark s'en est prit à l'un d'eux et là, tous les mecs de l'orga sont arrivés pour le chopper.

Barrett Martin : Il a couru vers une des caméras TV et l'a éclaté. Le genre de caméra à 50000$...

Kim White : Un des micros qu'il a lancé dans la foule est arrivé sur la gueule d'un gars qui portait des lunettes. Après ça j'ai dû appeler notre compagnie d'assurance aux States, en expliquant qu'on venait juste de casser une caméra à 50000$ et qu'un gars avait été plus ou moins commotionné par un micro et qu'il saignait.

Gary Lee Conner : On voyait tous qu'il devenait dingue. Donc on est tous devenu dingues. J'ai crashé ma guitare. J'ai jamais refait ça depuis. Barrett a éclaté sa batterie. Et puis Mark a dû courir pour se cacher.

Dave Grohl : On a dû le cacher dans notre loge. Mais ce mec est un taré, il te fout le bordel en moins de deux. Donnes lui un micro, laisses le chanter et barres toi vite fait de son chemin.

Un concert qui agrémente la légende du ténébreux et non moins talentueux Mark Lanegan. 1992 est l'année qui verra les Trees, un des groupes "grunge" les plus expérimentés (premier album dès 1985, 3 scuds chez SST dans les années 80), percer vraiment nationalement et internationalement, à cause bien sûr du tapage médiatique autour de la scène de Seattle, mais aussi grâce à un titre, Nearly Lost You, tête de proue de la BOF du film Singles. Mais passer à la marche supérieure ne fait pas que du bien aux Trees : parallèlement à l'arrivée successive des albums les plus aboutis du groupe, on assiste à sa désintégration progressive dûe aux excès en tout genre de tous les membres sans exception, et de Lanegan en particulier...

14/11/2012

Big Business live Hellfest 2012 : l'intégral!!!

Pour le plaisir, le live en intégral au Hellfest 2012 des sieurs Coady Willis et Jared Warren, nos bons soutiers du Melvins version 2006-12... Un putaing de concert qu'on a adoré bien sûr!!! A noter que ICI, vous trouverez en sus quelques concerts du dernier Hellfest donc, dont ceux de Orange Goblin et YOB...


09/11/2012

Walking Papers live Nouveau casino Paris 10 novembre!!!

Bon, Endino nous en a parlé plus bas, faut quand même qu'on aille jeter une oreille à ce Walking Papers qui annonce que du bon. Jugez plutôt : Au chant et guitare, un certain Jeff Angell (Post Stardom Depression, The Missionary Position), un gars qui a déjà pas mal roulé sa bosse au sein de la communauté musicale de Seattle. A la basse, un petit nouveau dans la musique : Duff McKagan qui s'appelle le gars. Rappelons que celui là jouait déjà d'un peu de tout en 1980 à Seattle avant de descendre à la grande ville. A la batterie, un débutant prénommé Barrett Martin (ex-Skin Yard, et surtout ex-Screaming Trees et ex-Mad Season)... Et pis y'a aussi un autre petit gars du coin qu'a donné un coup de main sur l'album en sortant quelques solos de ses petits doigts magiques : Mike McCready (est t'il nécessaire de mentionner qu'il gratte depuis 1990 au sein de Pearl Jam)... Ces Walking Papers là ont marché depuis Seattle pour se retrouver demain à Paris au Nouveau Casino!!!!!! Parisiens, parisiennes, si vous vous faites chier demain samedi, c'est votre jour de chance... Nous on est trop loin pour en profiter!!! En prime une petite cover de Mad Season avec Mc Cready en guest, par les mêmes gars!!!



Au rayon "News qu'on sait pas si c'est des vraies news ou pas", les têtes d'affiches du prochain Download Festival nous donnent une certitude : Alice In Chains, ainsi que les Queens of the Stone Age (accompagné qui sait, de Dave Grohl, qui vient de rejoindre le groupe pour le nouvel album) seront en Europe en juin prochain. La question désormais : passeront t'ils en France? C'est surement probable... Le nouveau Soundgarden sort ce lundi, et comme le disque en entier est accessible en streaming, je me le suis passé un certain nombre de fois. Verdict : du Soundgarden bien frais, encore différent de tout ce qu'ils ont pu sortir auparavant, solide du début à la fin, pas d'ennuis, et une guitare qui ne déçoit pas, bien au contraire. Un Soundgarden nouveau. Bien sûr, on n'aura plus jamais de Louder Than Love, de Badmotorfinger et autres Superunknown, et c'est tant mieux, ceux là sont uniques... Franchement : de la balle!!!

03/11/2012

Interview Jack Endino : "the" producteur mythique du Seattle Sound répond à nos questions!!!

Bon alors, en ce moment on est en train de monter une multinationale  du "grunge" avec PYC. Lui c'est le commercial, et croyez moi que c'est pas facile hein : un boulot plein de tact. Quand à moi, je me met à la rédaction en jouant le journaliste à deux balles. Ben ouais parce que préparer ne serait qu'un petit interview de rien du tout, bordel, c'est un putain de taf aussi... Enfin bon, on fait ça pour vous les lecteurs, et on y prend un putain de plaisir aussi... Ouais parce qu'on s'est dit que "Seattle Grunge", le blog, c'était pas mal, mais qu'on pouvait faire encore mieux, en allant à la pèche du coté de Seattle, voir si l'un ou l'autre des acteurs du Seattle Sound serait prêt à mordre à l'hameçon, à taper l'bout d'gras, à tailler la p'tite bavette avec deux vieux fans de la première heure, à discuter sur des détails de l'histoire, à alimenter the "hype machine" comme disait Kurt Danielson, bien qu'elle soit retombée depuis un moment, la "hype"... Donc il se pourrait, au gré de nos investigations, que sorte de temps en temps sur le blog quelques interviews informelles de nos musiciens préférés... On a déjà l'accord de quelques uns, mais chut, on verra ça au fil du temps... 

