"Come On People, this is one of the greatest bands in the world" (Jonathan Poneman). Je ne tarirais jamais assez d'éloges sur ce groupe en général et ce docu en particulier... Les Thugs sont notre bout de Sub Pop à nous, et leur musique n'a rien à envier à n'importe quel groupe américain des années alternatives, et je dirais même plus, tient la dragée haute à n'importe lequel d'entre eux... Musicalement au dessus du lot, humainement simples et exemplaires sans oublier d'être engagés, les Thugs sont tout simplement hors normes... Pour revisiter l'histoire du groupe : Là.
Seattle est au rock n'roll ce que Bethléem est au christianisme. Spin Magazine (1992)
On a besoin qu'il arrive à nouveau quelque chose comme ça - pour changer la face de la musique. Tout de suite! Mike Inez (Alice In Chains)
23/03/2013
Intégral TAD : Busted Circuits and Ringing Ears + Les Thugs : Come On People!!!
"Come On People, this is one of the greatest bands in the world" (Jonathan Poneman). Je ne tarirais jamais assez d'éloges sur ce groupe en général et ce docu en particulier... Les Thugs sont notre bout de Sub Pop à nous, et leur musique n'a rien à envier à n'importe quel groupe américain des années alternatives, et je dirais même plus, tient la dragée haute à n'importe lequel d'entre eux... Musicalement au dessus du lot, humainement simples et exemplaires sans oublier d'être engagés, les Thugs sont tout simplement hors normes... Pour revisiter l'histoire du groupe : Là.
17/03/2013
Mr Epp and the Calculations, ou comment, sur un malentendu, entrer dans l'histoire du rock...
Mr Epp and the Calculations serait surement resté un groupe mineur du mouvement hardcore originel, s'il n'avait pas contenu en son sein certains des acteurs essentiels du futur mouvement grunge, j'ai nommé Mark McLaughlin, alias Mark Arm, et Steve Turner, tous deux futurs Green River et Mudhoney. Mr Epp est à lui seul une vaste blague. Jugez en vous même :
Maire Masco (Associé chez Pradva Productions, cofondateur du fanzine Desperate Times) : C'est dur à imaginer aujourd'hui, mais beaucoup des membres de la scène de Seattle n'avaient pas de téléphone. Pour avoir un téléphone à l'époque, tu devais donner une caution qui allait de 75 à 125$. C'était un paquet de fric! Donc les gens communiquaient essentiellement avec des flyers, pas seulement pour promouvoir des groupes ou d'autres événements, mais aussi pour exprimer des avis politiques par exemple.
Il y avait un groupe en ville qui avait des flyers hilarants. L'un de ces flyers disait "Mr Epp and the Calculations, encore plus pourri que Bob Dylan", ou "Encore moins créatif que John Cage".
Dennis White et moi on adorait ces flyers et on s'est dit qu'on devait trouver qui étaient ces gars. Mais il n'y avait pas de numéro de téléphone, ni de dates de concerts. Et un jour qu'on marchait en ville, on a vu des gars distribuer des flyers, et on s'est aperçu que c'était pour Mr Epp. On était là : "Putain on les a trouvé!" On a donc traversé la rue en courant pour les rencontrer. Quand ils nous ont vu, ils ont détallé en pensant qu'on voulait les tabasser ou un truc dans le genre.
Finalement on arrive à leur parler. Donc vous êtes les gars de Mr Epp? C'était Mark Arm et Jeff Smitty, et, tous penauds, ils acquiescent, comme s'ils étaient coupables. "Ok je suis Maire Masco, et voici Dennis White. On est de Pravda Productions et on adorerait vous booker pour quelques concerts". Ils ont commencé à rire, et Mark Arm a dit : "Oh putain, ça veut dire qu'il va falloir qu'on trouve des instruments!"
