Allez donc : une interview de plus dans l'escarcelle de Seattle Grunge, et grâce toujours au dévouement de PYC... Steve Turner est un mec bien, pas bavard pour un sous, mais un gars tranquille qui n'hésites pas à donner quelques réponses au misérable blog de misérables frenchies à peine assez doués pour poser leurs questions dans un anglais compréhensible... On ne présente plus le bonhomme, illustre guitariste de Mudhoney, et avant ça chez Green River, un des groupes précurseurs du grunge de Seattle...
Seattle Grunge : Salut Steve. Bon, 25 années d'existence pour Mudhoney!!! Et vous avez toujours l'air d'une bande de potes!! Des souvenirs particuliers?
Steve Turner : Ouais c'est définitivement une longue aventure! On n'a O grand jamais eu le moindre plan de carrière, mais il se dit que la vie se manifeste là où on ne l'attend pas... Le problème c'est qu'on est de plus en plus vieux, et qu'on a de moins en moins de mémoire!!!
SG : On a découvert une de vos nouvelles vidéos pour le morceau "I like it small", très poilante et à l'esprit DIY...
ST : Oui, curieusement on n'a rien dirigé sur le tournage de cette vidéo. On avait des professionnels pour le faire, et beaucoup d'aide autour. Mais ce qu'elle dégage ressemble bien à ce qu'est Mudhoney, y'a pas de doute que ça résonnait pour chacun de nous.
SG : Ta "carrière" a plus ou moins débuté avec Mr Epp. Tu mentionnes que l'un des buts du groupe était d'emmerder les punks et hardcoreux, mais j'imagine que votre public était fait de ces mêmes gars. Comment vous dealiez avec ça pendant les concerts?
ST : Les punks de bases étaient vraiment très faciles à faire chier. Ça semble contradictoire de dire ça, mais ils étaient assez conservateurs. On avait de notre coté un paquet de mecs bizarres qui aimaient vraiment Mr Epp, donc on était loin d'être seuls. Les gens qui détestaient le groupe nous traitaient d'"Art Spazz", littéralement de "gogol mentaux" pendant les concerts, tout comme pour les Limp Richerds d'ailleurs. Mais on a prit ça définitivement comme un honneur, et nos fans ont finit par nous gueuler ça dans les concerts aussi!!!
SG : Tu as beaucoup hésité au tournant des années 80, entre continuer tes études et t'engager totalement dans la musique, et spécialement avec Mudhoney? Il y avait une raison à ça?
ST : Yep, je voulais terminer mes études à ce moment là parce que j'avais aucune ambition à finir musicien professionnel. Je pensais tout simplement pas que c'était possible!! Pour moi Stone (Gossard) et Jeff (Ament) étaient complètement tarés de penser le contraire. J'ai manifestement eu tord de voir les choses de cette façon!!!
SG : J'ai entendu dire que Mark (Arm) travaillait chez Sub Pop. Toi tu vis de la musique ou as tu besoin de travailler en dehors?
ST : Mark gère l’entrepôt et les stocks chez Sub Pop. De mon coté j'ai fais plein de trucs : du jardinage, écrivain etc... Mais depuis que j'ai des enfants, je vis en vendant des disques chez Discogs.com et sur Ebay... Donc oui, on travaille tous!!
SG : Le morceau "I don't remember you" sur le petit dernier, est un hommage évident au Purple Haze de Jimi. Hendrix est t'il une influence pour Mudhoney en général, et pour toi en particulier?
ST : On a ajouté ces quelques notes de Jimi en souvenir de lui... Tu sais, il a eu une influence indéniable sur quiconque pratique ou a pratiqué la guitare, mais me concernant, celle ci reste minime chez moi...
SG : A propos du dernier album, peux tu nous expliquer ce que signifie ce terme "Vanishing Point", qui à lui seul évoque les grands espaces désertiques?
ST : Mark a pensé à ce titre en regardant les photos qu'Emilie, sa femme, avait prise. Et il adore le film (un road movie légendaire datant de 1971). Personnellement, j'adore la photo qu'on a utilisé pour la pochette... Mais j'ai jamais vu le film... Peut être que je devrais...
SG : Comment tu définirais Vanishing Point comparé au reste de votre discographie?
ST : Je saurais pas dire... Je sais une chose, c'est qu'on avait aucun plan ni aucune attente pour celui ci. Les deux premiers avec Guy (le bassiste actuel) étaient plus dans la continuité de ce qu'on avait toujours fait. Et on les a enregistré par sections. Lucky Ones était plus réduit à l'essentiel, celui-ci s'est plutôt construit d'un seul bloc, organiquement. Sans idées préconçues.
SG : Tu as ton propre projet solo, plutôt orienté folk. Qu'attends tu de lui? Considérant qu'il sonne moins "joyeux" que Mudhoney, est ce que c'est un moyen pour toi d'exploiter des idées que tu ne peux utiliser avec Mudhoney?
ST : J'ai toujours écouté des tonnes de folk et de songwriters, et je voulais voir si je pouvais le faire aussi. C'est vraiment différent de Mudhoney, mais je vois pas du tout ça comme une réaction à Mudhoney. Le troisième album se nomme "New Wave Punk Asshole" et n'est pas si folk que ça...
SG : Une fois n'est pas coutume : notre question spéciale french : as tu des souvenirs des Thugs, que vous avez pas mal cotoyés dans les années 90?
ST : J'ai toujours leurs disques!! Et d'excellents souvenirs de nous tous à Seattle, et aussi des quelques jours passés chez eux à Angers! Un grand groupe!
SG : Vous avez joué en haut du Space Needle pour les 25 ans de Sub Pop?
ST : Oui c'était un grand honneur. Mais c'était aussi vachement bizarre, mais cool. J'ai eu un peu peur!
SG : Une petite tournée prévue en France pour bientôt? On était super heureux de vous voir l'année dernière pour ces 5 shows en France. J'étais à celui de Villette Sonique, c'était un moment fabuleux...
ST : On part en Australie et en Amérique du Sud l'année prochaine, donc il faudra attendre un peu pour revenir une nouvelle fois en France. Personnellement j'adore la France, je comprend rien à la langue, mais les gens sont supers. Et ce concert à Paris était définitivement trop puissant!
Merci pour tout Steve et longue vie à Mudhoney!!!