Ceci dit, à tout seigneur tout honneur, le premier d'entre eux, le roi du son de Seattle, l'inventeur de la Sub Pop touch! Celui sans qui Nirvana ne serait rien qu'un tout petit groupe de merdouille. Celui sans qui Soundgarden en serait resté à jouer pour les kermesses de ta petite cousine en couche culotte. Celui sans qui Sub Pop en serait à sortir de la country pour vieux texans. J'ai nommé Jack Endino!!! Je vous la ressort celle là, mais il est de notoriété publique que si Pavitt et Poneman ont été les cerveaux droit et gauche du mouvement, Peterson en était l'oeil et Endino l'oreille... Jack Endino donc, producteur archi mythique, et pour cause, il est l'auteur de crimes impardonnables : celui d'avoir modestement produit les premiers méfaits de Nirvana, Soundgarden, Green River, TAD, Screaming Trees, Afghan Whigs, Mark Lanegan, L7 et j'en passe et des meilleurs... Celui d'avoir humblement enregistré l'album qui définira définitivement le son de Seattle : Superfuzz Bigmuff de Mudhoney!!! Celui d'avoir pudiquement mis en boite du matos d'artistes aussi divers que Fitz Of Depression, Bruce Dickinson, Nebula, Black Halos, Therapy, Hot Hot Heat, Zeke, Atomic Bitchwax, High On Fire, Flipper, Valient Thorr ou the Sonics...

Seattle Grunge : Salut Jack, tu fais quoi là maintenant? Qui tu enregistres en ce moment?

Jack Endino : Je viens juste de produire un album pour une chanteuse qui s'appelle Dilana Robichaux (une fille qui a gagné une sorte de Star Academy ricaine). Pas exactement la réponse que tu attendais hein? Bon ok aujourd'hui spécialement, j'ai bossé sur le mix de quelques morceaux des Resident Kings, un des side projects du bassiste de Fitz Of Depression. Et très récemment j'ai mixé l'album d'un nouveau groupe ici : Walking Papers (nouveau projet de Barrett Martin ex Screaming Trees et de Duff McKagan ex qui vous savez, avec la participation de Mike McCready : voir playlist Dezeer à droite). Plus tôt dans l'année j'ai produit un chanteur brésilien : Nando Reis, qui était dans un des groupes phares au Brésil : Titas, avec qui j'ai beaucoup bossé dans les années 90.

SG : Un taf plutôt éclectique en somme. Il est vrai qu'avec un CV comme le tien, tu es définitivement devenu un producteur incontournable de la scène alternative américaine. Après 25 ans de taf, les demandes sont t'elles toujours aussi fortes? Ça vient de partout? C'est quoi tes critères de choix pour bosser ou pas avec tel ou tel groupe?

JE : Clairement : j'ai jamais arrêté de bosser depuis que je suis producteur. J'ai des clients dans le monde entier. Récemment j'ai mixé pour des groupes italiens, brésiliens, polonais. Comment je choisis? Si c'est un groupe qui me demande la totale, c'est à dire produire/enregistrer/mixer, tout ce qui compte c'est si j'aime leur musique ou pas. Mais si c'est juste pour mixer, quand un groupe me donne quelque chose qu'il a déjà enregistré, là je dois faire plus attention sur un point purement TECHNIQUE, pour être sûr que je n'hérite pas d'un gros problème antérieur à mon intervention. Mixer peut être facile comme difficile... Et ça dépend surtout de comment ça a été enregistré.

SG : En parlant de technique : entre tes débuts dans les années 80 et aujourd'hui, as tu cherché à faire évoluer ton matériel, où as tu simplement préféré continuer avec ce qui te satisfaisait déjà? Est ce qu'il y a une "touche Endino", une marque de fabrique?

JE : Techniquement, ça a toujours évolué. J'utilise plus du tout aujourd'hui les mêmes techniques d'enregistrement ni le même équipement que celui que j'avais au tout début. Excepté pour certains amplis de guitare. En fait j'ai complètement embrassé le "digital" il y a déjà des années de ça. C'est le genre de truc qui surprend tout le monde, mais ça ne m'a pas gêné du tout : avec toute nouvelle technologie, tu as juste à apprendre comment l'utiliser correctement. Ce qui n'a pas changé, par contre, c'est ma PHILOSOPHIE. Mes gouts musicaux sont les mêmes. Je dirais même que ce qui est devenu PLUS FORT au fil du temps, c'est le fondement philosophique de pourquoi je fais ce que je fais. Je crois très fortement que ce qu'on essaie de faire dans un studio c'est de capter la MAGIE du moment, et que toute production technique qui vient entraver ça n'a pas sa place dans le processus. C'est la raison pour laquelle j'accorde plus d'importance à la relation avec les artistes qu'avec la technique pure de production ou d'enregistrement : parce que cette dernière n'a rien à voir avec la musique, c'est juste fait pour rendre le taf du producteur plus facile...

SG : Ça se rapproche pas mal de la philosophie de ce qu'on appelle ici en France un petit artisan : quelqu'un qui a un réel savoir faire, mais qui travaille avec qui il veut, qui fait ce qu'il veut sans chercher à avoir toujours plus? Quelqu'un qui travaille avec passion.

JE : OUI, C'EST EXACTEMENT CA. C'est pour ça que j'adore toujours ça même après 25 ans!

SG : Tu as joué de la guitare pour un long moment dans Skin Yard, un des groupes pionniers du Seattle Sound. Qu'est qui t'as poussé à donner la priorité à la production? En d'autres termes, pourquoi n'avoir pas cherché à jouer dans d'autres groupes après le split de Skin Yard?

