Cette semaine j'avais à la maison mon vieil ami australien Peter, grand fan de Neil Young devant l'éternel, et surtout depuis ses débuts (et ouaip Peter, t'as 60 balais quand même!!!)... La bonne occaz' pour se remettre l'énorme Mirror Ball en écoute prolongée... Souvenez vous : Mirror Ball, 1995... Neil Young sort le scud ultime en laissant à Pearl Jam la chance de l'accompagner sur disque, pour un album tout en distorsion, aux mélodies imparables et aux solos qui mettent sur le cul Mike McCready himself. C'est dire... Une tournée européenne aura même lieu dans la foulée...
Mike McCready : On jammait en studio, et un moment j'ai regardé autour de moi et je me suis dis : "Putain, on est avec Neil Young. Et il joue les solos. C'est la merde". Je pouvais seulement souhaiter être aussi bon que lui... Pour moi c'est un génie. Il y a une complexité dans son jeu de guitare, et dans les émotions qu'il fait passer. Il fait durer les notes éternellement et c'est extraordinaire comme ça sonne, et je dis ça alors que j'ai l'habitude de jouer des solos à tout bout de champ. Il m'a fait me pencher sur mon propre jeu, et j'aimerais un jour jouer comme lui. Il joue toujours la note qu'il faut au bon moment, et je pense pas que ce soit quelque chose de réfléchit chez lui. C'est juste normal pour lui...
Y'a pas à chier, un solo de Neil, ça déchire grave... Neil Young, vieil hippie dans l’âme, parti prenante dans le folk band Buffalo Springfield (1966-68), puis au sein du mythique Crosby, Stills, Nash and Young, lequel participera au non moins mythique festival de Woodstock... Le bonhomme, qui vaut bien plus que ça, poursuit ensuite par une carrière solo florissante, enchainant une flopée d'albums extraordinaires, tantôt acoustiques, tantôt électriques (pour lesquels il se fait souvent accompagné de son backing band : le Crazy Horse) tels Harvest, Tonight's The Night, Zuma, On The Beach, ou plus proche de nous, le non moins excellent Ragged Glory. Neil Young restera à jamais un rebelle, affichant sa sympathie pour le mouvement punk originel (écoutez My My, Hey Hey (Into The Black), sur Rust Never Sleeps), et se prenant d'amitié pour les grungeux de Seattle, en particulier Kurt Cobain, qu'il tachera sans relâche de contacter avant son suicide, pressentant l'inéluctable. Mais c'est bien avec Pearl Jam qu'il entamera dès 1992 une amitié restée depuis sans faille...
Eddie Vedder, pour l'occasion : Il nous a énormément apprit sur la dignité, l'engagement et l'importance de vivre l'instant présent, de jouer pour le plaisir. Je suis ravi qu'il entre ici. Je dois dire que je ne suis pas sûr qu'il y ait eu d'autres artistes introduits ici alors même que leur carrière était au sommet. Certaines de ses meilleures chansons sont sur son dernier album...
Mirror Ball, fruit de cette amitié et de ce respect mutuel, sort finalement un peu par hasard, sans que rien ne soit prémédité... Neil Young décide de bouger à Seattle, avec sa guitare, son ampli et son orgue pour seuls bagages, afin de s'adapter au mieux à l'environnement de ses petits protégés... L'album est mis en boite au Bad Animals Studio, en 4 jours seulement, la plupart des morceaux écrits durant l'enregistrement... Des mêmes sessions sortira Merkin Ball, deux titres de PJ avec Neil en guest...
Mirror Ball, fruit de cette amitié et de ce respect mutuel, sort finalement un peu par hasard, sans que rien ne soit prémédité... Neil Young décide de bouger à Seattle, avec sa guitare, son ampli et son orgue pour seuls bagages, afin de s'adapter au mieux à l'environnement de ses petits protégés... L'album est mis en boite au Bad Animals Studio, en 4 jours seulement, la plupart des morceaux écrits durant l'enregistrement... Des mêmes sessions sortira Merkin Ball, deux titres de PJ avec Neil en guest...
Neil Young : PJ et moi jouions au Pro Choice Benefit à Washington. Eddie venait juste de m'introduire au Rock N'Roll Hall Of Fame à New York, où j'avais joué Act Of Love avec les gars du Crazy Horse. Les gars de Pearl Jam avaient enregistré le morceau sur une cassette, et ils l'avaient apprise. Je leur ai dit : "Pourquoi on ne l'essayerait pas ensemble?". On l'a donc joué dans la foulée en live, et c'était super. J'ai proposé qu'on l'enregistre, parce que ça sonnait vraiment bien, c'était une version puissante. Ils pensaient la même chose. On s'est donc trouvé une journée pour aller l'enregistrer en studio. Et comme je voulais plus qu'une chanson, simplement parce que je n'aime pas rentrer en studio avec seulement une chanson, je suis venu avec trois autres en main. (...) La beauté de ce disque, c'est qu'on en a jamais parlé ensemble. On savait tous ce qu'on avait à faire. On était tous ensemble, on formait un groupe. Y'a pas eu de blabla. Tout était spontané. Tout le monde était à l'écoute de tout le monde. Ils ont fait gaffe aux morceaux, ils ne pensaient pas à tirer la couverture à eux, ils voulaient juste jouer. Les morceaux ont évolué au cours de l'enregistrement, mais en général, on n'a jamais dépassé quatre prises.