Mark Arm : Mr Epp est resté un faux groupe pendant un paquet d'années. On l'avait nommé comme ça à cause d'un des profs de math de notre petit lycée chrétien. On prenait ce qu'on avait entre les mains, par exemple un aspirateur, on en faisait de la musique, et on enregistrait. On savait pas ce qu'on faisait. Et puis il y avait cette radio, KZAM, la seule qui passait de la new wave. Ils nous avaient dit : "Si vous êtes un groupe, envoyez nous une cassette, et on la passera". Ils nous ont présenté comme le pire groupe au monde. On était super fiers. C'est là qu'on s'est mit à distribuer à fond des flyers. On n'avait pas d'instruments mais on se faisait notre propre pub. C'est arrivé à un point où tu pouvais trouver un graffiti de Mr Epp derrière les sièges de chaque bus de la ville. (...) Darren Morey était un bon batteur, mais le reste d'entre nous ne savions absolument pas comment jouer. Après le lycée, on a décidé de rendre le groupe un peu plus réel, et Smitty et moi avons fait l'acquisition d'une guitare et d'un ampli. A l'époque Darren était encore au lycée, et Todd avait 16 ans. C'était le frère de Darren et le bébé de la bande.
Dennis White : C'était des petits morveux suffisants, du haut de leurs 16 ans. Je devais avoir 24 ou 25 ans, et ils nous voyaient comme des vieux cons périmés. Y'a aucun doute qu'il y avait un sens du fun et quelque chose de nouveau dans leur musique, mais il y avait autre chose : pour moi ils ont repoussé les limites de l'éthique DIY. Ils étaient comme chargé d'une certaine mission. Ils auraient juste ricané s'ils avaient entendu ça : "Qu'est ce que tu veux dire par mission?"
Le morceau Mohawk Man, une satire du mode de vie hardcore punk tiré du EP 5 titres Of Course I'm Happy Why?, fait son bonhomme de chemin sur les radios locales, et va s'exporter jusqu'à Los Angeles, où la radio KROQ le fait tourner en heavy rotation, mais Maire et White n'auront pas les moyens de tirer plus que les milles exemplaires originaux... A l'instar d'un groupe comme Flipper, Mr Epp était de ces groupes intégrés dans la scène hardcore américaine, alors même qu'ils cherchaient constamment à la tourner en dérision...
Steve Turner : J'ai rencontré Mark Arm en octobre 1982. On n'a jamais réussit à savoir si c'était à un show de PIL (Public Image Limited, le groupe de Johnny Rotten ex Sex Pistols) ou de TSOL (un groupe hardcore de LA). On avait beaucoup en commun : un sens de l'humour déplacé, et du dédain pour les punks et les gars de la scène hardcore. Un des boulots de Mr Epp était définitivement de faire chier les punks.
Tom Price (guitariste des U-Men) : Mr Epp a joué avec tous les groupes de hardcore et était le groupe le plus haï de Seattle. Les gars en veste de cuir cloutée essayaient de les choper; Mr Epp les leurraient totalement. Ils restaient rarement longtemps sur scène. Bien souvent, après trois ou quatre chansons, quelqu'un montait sur scène, leur arrachait leur guitare et la brisait sur le sol.
Mark Arm : On s'est aperçu qu'on pouvait très bien louer nous même une salle et y organiser des concerts. On demandait à des groupes punks locaux de jouer, la plupart d'entre eux n'avaient aucune idée de qui on était. Ils pensaient surement qu'on était des blaireaux, et qu'on faisait de la merde. On a ouvert pour Savage Republic au Ground Zero. Darren voulait reprendre The Gift du Velvet Underground. Ça a vraiment fait chier les punks qui étaient présents. Les Bopos Boys (un gang de pseudo mods punks plutôt violent, actif à Seattle au début des 80's) ont foutu le chaos en cassant les fenêtres de la salle parce qu'à leur gout ni Mr Epp ni Savage Republic n'étaient assez punk. On n'a jamais fait de fric - on perdait toujours la caution des salles qu'on louait pour x raisons. Une fois on a perdu la caution du Polish Hall, parce que les Bopos avaient piqués de la viande dans le frigo.
Dave Dederer (Presidents Of The USA) : Ils étaient du même acabit que Pere Ubu, Flipper, où le Butthole Surfers des débuts (tous groupes hardcore déviants ou innovants). Toujours à essayer d'être le plus bizarre possible.
Steve Turner, ex Limp Richerds, rejoint le groupe en 1983, pour ses 6 derniers mois d'existence.