JESkin Yard avait sorti 5 albums en 7 ans, et à la fin, je sentais qu'il fallait que j'essaie autre chose... Et puis le "grunge" a explosé et mon téléphone a commencé à sonner encore et encore. C'était on ne peut plus évident que l'Univers voulait faire de moi un producteur plutôt qu'un guitariste. L'Univers a des tonnes de guitaristes! Mais tu sais j'ai jamais pu arrêter complètement de jouer. J'ai sorti 3 albums solos entre 1990 et 2005. Le dernier était "Permanent Fatal Error" (2005) et c'est probablement le meilleur taf que j'ai jamais sorti sous mon propre nom. Barrett Martin a assuré la batterie sur la plupart d'entre eux. Il était dans Skin Yard, et aussi chez les Screaming Trees et Mad Season, et maintenant Walking Papers. Plus récemment, j'ai joué avec Kandi Coded, entre 2007 et 2011 : deux albums pour Volcom Entertainment. J'ai eu vraiment beaucoup de bons moments avec ce groupe. On  a même joué en France! Une date! Dans un petit club à Cauterets, il y a deux ans. Notre chanteur, Jamie Lynn est une légende dans le monde du snowboard, donc on jouait pas mal de "stations de ski" ce genre de trucs. Ce qui était plutôt nouveau pour moi. Mais Kandi Coded est un peu en retrait en ce moment. Sinon j'ai joué de la batterie pendant trois ans (2008-10) pour un groupe appelé Slippage, et aussi de la basse pendant 6 mois avec Wellwater Conspiracy (side project de Matt Cameron, Ben Shepherd et John Mac Bain ex Monster Magnet) au tout début des années 2000... Et 2 ans à la basse avec Upwell, vers 2002... Tu vois, j'ai jamais arrêté de jouer!!!

SG : Une chose que j'aimerais savoir, c'est comment un gars comme toi en est arrivé dans les années 80 à jouer dans un groupe rock et à participer à l’émergence de cette petite communauté rock à Seattle?

JE : Je me suis toujours considéré d'abord comme un musicien, et même encore aujourd'hui. En 1985 j'étais dans trois groupes en même temps. Batteur chez Crypt Kicker Five, bassiste chez The Ones, avec Terry Lee Hale (voir Sub Pop 200) (qui habite en France maintenant), et guitariste chez Skin Yard. Et à l'été 1986, j'ai commencé à bosser dans mon propre studio : Reciprocal... Mais même là, j'ai continué à jouer avec ces trois groupes pour un temps. Je sais pas comment c'était possible, mais je l'ai fait. La musique c'était ma vie.

SG : J'ai vu que tu avais travaillé avec un des groupes phares de la scène punk française : les Burning Heads, pour deux albums. Quel souvenir en as tu?

JE : Surtout celui d'avoir la chance d'enregistrer un disque à Paris, j'ai adoré! Et les Burning Heads, c'était des bons gars bien sympas.

SG : Quels sont tes projets à venir?

JE : Je viens juste de finir un nouvel album solo, avec l'aide de Barrett Martin encore, et aussi de Johnny, le batteur de Kandi Coded. Ca s'appelle "Set Myself On Fire", et ça sortira au printemps prochain chez un label de Seattle : FIN Records. Je suis assez content du résultat... Le premier single en sera une version plutôt brutale du "Rumble" de Link Wray, la seule reprise que j'ai jamais enregistré pour un de mes albums solos. Je joue actuellement de la basse dans un groupe qui s'appelle Rocket Surgery. On a joué hier... On a deux femmes dans le groupe, qui chantent des harmonies et qui jouent toutes les deux de la guitare bien heavy. Et le batteur est Norman Scott, un autre ex batteur de Skin Yard! Un de mes bons amis, Al Milman, dit qu'on sonne comme "les Pixies meet Blue Cheer", et crois moi, c'est pas une mauvaise chose du tout. Sinon on a bossé pas mal ces derniers temps avec Terry (Lee Hale) sur des vieux enregistrements de The Ones qui datent des années 1984-86, et je pense qu'il a l'intention de de les sortir prochainement. Le style de The Ones n'est pas vraiment facile à décrire : un genre de bluegrass-speedpunk!!! Je vis et bosse aussi désormais dans un studio d'enregistrement appelé Soundhouse (soundhouserecording.net)

Énorme!! Merci à toi Jack pour ce temps passé avec nous, on a adoré!!!! 

En dessous quelques vidéos intéressantes, entre autres un extrait du live de Kandi Coded à Cauterets en 2009, et la première partie d'un docu sur High On Fire, le groupe de l'ex-nouveau guitariste de Sleep : Matt Pike, lequel docu donne la part belle à Jack... Ça se passe au studio Avast, un des meilleurs de Seattle, tenu par un ami d'enfance de Kim Thayil et ex roadie de Soundgarden : Stuart Hallerman. Dernière chose : PYC vient de créer un groupe sur Facebook spécialement dédié aux fans francophiles de cette musique qu'on a tous adoré et dont on parle sur ces pages en permanence : ... Y'a du beau monde d'invité!!!! Ça promet...




28/10/2012

The U-Men, total chaos!!!!


Charles Peterson (photographe officieux de la scène de Seattle) : Les U Men ont été définitivement les parrains de la scène de Seattle.

Dave Dederer (guitariste des Presidents of the United States of America) : Le seul groupe qui me bottait à l'époque, c'était les U Men. Ils étaient pour moi le meilleur groupe de rock n'roll de tous les temps.

Charlie Ryan (batteur des U Men) : L'idée de monter le groupe était de Tom. On avait volé le nom à un bootleg de Père Ubu qui s'appelait "The U Men". On bossait pas - on écoutait juste de la musique en buvant des bières. Tom a dit : "Je pense qu'on devrait monter un groupe, Charlie". Et j'ai dit "Ok".
-Tu seras le batteur.
- Mais on sait pas comment jouer.
- C'est ok, on va apprendre.
- Mais on n'a pas de matos.
- Te fait pas de bile pour ça...

Bon, parler du Grunge sans parler des U Men, c'est comme parler des romains sans parler de César... Après deux ans d'existence de ce blog, va falloir remédier à ça... Les U Men, c'est l'avant garde de la déferlante grunge : un son pré Sub Pop, une attitude archie punk, un j'm'enfoutisme incroyable, et du talent plein les poches... Les premiers, réellement, à mélanger toutes ces influences contradictoires qui feront la véritable spécificité du son de Seattle. Les premiers à obtenir une sorte de reconnaissance régionale, voire nationale (toute proportion gardée, le hardcore à l'époque étant complètement underground), les premiers à enregistrer des morceaux dignes de ce nom. Les parrains du grunge quoi merde bordel de dieu!!!! 1981 voit donc la première rencontre entre trois jeunes branleurs (euses), anciens copains de collège à peine majeurs et plutôt intimidés (Tom Price, guitariste, Charlie Ryan, batteur et Robbie Buchan, jolie bassiste), et John Bigley, un taré de première dont l'attitude anti conformiste impressionne bon nombre dans le milieu hardcore...