(...) A la question de la production effectué par Brendan O'Brien, qui est clairement un membre du staff PJ : J'ai choisi d'utiliser leur organisation à eux, laquelle avait l'air de fonctionner à merveille. J'ai juste amené les morceaux et on les a joué ensemble, en utilisant leur matos. Pourquoi ça aurait dû être plus compliqué? C'était plus facile pour eux de s'adapter à moi si je venais à eux. C'est donc ce que j'ai fait.
Eddie Vedder : En studio, c'est comme si on avait été des voisins de longue date. C'était tellement confortable. Mais quand vous êtes sur scène avec Neil, et bien... C'est une chose d'être au zoo et de regarder un animal sauvage tranquille dans une cage. C'en est une autre d'être en cage avec lui.
Neil Young : C'est pas qu'ils étaient bons. C'est juste qu'à un moment je me suis posé la question de ce que je ferais si j'avais l'occasion de jouer avec eux. Et je me suis vu le faire. Musicalement ça marchait. J'aimais la puissance qui se dégageait de notre jeu ensemble. (...) D'un point de vue purement musical, c'était la première fois que je me retrouvais dans un groupe avec trois potentiels guitaristes lead depuis les Buffalo Springfield. Et ils avaient Jack Irons, leur batteur, qui était simplement incroyable. Il a donné tout ce qu'il pouvait sur chaque prise de chaque morceau. Je pourrais jamais dire assez de bien de lui.
Même si Vedder joue un rôle minime dans l'album, l'entente entre les six est parfaite, et ça se sent. Lors de la seule tournée promo du disque, en Europe, c'est un vrai groupe et non l'addition de deux noms, qui se présente en live :
Dean Stockwell (acteur américain et ami de Neil) : Je les ai vu performer à Dublin. Je me souviendrais toujours, avant qu'ils ne reviennent sur scène pour le rappel. Neil s’apprêtait à repartir sur scène, mais il s'est retourné, et les membres de Pearl Jam sont venus à lui. Ils ont tous joints leurs mains ensemble au centre du cercle, comme une équipe de basket de collège. J'ai pensé : "Attends une minute, c'est quoi ce bordel? Ce mec a 50 balais et il a ces quatre gars qui viennent à lui comme une équipe. C'est pas juste un respect pour sa musique, c'est de l'amour"
L'expérience restera un grand moment de musique et d'amitié pour les deux parties, et les membres de Pearl Jam en retireront une certaine sagesse et un certain recul dont ils avaient bien besoin à l'époque...
Mike McCready : J'ai été complètement honoré de jouer avec lui. On est tous amoureux de lui... Et je suis honoré qu'il ait dit qu'il se sentait comme un membre du groupe à part entière. Je pense qu'il apprécie juste là d'où on vient. Il sent beaucoup d’honnêteté dans notre musique.
Jeff Ament : D'un certain coté, j'aurais aimé qu'on ait plus de temps, mais il nous a montré qu'il était possible d'écrire plusieurs bonnes chansons en un laps de temps minimum. Et il n'aurait jamais pu arriver à une meilleure période pour nous. A l'époque on sentait la pression d'être un gros groupe de rock, et d'une certaine manière, on portait cette pression. Il nous a fait réaliser que ce n'était pas si important. Ce n'était pas une question de vie ou de mort - c'était juste de la musique.
Stone Gossard : Je pense qu'il a probablement joué un rôle dans le fait qu'on existe encore en tant que groupe...
L'expérience restera un grand moment de musique et d'amitié pour les deux parties, et les membres de Pearl Jam en retireront une certaine sagesse et un certain recul dont ils avaient bien besoin à l'époque...
Mike McCready : J'ai été complètement honoré de jouer avec lui. On est tous amoureux de lui... Et je suis honoré qu'il ait dit qu'il se sentait comme un membre du groupe à part entière. Je pense qu'il apprécie juste là d'où on vient. Il sent beaucoup d’honnêteté dans notre musique.
Jeff Ament : D'un certain coté, j'aurais aimé qu'on ait plus de temps, mais il nous a montré qu'il était possible d'écrire plusieurs bonnes chansons en un laps de temps minimum. Et il n'aurait jamais pu arriver à une meilleure période pour nous. A l'époque on sentait la pression d'être un gros groupe de rock, et d'une certaine manière, on portait cette pression. Il nous a fait réaliser que ce n'était pas si important. Ce n'était pas une question de vie ou de mort - c'était juste de la musique.
Stone Gossard : Je pense qu'il a probablement joué un rôle dans le fait qu'on existe encore en tant que groupe...
Neil Young restera toujours fidèle à Pearl Jam, épaulant le groupe dès qu'il le peut, sauvant notamment le fameux concert du 24 juin 1995 à San Francisco, remplaçant au pied levé Vedder, prit de malaise et en route pour l'hopital... En pleine guerre contre Ticketmaster, il se range officiellement aux cotés du groupe. Quand à PJ, ils ne sont pas en reste pour faire plaisir au Loner dès qu'ils le peuvent, possédant le record de participation au Bridge School Benefit... Et prouvant une fois de plus qu'ils restent un des groupes parmi les plus humainement attachant de ces 20 dernières années... Act Of Love en écoute dans la playlist Grooveshark à droite. Au dessus une superbe version de Rockin In A Free World avec Neil Young en 2011... A noter que Neil n'est pas le "parrain" du grunge juste pour son amitié avec PJ ou autres, mais aussi parce qu'il est un des précurseurs d'un certain "rock alternatif" : Ragged Glory (1990) ou Arc (1991) en sont les meilleurs exemples, dans deux registres opposés. Neil Young a sorti deux excellents albums en 2012, tous deux avec le Crazy Horse : Americana, et Psychedelic Pills, un double album. Les deux étant à la hauteur de la légende...