Cyril Jégou, énorme fan de PJ devant l'éternel, l'un des rares francophones à écrire sur Pearl Jam, accessoirement l'un des quelques fans ultimes de grunge de l'hexagone, nous fait le plaisir de partager sa joie d'avoir vu PJ à Arras le WE dernier... PJ, toujours que du bonheur en live!!! :
Arras, à l'autre bout de
la France. C'est là que se déroule depuis huit ans le Main Square
Festival, organisé entre autre, par la firme Live Nation. Dans un
cadre étonnant - une ancienne forteresse militaire conçue par
Vauban, site protégé - a lieu l'un des gros festivals de l'été.
Mais soyons clair : si j'ai fait six heures de train, c'est parce que
la tête d'affiche s'appelle Pearl Jam. En pleine tournée
européenne, les cinq de Seattle donnent ici leur unique date
française. Live Nation impose plus ou moins par contrat
l'exclusivité nationale. Et comme les dieux du grunge n'ont pas
toujours eu les faveurs de la France, une seule date, ça leur va.
L'heure est arrivée. Je
me rapproche des barrières histoire de pouvoir voir quelques chose
du set. Autour de moi des allemands, des espagnols, des danois et un
groupe de français que je soupçonne faire partie du PJ Boots
trading, le fan club francophone de Pearl Jam. Ils dissertent sur les
shows d'Amsterdam et des espoirs d'entendre tel ou tel morceau. A
part un emmerdeur bourré et sa copine qui se font gentiment prier de
déguerpir par le service d'ordre, l'ambiance est bon enfant,
convivial. Sur les écrans géants les cameramans s'amusent à
afficher des images de fans arborant le drapeau de leur pays. Et il y
en a un paquet.
Quand enfin Pearl Jam
débarque sur scène, Jeff en premier, le public hurle comme un beau
diable. Voir pour de vrai ces icônes du rock US à huit mètres de
moi, ça me fait quand même un drôle d'effet. Je ne pourrais pas
dire le nombre de fois que j'ai écouté Vitalogy. Assez pour
user ce CD plus que tout autre. Le concert commence calmement avec un
morceau de choix : Release, dernier titre toute en émotion de
leur premier album Ten. Eddie Vedder le chanteur est en grande
forme mais on n'entend pas trop la guitare de Gossard qui demandera
un réglage quelques temps après. Jeff Ament (basse) est groovy,
Matt Cameron (batterie) impeccable, Stone Gossard (guitare) souriant
et tranquille, Boom Gaspard (orgue) discret et Mike McCready
(guitare) est là pour en découdre. Le public chante le refrain en
chœur. Un bon début.
Après ça, c'est
l'explosion car ils enchaînent sur Go, Severed hand et
Do the Evolution. Et c'est là que je me suis rappelé d'où
venait Pearl Jam. Avec le temps, les albums s'énervant moins qu'aux
premiers jours, je m'étais fait cette image mentale d'un groupe
pêchu mais faisant la part belle aux mid tempos, aux ballades
subtiles. Quand ils ont attaqué les choses sérieuse,s les six
premiers rangs se sont mis à sauter partout à bouger comme des
excités. Je me suis dit deux choses : "Merde ! Pourquoi je me
suis foutu à deux mètres des barrières ?" et "Va falloir
être solide sur mes pattes pour rester où je suis parce que quand
même, c'est PJ !"
Quelques mouvements de
foule plus tard, les choses se calment enfin. Eddie Vedder remercie
Florence and the Machine pour le soleil, parle de ses bons souvenirs
d'Arras 2010 (ils étaient également têtes d'affiche) avant de
s'extasier devant tous ces drapeaux qu'il voit dans le public,
invitant les politiciens du monde entier à se rassembler avec autant
de ferveur. En ces temps de G20, sera-t-il entendu ? Puis il enchaîne
avec l'un de leurs plus grands succès : Better Man. Les fans
compressés chantent à tue-tête histoire d'obliger Vedder à leur
laisser le lead. Le chanteur s'efface un peu mais reprend vite le
chant car un public de festival n'est pas un public de concert de
Pearl Jam (même si on pouvait parfois s'y tromper) et tout le monde
ne connaît pas les paroles (à part les cinq premiers rangs). J'ai
les jambes en feu et appréhende le prochain morceau. Mais Eddie, la
voix un poil fatiguée, nous parle de lumière idéale pour la
prochaine chanson et entame un Low Light chaloupé avant
d'enchaîner sur Amongst the Waves, titre qui prend toute sa
saveur et sa force en concert. Puis voilà que le rock dur revient à
la charge, mais cette fois mes jambes sont chauffées, et puis je ne
suis pas au milieu d'un public de brutal hard-core. La fosse s'est un
peu calmée quand résonnent les premiers accords du mythique Even
Flow. McCready est déchaîné et nous fait le coup de la guitare
dans le dos pour débuter le long solo d'impro finale. Ceux qui
découvrent le groupe en sont scotchés. On a droit à quelques
excités qui tentent un slam sur le public. Les mère de familles et
les jeunes filles en fleur n'apprécient pas, d'autant qu'une boue
bien fournie accompagne les godasses de ces surfeurs de foule. On
recalme le jeu avec Wishlist (sans la partie solo E-Bow de
Vedder) pour balancer un Lukin de furie, puis le manifeste
Corduroy. Sur les 28 000 personnes présentes, on est bien
cinq cents péquins à beugler toutes les paroles qu'on connaît.