Tom Price (guitariste des U Men)On le voyait de temps en temps en soirée, c'était un personnage incroyable... Une des premières fois que je l'ai vu, c'était un soir à une fiesta, il a traversé une fenêtre, est tombé deux mètres plus bas dans un tas de verres brisés, et est revenu avec un de ces airs inquisiteurs, genre : qui m'a poussé?. Il était juste bourré et avait dû louper une marche ce genre de truc. Charlie et moi on s'est dit qu'on devait avoir ce gars comme chanteur. On n'avait aucune idée de si il savait chanter ou pas, mais à l'époque c'était sans importance.

Charlie Ryan : On était intrigué, mais on avait plutôt peur de lui. Il avait un petit quelque chose de Jim Morrison. Quelque chose de taré dans le regard, comme s'il avait peur de rien. A le croiser, tu pouvais pas savoir si il allait t'embrasser, te tuer ou te baiser. On l'avait vu se jeter une ou deux fois dans des bastons, ça nous impressionnait. On le voulait comme chanteur, mais on était trop flippés pour aller lui demander. Donc on a proposé à Robbie, la fille, de le faire. Elle a rit et nous a traité de lavettes, et à la première occasion qu'elle a eu, elle est allé parlé à John.

John Bigley : C'était à un show de Johnny Thunder, Robbie est venue me voir pour me demander d'être leur chanteur. Apparemment, ils pensaient que j'étais taré - ils étaient intimidés. Je lui ai dit que j'étais pas sûr, que je savais pas chanter, puis au bout d'un moment j'ai dit ok!

Robin Buchan : Quand on l'a rencontré, il était tellement outrageux. Il était capable de tout, il prenait n'importe quelle drogue. C'était un sauvage.

Daniel House (Skin Yard, 10 Minute Warning, C/Z Record proprio) : Il était allé cherché son permis de conduire avec du maquillage autour des yeux et sur les lèvres. Ils ont pris sa photo comme ça. Pendant des années il a eu un permis de conduire avec une photo ou il ressemblait à un espèce de clown débile.

Charlie Ryan : Notre première répet'? On était tellement excités et nerveux. Il avait amené une bouteille de vin. "Quelqu'un veut un verre de vin?". "Ouais, j'adore le vin". On buvait rien que de la bière à l'époque, et lui il arrive avec du vin. Et il s'est mit à chanter comme tu t'y prendrais pour décolorer toute une lessive. Sa voix était féroce. C'était pas poli du tout. Ça sonnait comme un animal qui gueule. Il était juste à hurler, et nous on était ravi : C'est ça bordel, c'est ça!!!

C'est le début de l'aventure pour les U Men, à écumer les bas fonds de la ville, entre garages de banlieues et sous sol d'immeubles. On est au début des 80's, et comme il a déjà été dit, à l'époque aucun lieu n'était spécialement prévu pour accueillir de tels groupes. Les U Men se font rapidement remarquer par leurs prestations scéniques hors de tout contrôle. Surtout, son chanteur, inquiétant, ténébreux, imprévisible, devient une des attractions du milieu... A ses débuts, Bigley joue plus une performance d'artiste qu'un véritable tour de chant. Du style à rester planté là tout en toisant l'audience d'un sale oeil... Le groupe se taille rapidement une réputation : dangereux, menaçant, injurieux, les concerts se terminent souvent dans le chaos le plus total, et par voie de conséquence, avec la police au cul... D'autant qu'ils sont suivis de près par les Bopo Boys, un gang de Seattle qui les adorent, eux et les Fastbacks, mais qui ont la sale manie de sortir les poings un peu facilement...

Robin Buchan : Le seul truc que je me souvienne à propos de nos concerts, c'est le fait d'être encore et encore viré par la police. On détient le record à Seattle, d'avoir eu 13 concerts de suite interrompus par la police. J'étais super bonne à déguerpir quand les flics arrivaient.

Larry Reid (manager des U Men) : Les U Men étaient un peu plus jeunes que moi. J'étais allé à quelques uns de leurs concerts. J'étais fasciné. C'était un mix étrange de punk hardcore, de Northwest garage, de rockabilly et de psychédélisme - même s'ils ne savaient pas jouer de leurs instruments (rires). Vous alliez à un de leurs concerts, et c'était complètement imprévisible, vous ne saviez jamais ce qui allait arriver. Les flics finissaient toujours par débarquer. Il y avait quelque chose dans l'énergie et l'atmosphère d'un show des U Men qui faisait que ça se terminait systématiquement dans un bordel complet. Un jour John Bigley m'a appelé : "On a besoin d'aide". Donc je les ai pris sous mon aile. Je faisais en sorte de les manager - mais ils étaient immanageables à l'époque.

1982 voit donc arriver deux changements majeurs pour la destinée du groupe : ils trouvent en la personne de Larry Reid, un ancien du circuit, propriétaire successivement de quelques bons pubs qui donneront la part belle aux groupes de rock naissant, tel le Graven Image ou le Rosco Louis, celui qui tachera de leur donner une certaine direction. Et changent de bassiste. Robbie quitte le groupe et accessoirement Tom, son boy friend, désireuse qu'elle est de repartir à zéro dans une vie qui ne lui avait déjà pas fait de cadeau. Elle est remplacé par Jim Tillman, un gars qui touche sa bille à la basse, et qui participe déjà activement à la scène locale naissante.

