Salut l'ami, dis voir, qu'es tu fais à la St Sylvestre? Y'a Kim (Thayil) qui fait une petite fiesta chez lui, y'aura tous les copains (Stone, Tad, Eddie, Mark, Krist...). Kim nous fera quelques morceaux de son nouveau groupe "Noise Vegetable". Il y jouera du youkoulélé en string, avec ses nouveaux copains musicos (Un certain Ben, qui joue de la contre bassine, un dénommé Matt qui tape sur des futs de 100 litres avec des branches de châtaignier et un mec du nom de Chris Corneille qui chante des chants basques avec eux). Ça risque d'être dément!!!! On t'attend sans faute!!! PS : Faut vraiment que tu rencontres ce mec, Greg Prato, son bouquin est une bombe, et il en sait désormais bien plus que nous tous sur ce qui nous est tombé sur la tronche en 1991...Et avec ça il m'envoie cette photo ci dessus, de lui à Reciprocal... Intrigué, j'enfile mon parka et démarre la mobylette. Direction New York, ou le personnage suscité réside. C'est pas n'importe qui le gars : journaliste pour Billboard, Rolling Stones Mag ou encore Classic Rock Mag, gros gros fan de rock, et auteur jusque là de quelques bons bouquins sur le sujet, entre autres une bio du guitariste Tommy Bolin et l'histoire du groupe alternatif Blind Melon...
Seattle Grunge : Greg, d'où te viens cette passion pour Soundgarden, qui est plus ou moins à l'origine de "Grunge Is Dead"?Greg Prato : J'adore presque tous les groupes grunge de la période fin 80's début 90's, mais si j'avais à en choisir un, ce serait effectivement Soundgarden. J'étais fan de Soundgarden bien des années avant de commencer à écrire “Grunge Is Dead”. Je les ai vu en concert pour la première fois en mars 1990, ils étaient à l'affiche avec Faith No More (un autre de mes groupes favori de tous les temps) et Voivod, au Lamours, un club de Brooklyn (NY) désormais fermé. Depuis l'époque de Badmotorfinger, eux et Faith No More sont restés probablement mes groupes rocks préférés de “l'époque moderne”. Et puis, il faut dire qu'il y avait dans Soundgarden 4 énormes songwriters, et que chacun d'eux était vraiment unique dans la maîtrise de leur instrument. Ils ont été le premier groupe grunge que j'ai découvert, et j'en suis devenu un fan inconditionnel. Ils se sont améliorés album après album, ils avaient vraiment des très très bons shows, dont j'ai été témoin au fil des ans. Ils sont aussi responsables de deux mes albums préférés de tous les temps : Badmotorfinger et Superunknown
SG : Pourquoi avoir écrit un livre basé sur des interviews? L'exercice n'est pas si simple. Et pourquoi un livre sur le grunge à Seattle? Était ce un manque que tu sentais au sein de la communauté musicale aux Etats Unis?
GP : La raison pour laquelle j'ai écrit “Grunge Is Dead” est qu'en tant que fan, je n'avais jamais trouvé un bouquin qui racontait dans son entier l'histoire du mouvement, depuis son commencement (le livre commence au début des sixties, quand Jimi Hendrix, natif de Seattle, commençait à jouer avec certains groupes locaux) jusqu'à aujourd'hui. Donc j'ai décidé de faire le boulot moi même! Deusio, de mon point de vue certains groupes n'avaient pas été autant mis en lumière que Nirvana ou Pearl Jam, et méritaient de l'être. Tercio, le format adopté pour le bouquin est celui de “l'histoire orale”, lequel est devenu très populaire de nos jours, et personnellement c'est quelque chose que j'ai toujours préféré en temps que lecteur (en gros, chaque chapitre traite d'un sujet, et les témoignages des gens que j'ai interviewé sont insérés en fonction de sujets de chaque chapitre : l'histoire se déroule de cette façon d'elle même, aucun besoin donc de faire intervenir des commentaires de quelqu'un qui était en dehors de la scène locale de l'époque). Et, par ce biais, on détient l'histoire de source sûre!
SG : De quelle manière as tu organisé ton travail? En supposant qu'un contact en amène un autre, qui a été la toute première personne que tu as interviewé? Et quels ont été ceux qui ont été prédominants, qui ont été le plus ouvert pour te parler?
GP : Les premières personnes que j'ai interviewé étaient Ben Shepherd, Matt Cameron et Jack Endino, pour un article sur Soundgarden pour Classic Rock Magazine, intitulé “Black Hole Sons”. En réalisant cet article, je me suis rendu compte que j'avais là une bonne base pour un vrai bouquin, sur Soundgarden, voire sur le mouvement en général. Comme j'aimais vraiment tous ces groupes, j'ai choisi la deuxième solution. Parmi tous ces interviews, ceux avec Blag Dahlia des Dwarves, Kim Thayil, Duff MacKagan des Guns N 'Roses (qui est originaire de Seattle), Mark Arm de Mudhoney, Nancy, la mère de Layne Staley, et bien sûr Eddie Vedder ont été les plus mémorables.
