Un truc qu'est très marrant avec les anciens musicos du Seattle Sound, c'est que certains prennent des trajectoires musicales disons... extrêmes, comparé à ce pour quoi ils furent adulées... Prenons Chris Cornell, au hasard... Fallait oser sortir un scud produit par Timbaland après avoir été le leader d'un groupe qui a pondu des trucs aussi heavy que Nothing To Say ou Hands All Over!!! Matt Cameron a quand à lui sorti un disque jazz il y a quelques temps : Harrybu McCage. Lanegan fait des bluettes plutôt chouettes avec l'ex Belle & Sebastian Isobel Campbell, et on a vu la semaine dernière que même Steve Turner est grand amateur de folk...
Autre exemple radical : Tad Doyle, ex leader de TAD... Tad a toujours aimé la lourdeur, écoutez moi God's Balls et vous en serez convaincus. Mais son retour aux affaires dans le milieu des années 2000 augurait une radicalisation du son produit par le gros monsieur que voilà : Brothers Of The Sonic Cloth se rapproche beaucoup plus de ce qui se fait dans le doom actuellement que des frasques de TAD... Ecoutez par vous même :
Putaing que c'est bon!!! Aujourd'hui, c'est à dire demain, c'est à dire fin novembre, on aura droit au premier effort de Lumbar, formé donc par Tad, et deux autres tarés de l'infrason en les personnes de Aaron Edge, entre autres ancien batteur de BOTSC et, excusez du peu, Mike Scheidt, leader du trio doom culte YOB. Les trois sont comme cul et chemise, tous originaires du North West, tous partageant depuis des années les mêmes scènes, et tous tout simplement grands amis. Par ailleurs, Tad vient de remasteriser le premier album de YOB : Catharsis (2003). Oui mossieudame, car Tad s'est reconverti en créant son petit studio ou il s'amuse à faire le producteur pour nombres d'obscurs groupes au son jamais très fin...
Quid donc de Lumbar? : Lumbar est avant toute chose le projet de Aaron Edge, un taulier du doom accessoirement graphiste pour la maison de disques Southern Lord (et responsable de pas mal d'artwork pour YOB), chez qui sort le disque. Une sortie pourrait t'on dire miraculeuse pour lui qui est tombé gravement malade (sclérose en plaque) il y a quelques temps :
Aaron Edge : Au départ c'était juste une idée de disque de plus. Mon but était de chercher du monde pour chanter dessus, et ma foi, si personne n'avait été intéressé j'aurais moi même réalisé les parties de chant. Le genre de projet que je poursuis depuis des années, rien d'extraordinaire. Par chance, Mike et Tad étaient ok pour chanter dessus, et ça a donc prit une nouvelle dimension pour moi. J'ai trois disques en chantier actuellement, mais Lumbar est celui qui me touche le plus, parce que deux de mes amis en sont parti prenante. J'avais passé les bandes à chacun d'eux, et les deux m'ont proposé leur aide, et Tad nous a invité dans son studio et chez lui pour un long WE émotionellement chargé (...).
Les deux m'ont suggéré d'écrire les paroles, et d'y mettre toute la souffrance et les émotions que peut me faire vivre cette maladie. Eux se donneraient le droit de raconter mon histoire à leur façon. Il y a une poignée de personnes sur cette planète à qui je laisserais le droit de raconter mon histoire, et ces deux gars sont en haut de la liste. Mes premiers groupes ont ouvert pour YOB probablement 6 ou 7 fois. J'ai joué avec Tad et Brothers Of The Sonic Cloth, qui lui même a fait les premières parties de YOB. Donc il y a une grosse connexion avec ces gars (...)
Mike m'a prit dans son pick up sur le chemin entre Eugene, Oregon, et Seattle. Et on a filé chez Tad et Peg, puisque leur studio est basé chez eux. C'est un endroit confortable, chaleureux, où l'on apprécie d'être... Et ça s'est transformé en une incroyable réunion de vieux potes... Au moment où on s'est tous mis à écouter le produit final pour la première fois, nous et nos amis, ma femme, qui m'ont tous soutenu quand ça allait mal, ça a été 25 minutes de silence. La moitié de nous était en larme. Je sais plus qui a reprit la parole, je crois que c'est Tad : "Mec, c'est une putain d'expérience. C'est intense". C'est certainement l'expérience la plus profonde que j'ai jamais eu avec des musiciens.