Tom Price : Larry avait peut être 25 ans, alors que nous on en avait 18, ça faisait une grande différence. Ce qui était incroyable avec lui c'est qu'il se foutait de faire du fric ou pas. Il entassait des tas de gens dans des tous petits espaces, mais sans jamais se soucier de si il allait gagner quelque chose ou pas. Quand à Jim Tillman, ça a tout changé. C'était un extraordinaire bassiste - un super bon musicien. Il avait un peu de fric, du matos, et il savait comment régler un ampli. Avec lui on est devenu des musiciens compétents... 

Larry Reid : Je suis devenu leur manager officiel, et à un certain point j'ai commencé à prendre 10% de rien du tout. On tachait de mettre de coté tout ce qu'on gagnait pour enregistrer. Les U Men ont sorti un premier EP en 1984 sur Bombshelter, qui était en fait la version primaire de Sub Pop. C'était Bruce Pavitt en fait... 

Dave Dederer : Leur premier EP est un des plus grands disques de tous les temps. Le premier morceau était "Shoot 'Em Down", qui commençait avec ce cri que John Bigley faisait :  "WOW WOW WOW". La première fois que je les ai vu, au Grey Door, ils ont ouvert avec ce morceau. Je me souviens m'être senti comme si je décollais du sol et que j'allais m'éclater contre le mur d'en face. Trop puissant. Un des plus grands moments que j'ai jamais vécu en concert.

Larry Reid : Faire tourner les U Men était un challenge, leur réputation les suivait partout. Une fois j'ai dû contrefaire une autorisation d'occuper un bâtiment pour satisfaire les pompiers. Une autre fois, on avait programmé un show dans un abattoir nommé le Meatlockers, et on avait installé le bar dans un monte charge, donc quand les flics sont arrivés, on a juste surélevé le monte charge, en fermant bien les portes. Ni vu ni connu. Quel bar? Y'a pas de bar ici! (...) Manager les U Men m'a valu quelques bastons. Un soir un punk du coin m'a éclaté une bouteille sur le crane... (...) Ils étaient plutôt pas mal physiquement parlant, et grâce à ça il y avait beaucoup de filles aux concerts. Et comme les filles venaient, les gars venaient aussi. Plus tard, j'ai expérimenté le même phénomène avec Nirvana.

John Bigley : Un jour on avait loué le Laurelhurst Community Center - Laurelhurst était une banlieue de Seattle, près de l'Université. On dépose notre matos, et le mot court alors très vite que les "tarés se sont emparés du Community Center". Un groupe de vigilance, des jeunes du quartier débarquent et commencent à casser les vitres de bagnoles et à taper sur tout ce qui bouge. Y'avait plein de monde qui courrait partout en saignant, en criant ou en chialant. La police est arrivé, évidemment. Just chaos!!!

Mais le plus beau fait d'arme "live" des U Men reste ce show qu'ils donnèrent en 1985 au Seattle Center. La scène sur laquelle ils devaient jouer, celle du Mural Amphitheater, était entouré d'une sorte d'enceinte remplie d'eau, comme une douve. Larry Reid et le groupe décident donc de mettre littéralement le feu au concert... Bigley avait amené une bouteille de vodka sur scène, prétendument pour en boire. Mais dans les derniers instants du concert, il verse son contenu dans l'eau, met le feu à un balai qui trainait là, et le jette dans l'eau. L'enceinte de flotte s'embrase. La foule part en délire total. Les flics débarquent. Ce concert achèvera de faire des U Men le groupe à abattre pour les habitants de Seattle, le groupe adulé qu'il est resté pour tous les hardcore kids du coin...

Charles Peterson : Le truc donc je me souviens le plus, c'est qu'on est tous devenus dingues, et qu'on a commencé à slammer les uns sur les autres. Et les gars de la sécurité ont cru qu'on allait se foutre sur la gueule et ont tenté de nous séparer. "Hey mec, on fait que danser". Je me souviens un gars avait piqué le chapeau d'un des gardiens et dansait autour. C'était le bordel complet.

Tracey Rowland (la femme de Larry Reid) : Norman Langill, le gars qui organisait le festival, hurlait, criait tout ce qu'il pouvait et sautait partout. De rage. Il était furieux.

John Bigley : C'était le chaos. Les gens criaient, couraient, les kids n'en croyaient pas leurs yeux. Larry m'a sauté dessus en criant : "Prend le matos, on se taille". On a sauté dans le camion avant que la police nous tombe dessus.

Kerry Harrop (une employée de la future Sub Pop) : J'étais subjuguée par l'audace de ces gars. Je suis sûr que si il y avait eu une photo panoramique du public de ce concert, on aurait trouvé chacun des kids qui ont fait le Seattle Sound par la suite. Je pense que si tu étais dans un groupe à l'époque et que tu voyais ça, ça ne pouvait que renforcer tes convictions.

Mark Arm : Je sais pas si c'est le meilleur concert des U Men que j'ai vu, mais c'est sans conteste le truc le plus dingue et le plus cool que j'ai vu à un concert des U Men...

Les U Men ont été un des tout premiers groupes underground de Seattle à partir en tournée nationale. Mieux, ils signent un deal chez Homestead Records, un des labels indé en vogue à l'époque :

Jim Tillman : J'avais un peu de fric, j'ai acheté un bus scolaire, et on est parti sur les routes du pays à 70 km/heures. On est passé de Los Angeles au Texas, puis à Minneapolis. On a joué des concerts dingues avec des groupes dingues - Buttholes Surfers, Scratch Acid...

Mark Arm : Les U Men sont allés au Texas et sont restés à Austin pour pas loin d'un mois, à crever la dalle. Tom Price nous a expliqué qu'il mangeait des patates crues parce qu'il avait pas un rond.

Jim Tillman : J'ai retrouvé récemment un des mes carnets de notes, ou je tachais de faire un semblant de comptabilité. C'était vraiment hilarant. A un moment ça dit : Payé : 60$, bières : 20$, net : 40$. Alternateur : 60$. Net : moins 20$. J'étais vraiment maigre - j'avais un bidon de 5L de beurre de cacahuètes que j'avais amené de la maison, et je survivais avec ça. Et j'avais découvert que si tu avais vraiment la dalle, le fait de boire deux trois bières hyper rapidement et de sauter partout juste après te donnait l'impression d'avoir l'estomac remplit... 

