Seattle est au rock n'roll ce que Bethléem est au christianisme.
Spin Magazine (1992)

On a besoin qu'il arrive à nouveau quelque chose comme ça - pour changer la face de la musique. Tout de suite!
Mike Inez (Alice In Chains)

23/02/2013

Seattle Grunge's Anecdotes : Tad Doyle en mode stage diving!!!


Bruce Fairweather (guitariste de Mother Love Bone et Green River, bassiste de Love Battery) : Y'a une histoire sur Tad que j'aime beaucoup raconter. Mudhoney jouait ce soir là au MotorSports Garage. Ma copine et moi étions sur le coté de la scène à mater le show. Tout d'un coup, je vois une forme filer devant moi, je regarde, et c'était Tad. C'était l'époque où il était au top de sa forme, mec - il pesait probablement plus de 170 kg. Il courait comme un dingue et a sauté dans la foule. Stage diving. Il a fallu une vingtaine de personnes pour le réceptionner. Ils étaient tous là à en chier comme des turcs : "Putain de merde!!!!!". C'est un miracle que personne n'ai été tué.


TAD où le grunge incarné... L'actualité de Tad Doyle Ici. Pour une revisite de l'histoire du groupe :

09/02/2013

Zoom sur Cyril Jégou, auteur de "Pearl Jam au pays du grunge"...

Si si j'vous assure, aujourd'hui on trouve encore des gars courageux. Des gars qui n'en veulent. Des gars qui se fichent royalement de se faire du fric (putaing ça existe cette race là de nos jours?), et qui se laissent guider par leur(s) passion(s)... On en a rencontré un pour de vrai, pas plus tard que y'a 15 jours, dans un vieux (mais sympathique) rade d'Angers, au fond d'une vieille cave humide qui sert de défouloir pour excités du riff en tout genre, le T'es Rock Coco... Le gars il tenait la guitare pour un groupe qu'il a monté avec ses potes rennais, et qui sonne sacrément 90's... Cyril Jégou, je l'avais déjà eu une fois ou deux au tél, il m'avait sympathiquement envoyé il y a quelques mois le 6 titres de son groupe, Golden Age Of Monkeys, et franchement j'avais bien trippé dessus... Un savant mélange de mélodies et de puissance sonore, quelque chose qui rappelle étrangement l'age d'or du rock alternatif... En live, les mélodies sont toujours là, emmenée par la voix la plupart du temps douce et lancinante, mais parfois franchement déraillée, d'une chanteuse dont on se demande comment un bout d'bonne femme comme ça peut gueuler comme ça... Mais aussi, en live, c'est ça l'avantage : la puissance est démultipliée, et là on s'en est pris plein la gueule. Ça envoie du gros... Cyril est aussi accessoirement dessinateur bd de talent (putaing une bande dessinée sur Pearl Jam c'est unique ça!!!) , et écrivain à ses heures perdus. Bref, un touche à tout qui cherche d'abord à se faire plaisir... On parlait de Do It Yourself dans le dernier post. En voilà un bel exemple. Et par un gars humble et modeste comme tout... Mr Jégou est un grand fan de Pearl Jam, et a donc sorti à ce titre il y a bien peut être une année maintenant, un bon petit bouquin intitulé "Pearl Jam au pays du grunge"... Et comme il est d'actualité que ce bouquin réaugmenté sorte éventuellement chez Camion Blanc, ben c'était l'occase d'avoir le bonhomme une nouvelle fois au bigophone, histoire de mieux cerner le personnage...

Seattle Grunge : Bon Cyril, pourquoi un bouquin sur Pearl Jam?

Cyril Jégou : Parce qu'il n'y a pas de livres en français qui retrace l'histoire du groupe... Et aussi parce qu'il y a un truc qui m'a toujours énervé, c'est les dénigrements de la presse française au sujet du groupe... C'est un peu ça qui m'a incité à écrire ce bouquin... 

SG : Pourquoi PJ à travers l'histoire du grunge? 

