Il n'y avait pas d'endroits ou jouer. Personne pour supporter la scène punk. C'est pour ça que je suis parti. Duff Mac Kagan à propos de son départ de Seattle pour LA en 1984...
Comme de fait, à Seattle au milieu des années 80, beaucoup de clubs, bars, salles de concerts où se produisent nombres de groupes locaux ont mis la clé sous la porte. Même les lieux ouverts au plus de 21 ans ne seront pas assez robustes pour résister. Les anciens clubs ferment plus rapidement que les nouveaux ouvrent, lesquels sont en général souvent plus petits, ou moins enclins que les précédents à promouvoir des groupes punk ou rock. Les causes : des problèmes récurrents avec les autorités locales et une certaine frange de la populasse cherchant avant tout la tranquillité. N'oublions pas que Seattle à l'époque, c'est 600000 habitants, plus petit que Marseille en France... On est loin de l'effervescence perpétuelle d'un New York ou d'un Los Angeles...
Pourtant, des groupes se forment et pratiquent toujours dans des sous sols, des entrepôts, et des salles de répet' installées dans des vieilles usines. Il y avait un besoin pour eux, des "party houses" se sont donc informellement mises en place afin de leur permettre de jouer, dans des maisons, appartements, habitations du centre ville et de la banlieue de Seattle. L'une d'elle était la Room Nine House, ou Ron et Tracy Rudzitis vivaient avec Charles Peterson et Dan Peters. Elle tenait son nom du fait que Ron, aka Ron Nine, était le leader à l'époque de Room Nine, un groupe qui avait une approche très psychédélique du rock. C'est d'ailleurs à l'une de ces party houses que Bruce Pavitt remarquera les photos que Peterson avait fait de ses amis musiciens, et qu'il se persuadera du réel potentiel rock de Seattle.
Charles Peterson : C'était des petites fiestas... Avec jamais moins de 200 personnes...
Ron Rutzitis (chanteur guitariste de Room Nine et Love Battery) : On habitait près de la Rainbow Tavern, ce qui était plutôt pratique. Ma copine à l'époque connaissait Charles (Peterson), c'est comme ça que je l'ai rencontré. Il est devenu notre colocataire, et là, d'un seul coup, les copains de Charles se sont mis à débarquer en permanence. Mark Arm était son meilleur pote, donc il était tout le temps là. Des gars comme Ed Fotheringham aussi, qui a fait les covers d'albums de tout le monde ici et qui était le chanteur des Thrown Ups. Au moment précis ou Charles a débarqué, on a immédiatement été connu comme le lieu des fiestas les plus tarés.
Lilly Milic (la femme de Garrett Shavlik, batteur des Fluid) : C'était toujours les mêmes personnes et la même bande son. Scratch Acid, Butthole Surfers, Bad Brains. Mêmes fiestas, mais différents endroits. Un truc marrant que je me rappelle à propos de ces soirées : tout le monde cachait ses bières quelque part - dans chaque maison on avait nos planques, parce que tout le monde piquait les bières de tout le monde.
Ron Rudzitis : Quand Charles est arrivé, la première chose qu'il a voulu, c'est faire une soirée. Ça s'est transformé en un de ces trucs complètement hors de contrôle, au point que notre voisin de palier, qui avait un tuyau d'arrosage, s'est mit à arroser tout le monde sur la pelouse. Il y avait toujours des instruments à trainer, et pas mal de groupes sont venus jouer là bas. Je pense que les Melvins y sont passés. Et Green River.
Dans le même quartier, il y avait le Green Barn. Tammy Watson de Kill Sybill y habitait.
Tammy Watson (Kill Sybill) : Le Green Barn était un défouloir sauvage, taré, un rendez vous permanent de punks et d'hippies. On ne savait jamais qui était en train de jouer dans la salle de répet', à pilonner un rock qu'on n'avait jamais entendu auparavant.
Charles Peterson : Je me souviens particulièrement d'une party house dans le quartier de l'Université. Cette nuit là, Green River et Feast devaient jouer dans un dépôt à Stanwood, mais tout a été annulé à cause de la pluie. Tout le monde a bougé jusqu'à une maison. On devait être 250 à 300 personnes dans un 5 chambres. A 2 heures du mat', "un panier à salade" est arrivé. Quelqu'un a dit qu'il devait bien y avoir 11 bagnoles de flics avec des chiens policiers. Perso j'ai rien vu, parce que moi et 8 autres personnes on s'était caché dans une des chambres...