Tom Price : Dire qu'on partait en tournée était inapproprié. Je pense que notre première tournée on est parti genre 3 mois et on a fait seulement 5 ou 6 concerts. C'était plus un truc du genre on migre à LA pour un mois, ensuite on migre au Texas pour un autre mois. Finalement, au fil des ans, ça ressemblait plus à une vraie tournée...

Larry Reid : Quand les U Men sont allés sur Homestead, ça a vraiment ouvert des portes pour beaucoup de monde, et amené une vague de créativité dans le Northwest. Le son des U Men n'avait pas de grandes similitudes avec le grunge, mais leur attitude oui. Beaucoup des groupes qui ont été connus par la suite ont fait les premières parties des U Men. Et des lieux ont ouverts pour programmer ce genre de groupes car les U Men avaient prouvé qu'ils pouvaient faire de l'argent. Pas mal de jeunes musiciens ont commencé à considérer le punk rock comme une vocation viable. Ils étaient à tous les concerts : Stoney Gossard, Steve Turner, Mark Arm...

Dave Dederer : Ils ont amené tellement de choses - même s'ils ne sonnaient pas exactement comme ce qu'est devenu le grunge. Ils formaient une équipe fantastique. Ils avaient une section rythmique qui balançait grave. La "guitare grunge" que Tom Price utilisait en 1983 ou 84, qui était le genre de guitare que personne n'utilisait à l'époque, et qui était considéré comme une guitare de merde, des gars comme Steve Turner ou Kurt Cobain l'ont adopté par la suite.

Les U Men se séparent en 1989, après avoir sorti Step On A Bug, leur unique album, ainsi qu'une flopée de singles et quelques participations à des compilations depuis devenues cultes (Deep Six ou Sub Pop 100). Usés par ces quelques années de délires total. Leur dernier concert voit Tom Hazelmayer, un ancien de la scène punk de Minneapolis qui cherche à monter un nouveau label, Amphetamine Reptiles Records, prendre la basse. Un 45 tours posthume du groupe sortira d'ailleurs chez Amph Rept... John Bigley et Charlie Ryan partiront monter le très garage punk Crows, alors même que ce dernier et Tom Price jouent déjà dans un nouveau groupe, Cat Butt. Tom Price créera par la suite un des outsiders garage du Seattle Sound : Gas Huffer... Les U Men resteront à jamais le groupe qui a rendu possible la déferlante grunge...

John Bigley : Pas de profonds ni de sombres secrets - juste la période Reagan, cucul, l'angoisse de l'adolescence, les problèmes existentiels. Le groupe? : pas de quoi en faire un foin. C'était absolument pas un expérience rock n' roll comme on peut en entendre. J'étais pas très à mon aise sur scène devant tout ce monde, donc soit je me bougeais soit j'allais faire des conneries. C'était très intense. Chaque concert, c'était vraiment moi.

Ci dessous une des rares vidéos des U Men trainant sur le net... Et juste pour l'ambiance, car la qualité est pourrie, un live de 1986... Quelques autres morceaux dans la playlist Grooveshark à droite... 



23/10/2012

Seattle Grunge's Anecdotes : Kim Thayil ou les secrets du son de Seattle...

Garrett Shavlik (batteur des Fluid): A propos de TAD : Tad essayait d'être tellement heavy. Il était tellement drôle sur scène que c'en était à se taper le cul par terre. Le groupe jouait très bas et très dur, Drop D. Son truc à lui c'était : « J'ai juste envie de jouer cette note, pour que les gens se chient dessus!!! »

Kim Thayil (guitariste de Soundgarden) : Mark Arm, moi même et Buzz Osbourne étions un jour chez Mark dans le U District, à écouter des disques et discuter, c'était vers 1986. Buzz soutenait que dans nombre de morceaux de Black Sabbath, Tony Iommi utilisait ce qu'il appelait l'accordage en Drop D, quand la corde en E grave était réglée un peu plus bas que la normale. Ce qui rendait le son un peu plus lourd, un peu plus heavy. Après ça, j'ai écrit pas mal de morceaux sur ce modèle, Drop D, comme "Nothing To Say" par exemple. Et ça m'a aussi incité à chercher d'autres drop tuning dans le même genre. Les gens ont commencé à nous (Soundgarden) comparer à Led Zeppelin ou Black Sabbath, mais on n'écoutait pas ces groupes là - on était dans Bauhaus et Killing Joke à l'époque.

A propos d'Alice In Chains : Quand ils étaient encore Alice N'Chains, leur première démo sonnait beaucoup plus proche de Poison que de l'énorme monstre sonore qu'ils sont devenus. Ça a vraiment changé quand ils nous ont écouté (rires). Jerry Cantrell et moi devions être un soir à un concert de DOA, c'était au Hall Of Fame quelque part dans le U District. Jerry m'a demandé comment jouer des morceaux comme "Nothing To Say" ou "Beyond The Wheel" et si j'avais une sorte de secret pour ça. Yes mec, il y a un truc qu'on appelle Drop D tuning... Pas longtemps après, ils ont enregistré une démo qui contenait énormément des morceaux qui composent Facelift... Et qui utilisaient ce fameux accordage en Drop D ...

En vrai, ça donne ça : Searching With My Goog Eye Closed, un des morceaux les plus heavy de Soundgarden, et la vidéo Live Facelift en entier pour Alice In Chains...