Mike Scheidt : Aaron est un vieil ami. Il m'a dit qu'il avait un projet sur lequel il avait écrit toute la musique, et qu'il cherchait un chanteur, qu'il espérait avec ça voir le bout du tunnel, et récupérer un peu de fric pour payer quelques factures. Il m'a joué la musique, et mec, j'ai tout de suite été complètement dedans. Il voulait qu'on approfondisse sur Garageband (une application software de chez Apple) en me précisant qu'il ne pouvait plus jouer du moindre instrument. A ce point j'ai insisté pour qu'on en parle à Tad et qu'on puisse utiliser son studio pour trouver une vraie qualité de son et pouvoir enregistrer les voix. Aaron voulait aussi que j'écrive les paroles. Je lui ai dit que je pouvais, mais considérant ce qu'il venait d'endurer, ses paroles à lui seraient 10 fois plus puissantes que les miennes. Ca a été très dur pour lui d'écrire. Une expérience catarthique (...)
Le dernier jour nos amis communs et des proches d'Aaron sont venus pour écouter le résultat, et c'était super intense. C'était juste un enregistrement hyper hyper intense. Je suis émerveillé de ce qu'Aaron a réalisé. C'est incroyable. Tout le monde parle de moi et Tad à propos de ce disque. Mais la cheville ouvrière c'est Aaron. Ce disque c'est lui. je suis vraiment fier d'en avoir été.
Ecoutez donc par vous même :
Les deux m'ont suggéré d'écrire les paroles, et d'y mettre toute la souffrance et les émotions que peut me faire vivre cette maladie. Eux se donneraient le droit de raconter mon histoire à leur façon. Il y a une poignée de personnes sur cette planète à qui je laisserais le droit de raconter mon histoire, et ces deux gars sont en haut de la liste. Mes premiers groupes ont ouvert pour YOB probablement 6 ou 7 fois. J'ai joué avec Tad et Brothers Of The Sonic Cloth, qui lui même a fait les premières parties de YOB. Donc il y a une grosse connexion avec ces gars (...)
Mike m'a prit dans son pick up sur le chemin entre Eugene, Oregon, et Seattle. Et on a filé chez Tad et Peg, puisque leur studio est basé chez eux. C'est un endroit confortable, chaleureux, où l'on apprécie d'être... Et ça s'est transformé en une incroyable réunion de vieux potes... Au moment où on s'est tous mis à écouter le produit final pour la première fois, nous et nos amis, ma femme, qui m'ont tous soutenu quand ça allait mal, ça a été 25 minutes de silence. La moitié de nous était en larme. Je sais plus qui a reprit la parole, je crois que c'est Tad : "Mec, c'est une putain d'expérience. C'est intense". C'est certainement l'expérience la plus profonde que j'ai jamais eu avec des musiciens.
Mike Scheidt : Aaron est un vieil ami. Il m'a dit qu'il avait un projet sur lequel il avait écrit toute la musique, et qu'il cherchait un chanteur, qu'il espérait avec ça voir le bout du tunnel, et récupérer un peu de fric pour payer quelques factures. Il m'a joué la musique, et mec, j'ai tout de suite été complètement dedans. Il voulait qu'on approfondisse sur Garageband (une application software de chez Apple) en me précisant qu'il ne pouvait plus jouer du moindre instrument. A ce point j'ai insisté pour qu'on en parle à Tad et qu'on puisse utiliser son studio pour trouver une vraie qualité de son et pouvoir enregistrer les voix. Aaron voulait aussi que j'écrive les paroles. Je lui ai dit que je pouvais, mais considérant ce qu'il venait d'endurer, ses paroles à lui seraient 10 fois plus puissantes que les miennes. Ca a été très dur pour lui d'écrire. Une expérience catarthique (...)