SG : Est ce qu'il y a une méthode pour trouver la confiance des personnes qu'on interviewe?
GP : Chacun me recommandait d'autres personnes à qui je pourrais parler. Et plus je faisais d'interviews, plus le bouche à oreille fonctionnait au sein de la scène là bas, et tous ont réalisé petit à petit que je n'étais pas un de ces gaffeurs qui cherchait à écrire un bouquin de commérages, mais plutôt un document profond et authentique sur l'histoire du grunge.SG : En lisant le bouquin, on se rend compte que ni les ex Nirvana ni Chris Cornell ne participent. La densité des propos font que leur absence n'est absolument pas un manque. Mais de ton coté, est ce que ça a été une déception de ne pas avoir pu les interviewer?GP :
J'ai effectivement fait des demandes d'interviews via les maisons de disques ou directement pour Dave Grohl et Krist Novoselic, mais je n'ai eu de permission pour aucun d'entre eux (même chose avec Mark Lanegan). J'ai eu le plaisir de rencontrer Krist Novoselic à Seattle en 2009, la fois ou je suis allé dédicacer mon livre. C'est même Kim Thayil en personne qui m'a présenté à lui. C'était énorme!!! Je suis certain que Dave Grohl et Krist Novoselic auraient trouvé une bonne place dans le bouquin, mais personnellement, je suis très content du livre tel qu'il est. J'ai cependant interviewé un membre de Nirvana – le batteur Chad Channing (qui a joué sur Bleach et quelques morceaux de Incesticide). Et plusieurs des personnes associés à leur carrière (les producteurs Jack Endino et Steve Fisk, l'ingénieur du son Craig Montgomery, la petite amie de de Kurt Cobain, Tracy Marander, etc...). Pour Chris Cornell, j'avais fait une demande à son attaché de presse. Mais il venait de sortir son deuxième album solo, et était complètement accaparé par sa promotion. Mais j'ai pu interviewer tous les autres membres de Soundgarden, même le premier bassiste Hiro Yamamoto, et aussi leur manager (et ex-femme de Chris), Susan Silver.
SG : Toi personnellement, ressens tu de la nostalgie vis à vis de cette période, les années grunge?
GP : Un petit peu, mais j'ai toujours continué à écouter ces groupes de Seattle au fil des ans, donc ce n'est pas comme si j'avais oublié combien cette musique était bonne. Mais j'ai été long à me remettre de ce qu'a représenté le mouvement au début des nineties – un changement dans la société en général. Avec l'émergence de Nirvana et des autres, ça a définitivement modifié les gouts de la population, dans le monde du rock, mais aussi dans la mode, la politique, etc. Et j'ai toujours respecté que des gars comme Cobain ou Vedder ouvrent leur gueule sur des sujets sur lesquels la plupart des groupes de rock d'aujourd'hui n'auraient pas le courage de parler... par peur de perdre leurs tournées des stades en cours, que quelques bienveillantes sociétés leur sponsorisent...
SG : C'est un fait qu'en France, nombres de personnes voient ce mouvement, à cause des histoires de drogues et les morts successifs, comme quelque chose de sombre, dépressif. Au contraire, dans ton livre, on peut lire beaucoup d'anecdotes très drôles...
GP : J'ai grandi à New York, et je n'ai jamais vu le mouvement grunge comme quelque chose de dépressif. Les drogues et la mort sont partout dans le monde, et liées à tous les genres musicaux – du vingtième siècle jusqu'à maintenant. Mais oui, “Grunge Is Dead” a son compte de lumineux moments et d'histoires vraiment drôles – ce n'est pas que drogues et mort!
SG : As tu eu des retours des personnes interviewés qui auraient lu ton livre?
GP : Pas de retours négatifs en tout cas. Tout le monde là bas semble avoir une opinion favorable à son sujet. Quand aux lecteurs, il m'arrive de jeter un œil sur amazon.com, et toutes les critiques sont positives, ce qui est encourageant.
SG : 20 ans après, on peux ressentir un certain frémissement du son de Seattle : reformation de Soundgarden et Alice In Chains, 20 ans de Sub Pop, des livres comme le tien, l'influence toujours plus grande de groupes comme les Melvins ou Earth sur la scène actuelle. En tant que journaliste rock, est ce quelque chose que tu peux sentir aux Etats Unis actuellement?