06/10/2012

Ou l'on reparle de PJ20 : Alpine Valley

Bon, il m'a semblé important de revenir un peu sur l'évènement mondial de l'année 2011 que furent ces deux jours de concerts donnés par Pearl Jam en septembre à Alpine Valley dans le Wisconsin. On en revient toujours au même avec Pearl Jam, et c'est limite casse couille : ils pensent toujours à faire plaisir aux fans... J'sais pas moi, ils pourraient quand même un peu cracher dessus, leur balancer des bouteilles à la gueule, les traiter de connards en interviews... Enfin merde PJ, faites comme les autres bordel!!! Bon, tout ça pour dire que les quelques milliers de privilégiés qui profitèrent du WE eurent droit à un vrai festival d'été avec une vraie prog, vous vous en doutez, qui fut exclusivement constituée de la famille PJ (Jon Doe de X, Mudhoney, QOTSA, Joseph Arthur, The Strokes, l'irlandais Glen Hansard, et le multi instrumentiste Liam Finn, le tout s'invitant mutuellement sur scène pour des boeufs à n'en plus finir). Cerise sur le gâteau, pour finir les deux soirées : deux concerts coup sur coup de PJ, et des guests en pagailles, dont l'ami de toujours Chris Cornell, pour quelques reprises flamboyantes de Mother Love Bone ou Temple Of The Dog!!! Quelques vidéos pour se mettre dans l'ambiance : Joseph Arthur et les PJ guys pour un prélude à RNDM, QOTSA et Josh Homme au maximum du cool avec Vedder en guest, et le final du deuxième concert de PJ : Rockin' In A Free World de qui vous savez!!!!





PJ c'est les meilleurs!!! Tous ceux qui les ont vu en live savent ce qu'il en est : que c'était un de leurs tous meilleurs sinon le meilleur de toute leur foutue vie de fan de rock!!!

30/09/2012

Seattle Grunge's Anecdotes : Dave Grohl débarque chez Nirvana...

Courant 1990, c'est connu, Kurt Cobain et Krist Novoselic cherchent un remplacant à Chad Channing, batteur originel du groupe, mais jugé trop "smooth" par les deux autres... Le futur batteur sera un cogneur ou ne sera pas... Dave Grohl, originaire de Washington DC, et officiant à l'époque au sein du groupe Scream, un des outsiders punks de la cote est américaine, décroche le job... Dave est, comme de par hasard, un fan des Melvins, et accessoirement, un de leurs bons amis.

Buzz Osbourne (chanteur guitariste des Melvins) : J'étais ami avec Dave quand il était dans Scream. Dave a un putain de sens de l'humour. Un humour noir grave sévère. Un jour, du temps que j'étais à San Francisco, Dave m'appelle, il était en ville et donnait un concert le soir même. Les gars de Nirvana étaient là, donc on est allé ensemble voir Scream jouer. Ça a été dit que j'ai emmené Nirvana à ce concert pour qu'ils voient Dave à l’œuvre, mais c'est faux. J'avais juste envie d'y aller.

Craig Montgomery (roadie de Nirvana) : Dale (Crover, batteur des Melvins) avait joué avec nous pour une tournée, celle avec Sonic Youth. Les Melvins nous avaient laissé créché dans leur baraque à San Francisco pour quelques jours, avant que la tournée ne commence. C'est dans ces jours là qu'on a vu Scream en concert. Kurt a vu Dave jouer, et il a dit : "C'est le genre de batteur dont on a besoin".

Buzz Osbourne : Quelques semaines plus tard, j'ai un appel de Dave, il était échoué à LA. Ils avaient eu un problème avec leur bassiste, et ça sentait la fin pour Scream. Je lui ai dit : "Nirvana cherche un nouveau batteur". Et je ne savais pas à ce moment qu'ils avaient déjà viré Dan Peters (voir ICI). Dave a dit : "Vraiment?". Parce qu'il aurait sauté sur n'importe quelle offre. Donc j'ai appelé les gars de Nirvana : "Vous vous rappelez le batteur de Scream? Il cherche quelque chose à faire. Appelez le".

Dave Grohl : Le premier coup de fil que j'ai eu avec Kurt était vraiment très drôle, parce qu'avec Scream, on avait joué à Olympia, ou il habitait à l'époque, quelque chose comme un mois avant...

Slim Moon (1er guitariste de Earth, fondateur du Kill Rock Stars label) : Après leur show à Olympia, quelqu'un leur a dit qu'il y avait une fiesta dans le coin. C'était chez moi. Ils sont arrivés juste au moment ou Tobi Vail, qui était avec Kurt à ce moment là, s'est mise à jouer un solo de guitare.

Dave Grohl : Cette fille s'est assise et elle a joué cette putain de chanson, la plus dépressive qui soit. Et il y avait tous ces gens qui ressemblaient aux nanas de Scoobidoo, avec leurs lunettes, c'était un genre de soirée chocolat chaud à chier, tout le monde était triste, toute cette merde quoi. Et nous on arrive avec nos bières. C'est quoi ce bordel? Cette soirée est foireuse, mec. C'était horrible.
Donc le premier coup de fil que j'ai avec Kurt... J'étais là : "Mec, après on a débarqué dans cette soirée moisie, c'était pourri mec, nous on avait toutes nos bières et notre shit. Et pis cette putain de gonzesse a commencé à jouer cette putain de chanson de merde". Et lui il me dit : "Ouais, c'est ma petite amie"... Oups, la boulette...

23/09/2012

Interview Greg Gilmore (batteur de Ten Minute Warning + Mother Love Bone)

Bon les amis, gros coup de PYC, qui se demmerde je ne sais comment pour rentrer en contact avec ses idoles de jeunesse, je veux rien savoir, s'il paie de sa personne ou pas, s'il passe sous la table, c'est pas mon affaire hein!!!! Toujours est t'il qu'il m'a permit de faire passer quelques questions à Greg Gilmore, éminent personnage de la scène de Seattle, depuis ses débuts à l'aube des 80's... Greg Gilmore, cogneur chez Ten Minute Warning, un des groupes précurseurs du grunge, puis batteur de Mother Love Bone, avant de fricoter pour moults projets au sein de la communauté musicale de Seattle, notamment aux cotés de Jack Endino ou Steve Fisk!!!!

Seattle Grunge : Greg, comment en es tu venu à participer à la scène musicale locale à Seattle en 1980?

