Seattle est au rock n'roll ce que Bethléem est au christianisme.
Spin Magazine (1992)

On a besoin qu'il arrive à nouveau quelque chose comme ça - pour changer la face de la musique. Tout de suite!
Mike Inez (Alice In Chains)

24/06/2013

Hellfest 2013 : le compte rendu!!!

Quel bonheur de refouler à nouveau les terres clissonnaises, et de retrouver nos petites habitudes hellfestives : notre petit parking privé à nous, notre petit buisson préféré pour faire pipi, nos petits stands bouffe plein d'acides gras essentiels, notre petite tente Valley plein de stoners qui font chier à slammer et te présenter par la même occasion leur cul crasseux et leurs bottes boueuses 10 fois par concert... Un rève!!! Cette année encore : quelle fête, quelle orgie, quel pugilat!!! Qu'est ce qu'on a mérité pour vivre un truc pareil bordel, y'aura jamais rien de comparable à ça!!! 2013 n'a pas été une année facile pour les organisateurs du Hellfest : concurrence acharnée d'un autre fest dont on taira le nom, annulations à gogo (dont celles, cruelles, d'Alice In Chains et de Walking Papers, qui nous auraient permis de voir quelques légendes du Seattle sound) et changement intempestifs de programme jusqu'à la dernière minute... Mais le résultat, encore une fois, reste exceptionnel!!!! Petit tour des petites et grosses baffes du WE : 

La baffe surprise, qui par définition, te prend en traitre : Eagle Twin... A peine réveillé le vendredi matin, quel bonheur de profiter le temps d'une demi heure des impensables plages soniques de ce duo américain, qui emprunte autant au sludge qu'au doom, autant à Yob qu'aux Melvins... Mention spéciale à un jeu de batterie absolument dantesque, proche en cela de celui d'un certain Dale Crover... Sans aucun doute les meilleures parties de batteries entendues ce WE...

La gentille calotte, celle qu'on t'administre en toute amitié : ZZ Top ne fait pas assez de vieux morceaux pré Eliminator. Il n'en reste pas moins que le concert fut excellent, passé comme une lettre à la poste : comme un bon vieux retour aux années d'insouciances que furent les 80's, le temps où, tout minot qu'on était, on découvrait la vie, et où on apprenait que dans les grosses bagnoles rouges, il y a toujours des belles dames pas très habillées avec des gros nénés... No Fx c'est n'importe quoi, mais là encore pas d'ennuis, Fat Mike étant un des plus grands déconneurs du rock toutes catégories confondues. Jusqu'à reprendre "Champs Elysées" en version L.A. Coast... Les Buzzcocks, sur la dernière marche du podium punk anglais 77', après Clash et Pistols, nous donnent envie de les apprécier dès avant même la première note jouée, avec leurs gueules de cinquantenaires, et leurs manières de vieux anglishes qui prenaient encore le tea time 5 minutes avant le concert... Que dire de plus : le punk anglais n'ayant jamais été que du vrai bon rock 3 accords, que faire de plus que de prendre son pied...



La torgnole bien méritée, celle que tu sais qu'elle va venir, qu'elle te pend au nez, mais tu fais quand même la connerie : l'armada stoner du WE...
Sleep n'est pas fait pour le format festival, rien que Dopesmoker te prend la moitié d'un set trop court, et il est certain qu'Al Cisneros se fruste d'avoir à installer l'ambiance éthérée du groupe au beau milieu d'un festival où le public bouge en permanence d'une scène à l'autre... J'ai d'ailleurs moins pris mon pied qu'il y a un an à Paris, pour cette raison précise : difficile de prédisposer son cerveau au déballage de sons stratosphériques quand on te passe devant, derrière, dessus et dessous toutes les trois minutes... Ceci dit, c'était un plaisir...



Uncle Acid et Witchcraft, petits nouveaux sur la scène stoner internationale, s'en sortent magnifiquement dans un style revival 70's remplis de solos inventifs et de riffs sabbathesques... 



Karma To Burn et Red Fang, rednecks bouseux jusqu'aux dents sortis du fin fond des Appalaches, sont redoutablement efficaces, notamment Karma To Burn, qui étonne de plus en plus, passant du trio au duo sans apparentes difficultés, tout en conservant ce qui fait leur marque de fabrique : une puissance sonore et scénique impressionnante.

 

Spiritual Beggars passe étonnamment bien, malgré son "nouveau" chanteur pas vraiment issu de la mouvance stoner, et dont on sent qu'il se retient de ne pas chanter à la Bruce Dickinson... Reste que la musique du groupe, pionnier du style aux cotés des Kyuss, Monster Magnet et autres Karma To Burn, garde ce pouvoir de faire voyager, tels des Deep Purple des années 2010, avec en prime pour clore le set, Euphoria, morceau phare de l'album phare Mantra III... 



Idem pour The Sword. Les petits protégés de Lars Ulrich, en excellents clones du Sabbath Noir, nous abreuvent d'un stoner rodé, charmeur, classieux et puissant à la fois... Apocryphon, morceau de bravoure du dernier album, clôt le set et nous clôt le bec par la même occasion.