GP : Ce que je vois surtout c'est que le rock “mainstream”, "tendance", est aussi exécrable, voire pire encore, que ce que c'était juste avant que Nirvana, Pearl Jam ou Soundgarden débarquent en 1991. Aujourd'hui, on a aux USA une bande de débiles qui sonnent les uns comme les autres exactement pareil, qui n'ont aucun désir d'essayer d'être original, d'essayer quelque chose de différent que ce qui a déjà été fait. Donc si c'est le signe qu'une nouvelle insurrection du type grunge est en cours, alors c'est ok pour moi... Je prends! On attend quelqu'un pour jeter tous ces groupes puants aux chiottes et tirer la chasse, un peu comme Kurt Cobain l'a fait pour les groupes glam metal dégoutant de l'époque.
SG : Comment une petite ville comme Seattle a pu donner naissance à autant de talents musicaux? Comment est ce possible que tous ces gars aient pu être au même moment au même endroit? Est ce que ça veut dire que tout endroit dans le monde a le même ratio de talents?
GP : Je pense que ça devrait donner l'espoir que ce genre d'évènement est possible pour toutes les villes du monde – peu importe sa taille, sa situation géographique, etc. Seattle n'est pas la seule ville a avoir accouché d'un mouvement musical ou a être désigné comme un vivier du rock (New York dans les années 70, Londres, San Francisco ou Détroit l'ont été dans les 60's).
SG : Tu as écris plusieurs bouquins sur le rock, tous sorti à compte d'auteur? Pourquoi ce choix?
GP : En choisissant de publier à compte d'auteur, j'ai surtout pu écrire ces livres comme je voulais qu'ils soient. Mais en contrepartie, j'ai à payer de ma poche les promotions, les réimpressions, etc. Donc c'est un pari risqué et qui, initialement, a un coût, mais j'ai l'impression désormais que ça m'a ouvert un large lectorat, vraiment loyal, de personnes qui aiment ce que j'écris. Donc, aux gens qui ont acheté mes précédents livres ('A Devil on One Shoulder and an Angel on the Other: The Story of Shannon Hoon and Blind Melon,' 'Touched by Magic: The Tommy Bolin Story,' and 'No Schlock...Just Rock!'), merci beaucoup! Je viens de sortir, toujours à compte d'auteur, deux bouquins qui j'en suis sûr plairont aux fans de rock : 'MTV Ruled the World: The Early Years of Music Video' and 'The Eric Carr Story'. Chacun d'eux étant construit sur le même format de “l'histoire orale”. Des extraits des deux livres ( et les moyens de se les procurer) sont disponibles sur http://stores.lulu.com/gregprato – allez y!
SG : Ta maison d'édition est active seulement aux USA et au Canada. As tu déjà pensé à sortir "Grunge Is Dead" dans d'autres pays?
GP : C'est mon éditeur, ECW Press qui a décidé de l'espace géographique ou il voulait publier “Grunge Is Dead”. Ceci dit, j'ai reçu un nombre incalculable de mails de personnes extérieures à l'Amérique du Nord, me demandant si le livre allait être traduit dans d'autres langues. J'aimerais que ça se fasse – chacun devrait avoir l'opportunité de lire la vraie histoire de tous ces excellents groupes de Seattle. De mon point de vue, si vous voulez que “Grunge Is Dead” soit publié dans votre pays, une seule solution, prenez contact avec ECW Press et faites le leur savoir (http://www.ecwpress.com/).
SG : Tu vis à New York : est ce que la scène rock actuelle est aussi active qu'il y a trente ans? Si c'est le cas, en profites tu toi même?
GP : En fait j'habite à Long Island, et là maintenant je ne crois pas que la scène rock soit quoi que ce soit de spectaculaire. Si vous prenez le train pour aller à New York City (à une heure d'ici), vous pouvez avoir la chance de trouver quelques bons concerts. Mais je suis sûr que chaque scène locale a ses bons et ses mauvais groupes de rock. Qui sait, Long Island ou New York sera peut être le prochain point chaud du rock, ou peut être la ville ou vous habitez. On ne sait jamais ou sera la prochaine “rock city”.
SG : As tu la moindre idée de la scène rock en France?
GP : Absolument pas!
SG : Tu m'étonnes! Dernière question : si tu rencontres dans les mois à venir un des membres de Soundgarden, je t'en supplie, parles lui de ce petit français qui exige une tournée mondiale et une date en France!!!!
GP : Je vois ce que je peux faire...
Ouais ben fais gaffe, je t'ai à l'œil, t'as plutôt intérêt d'faire ce que j'te dis, sinon j'en parle à Jack!!! Grand merci à toi Greg pour avoir donné un peu de ton temps, c'était vraiment sympa!!!!
Les photos : Greg entouré de 1) Krist Novoselic et Kim Thayil, 2) Ben Shepherd, 3) Chad Channing, 4) Susan Silver, 5) Robert Roth chanteur de Truly et 6) Mark Arm et sa femme Emily Rieman...
Pour trouver les bouquins de Greg Prato :
www.amazon.fr/gregprato
http://stores.lulu.com/gregprato
http://www.myspace.com/gregpratopage