CJ : Simplement : je trouvais intéressant de remettre Pearl Jam dans son contexte. La première partie de la vie du groupe est vraiment indissociable de l'histoire du grunge de Seattle. J'aurais fais un bouquin sur U2 ça n'aurait eu aucun intérêt de s'y prendre de cette manière. Mais pour PJ, on voit bien que certains des gars de ce groupe ont depuis toujours fait parti de cette communauté de musiciens qui sont à l'origine du mouvement... C'est une scène incestueuse comme ils disent, et ces gars en ont toujours été. Point barre. Ca permet de comprendre comment PJ en est arrivé là ou il est aujourd'hui. Et puis une chose : je prend comme exemple le seul morceau que PJ ai jamais sorti chez Sub Pop, sur la BOF du docu Hype!. C'est une version live de Not For You pour Self Pollution Radio, et sur le livret les mecs de Sub Pop ont noté sur le ton de la blague : "Ils nous ont demandé de sortir leur premier single, mais on a trouvé ça trop commercial. Un an plus tard on était au bord de la banqueroute. Pearl Jam est la conscience sociale de notre rock nation". Pour moi ça veut tout dire : ce groupe est l'épicentre social de la scène rock de Seattle... Ça m'a toujours passablement énervé de voir qu'ils étaient taxés de commercial, alors je voulais vraiment montrer qu'ils étaient issus d'une certaine lignée... C'est pour cette raison que j'ai choisis de démarrer le bouquin par la fin des années 70, qui sont la génèse du grunge, et par la même occasion de Pearl Jam...

SG : Comment tu t'y es pris pour orienter tes recherches documentaires? 

CJ J'ai d'abord commencé par rassembler tout ce que je savais sur le sujet, puis ensuite par vérifier la véracité de tout ça... Ensuite, j'ai eu un gros travail de recherche sur magazines, vieilles coupures de presses, et mine de rien, pas mal de truc sur internet. Et puis le bouquin de Greg Prato m'a bien aidé aussi... Tu sais, si tu commences à fouiller dans tout ce qui s'est dit sur PJ, tu tombes fatalement sur des tonnes de rumeurs, surtout pour la première période du groupe, les années 1993-94. Tout ça pour dire qu'en rassemblant un maximum de documentation, j'avais en main de quoi confronter les points de vue et faire la part des choses... Rassembler cette doc a été comme un grand jeu de piste... Concernant cette première mouture, j'ai illustré moi même le livre, mais pour la version Camion Blanc, j'ai cherché des photos libre de droit, et les membres du forum PJ m'ont beaucoup aidé en faisant jouer leur réseau...Si tout va bien, ma bd sur Pearl Jam sera incluse dans la version Camion Blanc...


SG : Justement, tu as sorti d'abord ton bouquin via un imprimeur sur le net, une sorte d'auto prod en somme... Pourquoi le choix de Camion Blanc ensuite?

CJ : J'aurais préféré vraiment auto produire la première mouture du bouquin dans le vrai sens du terme, mais pour ça c'est mieux si on a une petite somme d'argent pour commencer, parce qu'en général les imprimeurs ne bossent pas pour moins de 1000 exemplaires... Je me suis rabattu sur cette formule d'impression en ligne, qui, à défaut d'être satisfaisante, m'a permit de sortir rapidement mon travail, et d'écouler une centaine d'exemplaires, sans compter les versions pdf... J'ai eu de bonnes critiques sur certains webzines et magazines, qui m'ont pas mal aidé... Le contact avec Camion Blanc, je sais plus trop comment ça s'est fait... Je me rappelle les avoir contacté d'abord par lettre. Mais peut être que l'élément déterminant, c'est le contact que j'ai eu avec Brice Tollemer qui lui avait les siens chez Camion Blanc... Le principe de l'impression en ligne a ses limites, et j'avais vraiment envie d'approcher quelque chose de plus professionnel, de tâter le monde de l'édition... Mais ceci dit, il n'y a aucune raison pour qu'une auto production ne fonctionne pas... Après il faut juste trouver le bon tarif, et y'a un gros boulot de com' à faire soi même si on choisit cette option..

SG : As tu une date à nous donner pour la sortie? 

CJ : Pour l'instant ça reste mystérieux, c'est une petite maison d'édition, très ciblée aussi, et avec peu de moyens... Donc on verra... Mais tout est prèt pour une sortie rapide, le taf est finalisé... Reste plus qu'à...

SG : Parallèlement à l'écriture, tu es à l'origine d'un groupe au son très alternatif 90's : Golden Age Of Monkeys... Peux tu nous en parler un peu plus?

CJ : Concernant Golden Age Of Monkeys, on se concentre pour l'instant sur les concerts... On a sorti un 6 titres dernièrement, toutes des compos originales, et perso moi c'est ce que j'aime : le travail de studio... C'est mon ambition avec ce groupe : faire un album d'abord, puis éventuellement j'adorerais tourner sur une plus grande aire géographique, et pourquoi pas en Europe, juste une fois... Mais bon, c'est un objectif encore lointain. Après, je sais pertinemment que j'en ferais pas ma vie, mais j'ai juste envie de prendre plaisir avec ce groupe, de m'éclater, et de réaliser ce qu'il est possible de faire ensemble...