Le dernier jour nos amis communs et des proches d'Aaron sont venus pour écouter le résultat, et c'était super intense. C'était juste un enregistrement hyper hyper intense. Je suis émerveillé de ce qu'Aaron a réalisé. C'est incroyable. Tout le monde parle de moi et Tad à propos de ce disque. Mais la cheville ouvrière c'est Aaron. Ce disque c'est lui. je suis vraiment fier d'en avoir été.
Ecoutez donc par vous même :
Les fans de YOB ne seront pas déçus... Du lourd, du très très lourd. Du lent, du très très lent. Du répétitif à souhait, aux frontières du drone. Du doom monolithique puissance 1000 qui mord sans jamais lâcher... Ajoutez à ça une ambiance plutôt malsaine, quasi dérangeante et totalement sombre, et vous comprendrez que rien ne sera confortable à l'écoute de ce scud. Perso ça fait bien plaisir de voir Tad sortir de sa tanière pour accompagner des gars de ce calibre... YOB m'avait mit sur le cul lors de sa prestation dantesque au Hellfest 2012!!! Rarement je m'étais pris autant de puissance dans la tronche. Un des lives les plus monstrueux qu'il m'ait été donné de voir!!! Tenez, le v'là en intégral!! T'écoutes les premières secondes du premier morceau et tout est là. Rien à rajouter. Circulez m'sieurs dames...
Et puisque nous disgressons faisons le franchement d'autant qu'on voit bien que de toutes manières le grunge mène à tout... Le doom c'est quoi? En gros des tempos plus lents que lents, des guitares accordées plus bas que bas, une basse plus grave que grave, et un amour irrationnel pour Black Sabbath... C'est marrant mais y'a pour moi un coté total méditation dans le doom... Qui s'explique simplement par l'aspect robotatif du truc... A tout les coups ça marche : ça me fait moitié rentrer en transe...
Pour ceux qui apprécieraient le style, voici donc une petite sélection d'albums indispensables des années 2000, présentant un doom évolutif, moins écrasé par l'héritage Black Sab et qu'on pourrait du coup qualifier de plus aventureux. A savoir que les Melvins peuvent être comptés parmi les précurseurs du doom d'aujourd'hui, j'irais même jusqu'à dire qu'une partie du doom moderne doit tout à Buzz et Dale... Euh, je me serais pas répété là??? Bon, passons :
Pour ceux qui apprécieraient le style, voici donc une petite sélection d'albums indispensables des années 2000, présentant un doom évolutif, moins écrasé par l'héritage Black Sab et qu'on pourrait du coup qualifier de plus aventureux. A savoir que les Melvins peuvent être comptés parmi les précurseurs du doom d'aujourd'hui, j'irais même jusqu'à dire qu'une partie du doom moderne doit tout à Buzz et Dale... Euh, je me serais pas répété là??? Bon, passons :
- YOB : Catharsis (1er album) ou Atma (dernier) sont tout aussi excellent l'un que l'autre
- Ufomammut a fait fort en 2009 avec Idolum, du doom spacial qui fait carrément planer
- Black Masses (2010) d'Electric Wizard est une perle en la matière
- Black Masses (2010) d'Electric Wizard est une perle en la matière
- Eagle Twin, avec The Feather Tipped The Serpent Scaled (2012) propose une virée entre doom et sludge des plus impressionnantes...
- L'unique album de Shrinebuilder (2009), supergroupe composé des plus grands doomsters de la planète : Dale Crover à la batterie, Al Cisneros (Sleep), Scott Kelly (Neurosis) et Wino (Obsessed, Saint Vitus), est, à force d'écoute, car il ne se révèle pas au premier passage sur la platine, un des must du genre...
Mais le plus impressionnant reste de voir tous ces groupes en live... Et se faire littéralement écraser le cerveau par cette puissance de son absolument dantesque... Welcome home, Tad!!!
Le site de Tad Doyle : http://www.taddoyle.com/
Remerciement à The Obelisk, site clé pour la propagation de la bonne parole doom...
Mais le plus impressionnant reste de voir tous ces groupes en live... Et se faire littéralement écraser le cerveau par cette puissance de son absolument dantesque... Welcome home, Tad!!!
Le site de Tad Doyle : http://www.taddoyle.com/
Remerciement à The Obelisk, site clé pour la propagation de la bonne parole doom...
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