Le silence se fait après
Corduroy. Ou presque. Le problème de ce festival est la trop
grande proximité des deux grosses scènes. On entend Izia qui se
produit au même moment deux cent mètres à côté. Eddie fait une
blague sur le fait qu'ils allaient tenter de faire plus de bruit
qu'eux. Le soleil est sur le point de disparaître définitivement,
le moment parfait pour la prochaine chanson nous annonce le chanteur.
Nothing Man débute, mémorable valse de Vitalogy. Et
si le Vedder est un poil bourré et un peu fatigué, force est de
constater que ça ne change rien à sa force d'interprétation. Plus
tard dans la soirée il va se casser la gueule (sans gravité
puisqu'il continuera à chanter) et se remontera même la braguette
comme s'il était chez lui, mais le show sera plus qu'assuré. C'est
d'ailleurs étonnant de voir à quel point ce groupe est chez lui sur
scène, comparé aux autres formations de la journée. Les six
musiciens sont tout hilares, lancent quelques vannes avant de
repartir au charbon avec une énergie impressionnante. De ça j'étais
au courant depuis longtemps. Le constater pour de vrai, c'est autre
chose. Après ça, le groupe entame Arms Aloft en mémoire de
Joe Strummer, avant d'aligner deux morceaux de Backspacer leur
dernier album : Unthought Known et The Fixer. Mais
quand la foule entend les premières notes de Rearviewmirror,
c'est à nouveau la folie à Arras City. L'impro finale, tonitruante,
et les spots qui balancent dans tous les sens offrent une fin
explosive à cette première partie de concert.
"Twelve years ago.
Be safe, be carefull." balance Eddie lors du rappel cinq minutes
plus tard. Car nous sommes le 30 juin. Il y a douze ans de ça, A
Roskilde au Danemark, neuf jeunes avaient péri dans un mouvement de
foule alors que les PJ interprétaient Daughter. Si les
musiciens de Seattle n'oublient jamais cette date, le temps a passé
et le traumatisme s'est atténué puisque, pour une fois, ils n'ont
donné aucune consigne particulière de sécurité aux organisateurs.
Après Given to Fly, le chanteur explique un peu l'historique
du groupe autour du projet Temple of the Dog de 1991, avant
d'interpréter Breath, morceau rare issu de la B.O du film
Single ; on dit que des fans leur envoient régulièrement des
lettres pour qu'ils jouent ce titre. Et pour enfoncer le clou, et
comme ils sont quand même là en théorie pour fêter leur plus de
20 ans d'existence, voilà qu'ils nous balancent la triplette Black,
Jeremy et Alive. De quoi achever tous les fans de la
première heure. A part un plantage de paroles sur Alive (ben
ouais !), le chanteur nous fait l'honneur d'une interprétation
magistrale. Sur les écrans géants on voit une fille qui pleure sur
Black ! McCready nous sort ses meilleures notes de gratte,
improvise plusieurs minutes sur Alive pendant qu'Eddie
sillonne la longue scène pour aller voir les gens sur les côtés.
Les dernières notes se font sur Yellow ledbetter comme de
tradition dans les concert de PJ.
"Have a great night.
Have a great life !" conclue le grand Eddie Vedder, tout en
remerciant en riant le groupe d'à côté - une blague que lui aura
soufflé Jeff Ament hilare - avant de quitter les lieux. La foule
conquise se sépare. Les fans sont heureux, persuader d'avoir
assister au meilleur moment de ce samedi, ce en quoi je suis d'accord
même s'il paraît que la prestation de Skip the Use était terrible,
et que j'ai adoré l'électro trash impro de Birdy Nam Nam.
Après ça, devant une
dernière bière je me mets à espérer que les Pearl Jam repassent
par la France en 2013 pour la tournée de leur dixième album.
Sait-on jamais...
La set list :
Release, Go, Severed
Hand, Do the Evolution, Better Man, Low Light, Amongst The Waves,
Even Flow, Wishlist, Lukin, Corduroy, Nothingman, Arms Aloft,
Unthought Known, The Fixer, Rearviewmirror.
Le rappel :
Given to Fly, Breath,
Just Breath, Black, Jeremy, Alive, Yellow Ledbetter.
Le concert en intégralité tout en haut, un peu loin mais son pas pourri du tout!!! Cyril Jégou sort donc à l'automne, aux dernières nouvelles, un bouquin sur PJ chez Camion Blanc, une bonne grosse œuvre de fan comme on les aime... A ne pas louper!!! Sur ce, Seattle Grunge c'est terminé pour l'été, peut être verra t'on un article ou deux sortir d'ici septembre, mais l'été est trop chargé pour rester le cul assis devant son ordi... Bon vent à vous chers fans du son de Seattle!!!