Merci à toi Cyril et au plaisir de te croiser à nouveau!!! Deux petites vidéos pour découvrir Golden Age Of Monkeys. Le premier morceau est mon préféré!!! Mais l'autre a une petite touche féminine qui n'est pas pour me déplaire non plus... Pour acheter Pearl Jam au pays du Grunge, voir sur la colonne à droite. Cyril a accessoirement écrit pour GoToSeattleGrunge un compte rendu sur le dernier concert français de PJ, à Arras l'année dernière... Lequel reste le post le plus consulté à ce jour sur ce foutu blog... Comme quoi Pearl Jam c'est vendeur... Putaing Cyril t'as peut être choisi le bon groupe pour te faire un peu de fric héhé!!!!

02/02/2013

Review bouquin très subjective : Do It Yourself! de Fabien Hein

Les gens s'imaginent généralement que le monde de la musique tourne avec des tas de gens chargés de faire le boulot à ta place. Mais ce n'est pas punk rock. Nous venons d'un monde où l'on fait les choses par nous même. (Ian McKay)

Rraaahh putaing, enfin un bouquin en français qui parle de culture punk pour de vrai, documenté pour de vrai, et écrit par un vrai fan... Fabien Hein était déjà connu du petit monde du punk pour avoir sorti il y a pas si longtemps un beau travail intitulé "Ma petite entreprise punk : sociologie du système D", où il décrit dans le détail la dure, mais tellement riche, vie d'un combo punk lambda (en l’occurrence les Flying Donuts). Cette fois ci, on a droit à "Do It Yourself : autodétermination et culture punk". DIY, où quelque part, l'autre nom chez les anglophiles pour système D... Un sujet existentiel au sein du mouvement punk. Et aussi pour votre serviteur, particulièrement intéressé qu'il est par faire tout avec rien.

Même si le bouquin suit un certain ordre chronologique, depuis 1977 et l'arrivée du punk anglais, et ce jusqu'à aujourd'hui, ici on ne revisite pas l'histoire du mouvement punk, mais on cherche surtout à en déterminer l'essence, la raison de vivre, les motivations... Et ce qui peut sembler en être les dérives... Ou l'on constate que, effectivement, ceux qui apparaissent aujourd'hui comme les groupes punks les plus respectés de tous les temps à jamais, Sex Pistols et Clash en tête, sont aussi ceux qui ont le plus rapidement signé des contrats avec les majors... La question est donc posée : l'esprit punk est t'il tout fait de DIY où le DIY n'est t'il qu'un moyen d'expression parmi d'autres au sein du mouvement punk? Le DIY est t'il un simple moyen d'accéder à un but précis, où une fin en soi avec une portée plus globale? Autrement dit : être punk veut t'il dire être simple fan de musique punk où alors, si l'on creuse, est t'il question de chercher à remettre en cause une certaine société dont les valeurs ne nous paraissent pas justes et égales pour tous, quitte à tenter d'inventer de nouvelles règles du jeu, en se retroussant les manches et en se disant qu'on peut faire beaucoup par soi même? 


Bon, je dis pas pour les Sex Pistols, que j'ai toujours personnellement considérés comme des rigolos (après tout ils n'ont sorti qu'un album, et quoi qu'on en dise, ils n'étaient que le moyen qu'avait trouvé le fameux Malcom McLaren pour se faire du fric...). Mais les Clash, extraordinaire groupe au demeurant, ont su profiter de la puissance d'exposition de leur maison de disque pour faire passer de vrais bons messages à portée sociale... Fabien Hein s'attache donc tout au long du livre à mettre en lumière toutes ces contradictions qui scinderont le mouvement en deux : les puristes et ceux qui le sont moins. D'autre part, en passant à la moulinette moults expériences réalisées dans tous les domaines d'expression punk, et en fouinant dans la vie de deux groupes au parcourt exemplaire en la matière, les anglais de Crass et les américains de Fugazi, il s'efforce de définir au mieux ce que représente le Do It Yourself, et pourquoi nombres de petits punkeux en ont fait le garant de leur liberté d'être et de vivre, tout simplement...