Steve Turner : Mark voulait que le groupe soit plus "rock'n roll", et il a convaincu les autres de me prendre à la seconde guitare. Les derniers six mois, on a beaucoup pratiqué, joué deux shows, et les autres n'ont pas aimé le virage rock'n roll, donc le groupe a splitté (rires)
John Leighton Beezer (guitariste des Throwns Up et ami des Mudhoney) : J'étais au lycée en Californie, et je lisais souvent Maximumrocknroll (le fanzine phare du mouvement hardcore) pour avoir des nouvelles de ce qui se passait à Seattle. Tout était à chier sauf Mr Epp - Mohawk Man était un bon morceau.
Le EP Of Course I'm Happy Why, avec Mohawk Man (1er titre), ainsi qu'un extrait live pourri d'un concert au Metropolis, qui vaut bien le coup, rien que pour l'ambiance... Un autre morceau tiré de l'album "best of" Ridiculing The Apocalypse sorti en 1996, dans la playlist Grooveshark à droite. Ici vous aurez un aperçu de Attack, le fanzine fondé par Mark Arm et Smitty, et qui couvre à peu près la carrière de Mr Epp, ainsi que les débuts de Green River...
01/03/2013
Peter Bagge et Buddy Bradley, où le Comic made in Seattle...
Le Northwest, on l'a vu, peut être considéré à la fin des années 80 et au début de l'explosion grunge comme l'épicentre géographique de l'ère du temps. Là où tout se passe, de là en tout cas où sortira le meilleur de la culture américaine des années 90... Matt Groening et les Simpsons, Art Chantry, The Jim Rose Circus Sideshow, le Grunge, Pearl Jam, Soundgarden, Nirvana, les Riot Grrrls, Sub Pop. On en trouve encore un exemple avec Peter Bagge, jeune illustrateur de comics à l'américaine, installé depuis 1984 à Seattle.
Bagge est un des élèves de l'illustre maître du comic alternatif américain (j'entend par là : le comic sans super héros), j'ai nommé Robert Crumb, et accède à une certaine notoriété en rentrant dans l'équipe de Weirdo, le légendaire magazine créée par Crumb. Il en deviendra le grand chef de 1983 à 1986... Bagge en profite pour peaufiner la série de son invention : les Bradleys, une famille de dégénérés de banlieue. En sortira quelques années plus tard la Bd Hate, mettant en scène la vie déglinguée, merdique, sans avenir de Buddy, le cadet des Bradley, lequel deviendra une des références des pseudo paumés de la X Generation... Peter Bagge est alors hissé au rang d'artiste majeur de son temps, bien malgré lui et grâce, finalement, à un heureux concours de circonstances (toujours pareil : à la bonne place au bon moment), ce alors même que Buddy Bradley se veut une satire de l'esprit slackers du moment...
Bagge
démarre les aventures de Buddy à Seattle entre 1989 et 1990, soit
une année avant que Smells Like Teen Spirit se mette à tourner en
boucle sur les radios. Le timing parfait sera le garant de son
succès, mais pèsera de tout son poids sur le reste de sa carrière.
Ironiquement, Bagge n'est pas vraiment fan de musique grunge...
Peter
Bagge : Certains diront que le grunge a contribué à la
popularité de Hate, mais Hate a autant souffert de cette association
qu'il en a profité. Beaucoup de gens n'ont pas prit Hate au sérieux
à cause de ça. Toute une catégorie de gens est devenue allergique
aux termes « Grunge » ou « Génération X »,
et le fait que Hate y soit associé a fait que ces derniers ont
refusé de s'y intéresser.
(...) Quand j'ai commencé Hate, bien que terme
grunge existait déjà, il n'était pas devenu un nom commun dans les
foyers américains. Les deux premières années d'existence de Hate,
la bd s'est plutôt bien vendue. Ce qui a tout changé c'est quand
Nevermind est arrivé. Seattle est soudain devenue la destination
préférée des journalistes. Curieusement, quand le phénomène
grunge est arrivé, les ventes ne se sont pas envolées. Elles sont
plus où moins restées les mêmes. On aurait pu penser, et
certainement je l'espérais moi même, qu'à cause de cette attention
continue des médias, les gens se seraient mis à acheter ma bd, mais
ça n'est vraiment pas arrivé. Ça montre finalement que l'impact
des comics de ce genre au States se limite à un petit nombre de
personnes... Sans compter que, comme je l'ai dit plus haut, un paquet
de gens ont mis un point d'honneur à ne pas lire Hate juste parce
que c'était associé au grunge. C'est malheureux car ils l'auraient
surement apprécié. L'autre problème, c'est que beaucoup ont dit
que j'avais profité du train « Grunge » pour sauter dans
un des wagons, ce qui n'était vraiment pas le cas. C'était juste
une coïncidence. Toute cette histoire a eu l'effet d'une épée à
double tranchant pour moi.