Ron Nine fondera par la suite Love Battery, excellent groupe dont on aura l'occasion de reparler sur ces pages.
Comme de fait, à Seattle au milieu des années 80, beaucoup de clubs, bars, salles de concerts où se produisent nombres de groupes locaux ont mis la clé sous la porte. Même les lieux ouverts au plus de 21 ans ne seront pas assez robustes pour résister. Les anciens clubs ferment plus rapidement que les nouveaux ouvrent, lesquels sont en général souvent plus petits, ou moins enclins que les précédents à promouvoir des groupes punk ou rock. Les causes : des problèmes récurrents avec les autorités locales et une certaine frange de la populasse cherchant avant tout la tranquillité. N'oublions pas que Seattle à l'époque, c'est 600000 habitants, plus petit que Marseille en France... On est loin de l'effervescence perpétuelle d'un New York ou d'un Los Angeles...
Pourtant, des groupes se forment et pratiquent toujours dans des sous sols, des entrepôts, et des salles de répet' installées dans des vieilles usines. Il y avait un besoin pour eux, des "party houses" se sont donc informellement mises en place afin de leur permettre de jouer, dans des maisons, appartements, habitations du centre ville et de la banlieue de Seattle. L'une d'elle était la Room Nine House, ou Ron et Tracy Rudzitis vivaient avec Charles Peterson et Dan Peters. Elle tenait son nom du fait que Ron, aka Ron Nine, était le leader à l'époque de Room Nine, un groupe qui avait une approche très psychédélique du rock. C'est d'ailleurs à l'une de ces party houses que Bruce Pavitt remarquera les photos que Peterson avait fait de ses amis musiciens, et qu'il se persuadera du réel potentiel rock de Seattle.
Charles Peterson : C'était des petites fiestas... Avec jamais moins de 200 personnes...
Ron Rutzitis (chanteur guitariste de Room Nine et Love Battery) : On habitait près de la Rainbow Tavern, ce qui était plutôt pratique. Ma copine à l'époque connaissait Charles (Peterson), c'est comme ça que je l'ai rencontré. Il est devenu notre colocataire, et là, d'un seul coup, les copains de Charles se sont mis à débarquer en permanence. Mark Arm était son meilleur pote, donc il était tout le temps là. Des gars comme Ed Fotheringham aussi, qui a fait les covers d'albums de tout le monde ici et qui était le chanteur des Thrown Ups. Au moment précis ou Charles a débarqué, on a immédiatement été connu comme le lieu des fiestas les plus tarés.
Lilly Milic (la femme de Garrett Shavlik, batteur des Fluid) : C'était toujours les mêmes personnes et la même bande son. Scratch Acid, Butthole Surfers, Bad Brains. Mêmes fiestas, mais différents endroits. Un truc marrant que je me rappelle à propos de ces soirées : tout le monde cachait ses bières quelque part - dans chaque maison on avait nos planques, parce que tout le monde piquait les bières de tout le monde.
Ron Rudzitis : Quand Charles est arrivé, la première chose qu'il a voulu, c'est faire une soirée. Ça s'est transformé en un de ces trucs complètement hors de contrôle, au point que notre voisin de palier, qui avait un tuyau d'arrosage, s'est mit à arroser tout le monde sur la pelouse. Il y avait toujours des instruments à trainer, et pas mal de groupes sont venus jouer là bas. Je pense que les Melvins y sont passés. Et Green River.
Dans le même quartier, il y avait le Green Barn. Tammy Watson de Kill Sybill y habitait.
Tammy Watson (Kill Sybill) : Le Green Barn était un défouloir sauvage, taré, un rendez vous permanent de punks et d'hippies. On ne savait jamais qui était en train de jouer dans la salle de répet', à pilonner un rock qu'on n'avait jamais entendu auparavant.
Charles Peterson : Je me souviens particulièrement d'une party house dans le quartier de l'Université. Cette nuit là, Green River et Feast devaient jouer dans un dépôt à Stanwood, mais tout a été annulé à cause de la pluie. Tout le monde a bougé jusqu'à une maison. On devait être 250 à 300 personnes dans un 5 chambres. A 2 heures du mat', "un panier à salade" est arrivé. Quelqu'un a dit qu'il devait bien y avoir 11 bagnoles de flics avec des chiens policiers. Perso j'ai rien vu, parce que moi et 8 autres personnes on s'était caché dans une des chambres...
Ron Nine fondera par la suite Love Battery, excellent groupe dont on aura l'occasion de reparler sur ces pages.
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