Merci cependant Mr Hein de montrer que le DIY n'est pas que l'apanage du mouvement punk, mais celui des insurgés, contestataires, révolutionnaires dans l'âme de toutes époques et de tous lieux. Merci Mr Hein de faire allusion à un certain Henry David Thoreau, père de la désobéissance civile et écologiste avant l'heure. J'allais même dire que "Faire par soi-même" est pratique courante depuis que l'homme est homme... Il suffit cependant qu'on arrive à l'avènement d'un certain capitalisme moderne pour que d'autres s'attachent à faire les choses à notre place : cuisiner (les plats préparés au supermarché, ou MacDonald), cultiver (avec quelques pesticides en plus), gérer notre argent (merci Lehman Brothers et toutes les banques qui ne nous veulent que du bien), nous soigner (soyons clair : le but premier de l'industrie pharmaceutique est bien de faire de l'argent, pas de nous rendre la santé...), et même penser (les politiciens sont très bons pour ça : exemple les OGM, toujours pas interdits en France alors que 80% des français sont contre)... Le poids des lobbies est assez ahurissant... Ou l'on se rend compte qu'une démocratie mise au service d'un système marchand et productiviste va peut être à contre courant de ce pourquoi elle a été inventée...


En résumé, faire par soi même, c'est véritablement reprendre sa vie en main sans la laisser entre les doigts de ceux qui sont censer savoir mieux que soi... Faire à son petit niveau, comme une goutte d'eau qui mine de rien, est essentielle pour éteindre un grand feu. C'est réellement ça qu'ont voulu expérimenter Crass et Fugazi, qui ont poussé à l’extrême l'expérimentation dans ce domaine. "Notre objectif premier consiste à être nous même au sein de notre propre groupe et à ne jamais devenir la propriété de quiconque. Et dans un second temps, à être utile à notre communauté" (Ian McKay). Crass en est sorti lessivé, concassé par tant d'effort pour aller à contre courant. Fugazi, et son leader Ian McKay (au passage modèle pour nombres de musiciens de Seattle à l'époque), à travers leur label Dischord Records, ont quand à eux su sublimer le modèle, au prix d'efforts constant, d'une intégrité sans faille (ils ont toujours catégoriquement refusé les appels des majors et autres interviews de Rolling Stone et consorts), et d'un mode de vie que très peu auraient eu le courage de vivre, qui font dire que pratiquer le DIY oui, mais pas sans savoir s'organiser et compter. DIY oui, mais les pieds sur terre d'abord!!!!

Au final, on est ravi de ce petit bouquin, qui, même s'il n'aborde pas notre sujet, celui du grunge de Seattle (qui quoi qu'on en dise, de ses débuts jusqu'à la fin des années 80, n'était fait que de ça), fait complètement fi de ce qui s'est passé à Olympia dans les années 80 et 90 (merde alors : l'International Pop Underground Convention, si ça c'est pas du DIY), et ne parle que peu des Riot Grrrl, reste un très bon moment de lecture où l'on apprend pleins de bonnes choses. Qui surtout, nous font réfléchir et dire que, oui on n'a pas beaucoup de moyens, mais non, ça veut pas dire que rien ne peut être fait. Tout est affaire d'abord de volonté. Les solutions viendront en leur temps.



A noter que les Buzzcocks furent le tout premier groupe de l'histoire du punk à sortir un disque entièrement autoproduit, en l’occurrence le maxi Spiral Scratch en 1977, ce pour l'équivalent de 3500€ actuels. Enregistré en 3 heures top chrono, il se serait vendu à 16000 exemplaires en 9 mois. Et ben savez quoi? Les Buzzcocks seront visibles et écoutables au Hellfest en juin prochain. Attendue sera aussi la prestation de Walking Papers, ainsi que celle d'Alice In Chains (même si pour le moment pas sur l'affiche, après l'avoir été, on le sait hein l'équipe du Hellfest, qu'ils en seront)... Du bon donc, en sus de tout l'armada stoner doom sludge (Spiritual Beggars, Sleep, Cult Of Luna, The Sword etc...) et autres ZZTop, Kiss, Down, Korn ou Stone Sour qui eux, fouleront les grosses scènes...

Turnover live par Fugazi + une reprise du Pulled Up de Fugazi couplée avec Rockin' De Neil Young en vidéo par Pearl Jam en 1992... Vedder est un grand fan et accessoirement ami de Ian McKay... Ceux qui veulent en savoir plus sur les relations entre grand capital et grandes démocraties peuvent lire "Une histoire populaire de l'empire américain", adaptation bd du chef d'oeuvre d'Howard Zinn, un des plus grands critique du modèle américain... Photos : Ian McKay et Henry Rollins (Black Flag) lors d'un concert de Minor Threat début 80' + Ian McKay et Jeff Nelson dans les bureaux de Dischord - Washington DC).