Greg Gilmore : Mon intérêt pour la musique a commencé très jeune. mes parents étaient fans de rock 60's, il y avait donc toujours de la musique à la maison. J'ai commencé la batterie à 11 ans. A 13 ou 14 ans, je me suis mis à acheter des disques en pagaille. Pour moi il y avait quelque chose de mystérieux et de magique dans les disques. Pendant des années, j'ai passé la plupart de mon temps libre dans les magasins de disques, j'écoutais, j'achetais, j'échangeais. J'avais grandi à la campagne et j'ai bougé à Seattle à 18 ans. Un an plus tard j'ai répondu à une annonce dans un papier local pour un groupe qui cherchait un batteur. Ils s'appellaient The Living, et un de leur membre était Duff Mc Kagan. Le fait de les rejoindre m'a permit d'entrer de plein pied dans la scène de Seattle. C'était le début de tout pour moi. The Living a fini par sortir un disque au début des 80's, qui va être ressorti sous peu par un petit label de Portland, Discourage Records...

SG : Tu partages ensuite ta route avec celle de Duff, en créant Ten Minute Warning, qui fut signé chez Alternatives Tentacles et qui connu une petite notoriété à l'époque. Penses tu que ce groupe aurait pu aller un peu plus loin?

GG : Ten Minute Warning n'a pas été signé chez Alternatives Tentacles ni chez aucun autre label d'ailleurs (Oups, pas d'excuses). Pour moi le groupe n'a pas su exploiter son réel potentiel, ceci dû essentiellement au fait que certains de ses membres étaient dans la drogue. Et les autres n'ont pas comprit qu'on avait besoin de quelqu'un parmi nous pour prendre le contrôle et faire que les choses arrivent. A l'époque à Seattle les gens n'étaient pas ouvert à l'idée de percer, c'était un business pour personne, et plus généralement aucun d'entre nous ne voyait l'intéret de faire connaitre plus amplement sa musique. Ça restait essentiellement local. Les U-Men et Sub Pop 5 (une des premières compils cassette de Sub Pop, enfin, disons de Bruce Pavitt, le Sub Pop sous sa forme maison de disque n'existant pas à l'époque) ont aidé à changer ça. Et puis les majors labels sont arrivés...

SG : Tu pars ensuite de Seattle pour LA au milieu des années 80. Pourquoi en être revenu si vite? Etait ce difficile pour toi de faire ton trou à Los Angeles?

GG : Je suis parti à LA parce que Duff me l'avait demandé. On avait été ensemble dans deux groupes, il voulait partir à LA et m'en a causé deux mots. On y est allé pour les mêmes raisons que tout le monde à l'époque. Si tu vis sur la côte Ouest, LA est l'endroit qui bouge. Ten Minute Warning était enterré et on n'avait rien en vu à l'époque. Donc on y est allé. Perso je suis revenu au bout de quelques mois parce que j'aimais pas la vie là bas. Je savais pas quoi y faire et où aller là bas... Duff et moi on n'a pas beaucoup joué ensemble à LA. Parfois on tentait de proposer nos services ensemble, parfois pas. Duff est rentré dans les Guns, et au moment ou Steven Alder (premier batteur des Guns) a été viré du groupe, je n'étais déjà plus à LA, et je n'étais à ce moment pas en contact avec Duff...

SG : Tu es passé par quelques groupes influents à Seattle : Ten Minute Warning, Skin Yard, MLB. Rétrospectivement, quels sentiments as tu à ce propos. Ressens tu une certaine fierté d'avoir réalisé ça?

GG : J'ai pas vraiment été un membre de Skin Yard, j'ai seulement joué deux ou trois shows avec eux à un moment où ils avaient besoin d'un batteur. Daniel House (bassiste du groupe et proprio de CZ Records) aime à dire que j'étais un membre à part entière. Ca doit le faire tripper de dire ça, je sais pas pourquoi... Avoir été dans des groupes influents? Je sais pas. Pour moi c'étaient juste des groupes comme les autres et j'avais la chance d'en être. Je suis certainement reconnaissant que les gens les aient aimé et que certains d'entre eux aient été influencé par eux. Mais c'est du passé pour moi tout ça, et je préfère tourner mon énergie vers le présent... 

SG : Comment t'accommodes tu avec le fait d'avoir été dans des groupes aux styles plutôt différents?

GG : Pour moi c'est encore et toujours de la musique. Je sais que pas mal de gens pensent que Ten Minute Warning était un groupe punk. Perso j'ai jamais pensé ça. Pour moi c'était un groupe de rock qui jouait à fond les ballons. Puis quand David et Duff en sont parti, c'est devenu un peu plus psychédélique. Et Mother Love Bone, juste un autre groupe rock. Des musiciens se mettent à jouer ensemble et leurs influences combinées créent un son particulier. Parfois ça donne quelque chose de bien, parfois pas.

SG : Comment étaient les relations entre les membres de Mother Love Bone? J'ai lu qu'il y avait parfois pas mal de tensions... Penses tu que l'aventure aurait pu devenir énorme?

GG : Pour moi il n'y avait pas plus de tensions que dans les autres groupes. On était un jeune groupe, on venait juste de signer sur un major label et on commençait à bosser sur un premier album, tout ça pouvait amener pas mal de stress. Je pense qu'on à pas trop mal géré le truc... Enfin... Peut être pas Andy. On est encore aujourd'hui en très bon terme tous ensemble... On pensait tous que le groupe allait devenir énorme, et moi le premier...

SG : Que deviens tu aujourd'hui? Toujours batteur? Des groupes? Des projets? Pas de regrets sur quelque sujet que ce soit?

GG : Très récemment j'ai enregistré et joué de la batterie pour le nouvel album solo de Geoff Tate (ex Queensryche, un des groupes phares du métal prog des 80's 90's, natif de Seattle). Et je vais partir en tournée avec lui. Je travaille aussi sur un album avec le nouveau groupe dans lequel je suis, il s'appelle Khmer. On devrait finir ça avant la fin de l'été. Sinon pas mal d'enregistrements, et de travail de mixage dans les dernières années... Pas de regrets!!!!

Ça se sent, et c'est tant mieux... Grand merci à toi Greg pour avoir pris un peu de temps pour nous à ressasser ces vieux souvenirs!!!!