(…)
J'ai mis en scène Buddy à Seattle, parce que c'était où je
vivais. Mais pour moi ça n'avait pas vraiment d'importance : Buddy
aurait pu vivre n'importe où. Mais tout d'un coup, Seattle est
devenue SEATTLE, à cause du business grunge. (…)
Pour moi Seattle est toujours la même. Pas de différences. Pendant
une brève période après Nirvana, beaucoup de gens venaient visiter
la ville. Et puis ils sont repartis aussi vite qu'ils sont arrivés.
Pareil dans la scène comics alternative dont je suis... Beaucoup de
dessinateurs sont venus ici pour je ne sais quelle raison. Je sais
pas ce qu'ils pensaient qu'il allait arriver, peut être qu'ils attendaient qu'une
poussière divine se pose sur eux et qu'ils pourraient devenir
riches?
Peter Bagge est accessoirement un artiste multi talents, et notamment musicien au sein de Actions Suits, son groupe power pop, signé un temps sur Man's Ruins, le label plutôt orienté stoner de Frank Kozic, autre illustrateur de talent. Attaché à Seattle, Bagge servira également la cause de la scène locale en collaborant avec Sub Pop et quelques autres groupes locaux...
Peter Bagge est accessoirement un artiste multi talents, et notamment musicien au sein de Actions Suits, son groupe power pop, signé un temps sur Man's Ruins, le label plutôt orienté stoner de Frank Kozic, autre illustrateur de talent. Attaché à Seattle, Bagge servira également la cause de la scène locale en collaborant avec Sub Pop et quelques autres groupes locaux...
J'étais tellement en dehors de ça. J'avais pas réalisé l'importance de l'utilisation de l'héroïne au sein de la scène grunge. J'avais dessiné un groupe, et je voulais y joindre les paroles les plus absurdes qui soient. Donc j'avais le chanteur qui criait "I Scream, you scream, we all scream for heroïn". Je pensais qu'il n'y avait pas d'héroïne à Seattle. Puis on m'a informé que l'héroïne était un vrai fléau dans le coin (rires). Beaucoup de monde dans la communauté musicale était très vexé. Mais plus tard j'ai appris que certaines personnes qui étaient addicts à l'héroïne avaient trouvé ça hilarant! Comme Mark Arm. Pavitt et Poneman ont trouvé ça très marrant aussi. Et deux trois fois ils m'ont demandé de faire des variations à partir de ce dessin pour des t-shirts, ou des posters. Ils m'ont fait écrire : "I scream, you scream, we all scream for a fashion spread in Vogue"
(…)
J'ai jamais détesté le genre musical, mais j'ai jamais été un
grand fan. Je trouvais la plupart des groupes horribles. Mon groupe
préféré – ok j'aimais Nirvana, mais la plupart des trucs qu'ils
faisaient, j'étais loin d'en être fou – c'était TAD. Pour moi TAD
était meilleur que Nirvana. Mais Tad pesait 180 kg. Il n'avait pas
de valeur marchande. (…)
J'ai pas autant de mépris pour le grunge que Buddy. Buddy est un
personnage semi-autobiographique. Il est plus irascible, plus
négatif. Mais c'est comme dans tout type de musique, il y avait
beaucoup de groupes grunge qui étaient merdiques. Mais certains
étaient vraiment bons.
Une petite vidéo d'un épisode de l'adaptation dessin animée de Buddy Bradley... Tout savoir sur Peter Bagge Ici...
Une petite vidéo d'un épisode de l'adaptation dessin animée de Buddy Bradley... Tout savoir sur Peter Bagge Ici...
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