Les beignes soniques du WE, ou la vieille savate en plein sur les tympans qui te laisse des acouphènes encore deux jours après : Neurosis cultive à la perfection finesse d’exécution et puissance sonique... Un postcore extrêmement lourd qui, à l'instar des suédois de Cult Of Luna, fait mon bonheur... C'est pour ça que je viens d'ailleurs : en parti pour ce genre de groupe qui offre la faculté de te percer le cerveau... Cult Of Luna propose lui aussi sa version du style, toute en subtilité, toute en progression lente jusqu'au lâchage des chevaux final, jusqu'au décollage des neurones... Comme pour Sleep, un coup rentré dans l'ambiance, impossible d'en sortir sans dommages collatéraux, heureusement que je me tenais à la barrière... Enfin, les Swans, dans un registre à la fois équivalent et complètement différent, furent une véritable surprise pour moi. Même volonté d'installer le spectateur dans des fresques soniques montant crescendo, même gimmicks sonores sortis de nulle part, installés savamment dans une rythmique qui se veut véhicule du décrochage lobotomique, à ceci près que la recherche instrumentale va plus loin que le simple tryptique guitares basse batteries, et que grâce à ça, on est pas loin d'avoir l'impression de survoler les steppes tibétaines à la recherche de l'esprit du monde... Du bonheur en barre.



La fessée sado maso, celle qui fait que tu baisses déjà ta culotte avant même qu'on te le demande : Danzig de retour en France depuis des années pour un double set Danzig / Misfits avec le légendaire Doyle à la guitare... J'ai toujours apprécié le personnage Danzig, ce Jim Morrison du metal, et encore plus sa version du genre distillée avec son groupe (dont Tommy Victor de Prong), lente et lourde, tout le contraire de la musique des Misfits, son premier groupe, qui soit dit en passant, est l'un des pionniers du hardcore américain, donc à tendance beaucoup plus speed... Ce pauvre vieux Danzig avait d'ailleurs un peu de mal à suivre le rythme, haletant entre chaque morceaux... T'as plus 20 ans mon cher... Putain c'était bon, voir Doyle en vrai c'était bon aussi, et un spectacle en soi. Ces mecs sont des légendes vivantes. Entendre Mother en cloture, c'était putaing de super bon...
Après ça je me suis puni moi même en m'administrant la fessée du siècle moi même, grâce à Punish Yourself!!! Oh putaing les gars, Punish Yourself y'z'ont pas inventé le fil à couper le beurre, mais je peux vous dire que le fil est bien aiguisé, et pourtant le beurre sort du congel!!!! Le metal dance-foor de ces gars c'est ce que j'ai vu de plus furieux dans le style, ma nuque s'en souvient encore. Plus qu'un concert, c'est un peu la cinéscénie du Puy du Fou auquel on a droit (spéciale dédicace en passant à notre ami Philippe De V., fidèle admirateur du fest) : de la lumière en veux tu en voilà, du feu partout, des danseurs (euses) qui n'avaient pas peur de prendre froid au cul... La totale... Et ces rythmes putaing, j'ai encore du mal à m'asseoir tellement j'ai encore les fesses toutes rouges... Démentiel!!!



Les roustes du WE, celles qui te font bouffer le sol boueux du Hellfest avant même que t'y ai pensé : Le sludge doomesque de Black Pyramid m'a mit à genoux à coup de riffs pachydermiques, l'occasion de se dire qu'il va falloir réhabiliter rapidement ce groupe, qui n'est pas à sa place dans la hiérarchie actuelle... Prong, bien que programmé aux alentours de midi le dimanche, reste un des combos indus trash parmi les plus intéressants des deux dernières décennies. Malheureusement cruellement sous estimé. Tommy Victor est quand à lui un maître incontestable et incontesté du riff qui te fait sauter dans tous les sens... Ecoutez moi ces Snap Your Fingers, Whose Fist Is This Anyway?, ou le petit dernier Revenge Best Served Cold!!! Puissant et mélodique à la fois, du trash évolué qui te fait décoller. Un des must du WE!!! Down, on connait bien, mais on pensait pas que la prestation serait encore un cran au dessus de celle de 2011!!! Anselmo plus motivé que jamais pour rendre fou tout le monde. Du grand art. Set list classique, mais bon : quels classiques!!!! On s'en lasse pas...




La claquasse version "aller retour", où la dérouillée toutes catégories confondues : Down, le double effet kiss kool... Phil Anselmo est un gars qui marche à l'amitié. Un homme de cœur. Un gentleman du metal. Non content d'être le plus fidèle ambassadeur du Hellfest (présent tous les deux ans avec Down, fan absolu du "concept" Hellfest, nous étonnerait pas d'ailleurs qu'un jour il achète une maison dans le coin et deux hectares de vigne pour sortir sa cuvée muscadet spéciale Anselmo), Anselmo est par ailleurs quelqu'un sur qui on peut compter. Un homme de confiance... A l'annonce du désistement de Clutch, consécutif à la mort du père du chanteur, Down se propose pour assurer le créneau horaire vacant, dépannant ainsi Clutch, l'organisation et amoindrissant la déception du public pour un des groupes clés du moment... Et quelle proposition : sans prise de tête, à l'arrache totale, comme à la répèt', c'était Woodstock sous la Valley. Pensez donc : la famille Down au grand complet, roadies inclus, amis de passages, Jason Newsted en guest, nous propose un set quasi complet de reprises des ex et actuels groupes de chacun des membres : du Eyehategod, du Crowbar, deux morceaux de Corrosion of Conformity période Deliverance, et plaisir suprême pour tous : Walk de Pantera qui fait trembler la tente... Quand on sait qu'Anselmo se fait très discret quand il s'agit même simplement de parler de Pantera, ces quelques minutes furent simplement uniques... Sans aucun doute le meilleur moment du festival (à défaut d'en être le meilleur concert), un temps de pur partage, de pure insouciance, de pure innocence. Merci Mr Anselmo, merci Down d'être ce que vous êtes : une bande de potes humainement irréprochables... On en chialerait presque!!! Respect.



Merci le Hellfest, et RV en 2014!!! On a déjà nos billets!!!!

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