Seattle est au rock n'roll ce que Bethléem est au christianisme.
Spin Magazine (1992)

On a besoin qu'il arrive à nouveau quelque chose comme ça - pour changer la face de la musique. Tout de suite!
Mike Inez (Alice In Chains)

29/04/2011

Seattle Grunge's Anecdotes : Mudhoney premier grand succès national avec Touch Me I'm Sick

Oh vindieu, la scène de Seattle ne date pas que de 1988. Mais une chose qui est sûr, c'est que 1988 marque l'avènement et la suprématie dans le monde de la musique underground, de la scène rock du NorthWest étasunien. La faute à un putaing de single qui déchire sa vieille maman : Touch Me I'm Sick, et à un groupe qui deviendra l'archétype du futur son grunge : Mudhoney. Mudhoney, ils sont trop sales, trop drôles, trop bourrés, trop garage et trop stoogiens dans leur approche de la chose. Ce qui pouvait nous arriver de mieux finalement...

Jonathan Poneman (co fondateur de Sub Pop Records) : Tout le monde pensait que Sweet Young Thing était "the morceau". Puis on a été appelé par des gars qui en savaient plus que nous tous, et qui nous ont dit "Non non - c'est Touch Me I'm Sick". Ce single avait deux faces A - c'était énorme.

Nils Bernstein (publicitaire de Sub Pop) : Un des souvenirs que j'ai de Mudhoney est celui d'avoir été dans le camion d'un pote avec Mark Arm juste après que Green River splitte. Il m'a dit : "je suis en train de monter un groupe avec Steve Turner, et ça va être le meilleur que Seattle ai jamais vu". A peu près un an après ils sortaient Touch Me I'm Sick. Il avait totalement et entièrement raison.

Art Chantry (designer et "affichiste") : Difficile d'exprimer réellement l'impact que ce single a eu. Je me souviens la première fois que je l'ai entendu, j'étais en train de conduire dans Broadway, et cette chanson s'est mise à passer sur la radio. J'étais là : "qu'est ce que c'est que ce truc de dingue". Ca passait sur KCMU, et j'ai du me garer sur le côté pour écouter - je pouvais plus conduire.




Sources tirées de "Grunge Is Dead" de Greg Prato

22/04/2011

L'interview de Charles Peterson par Brice Tollemer (2008)

Puisqu'on en parle : paru originellement sur le webzine Inside Rock, voici la fameuse interview de Charles Peterson, menée de main de maître par Brice Tollemer en 2008, et intéressante à plus d'un titre... Je vous laisse découvrir...


2008. A l’occasion de la sortie du film Kurt Cobain : About a son, de AJ Schnack, en salles le 26 novembre, certains clichés de Charles Peterson sont exposés à la galerie Chappe (Paris, XVIIIe) jusqu’au 1er décembre. Rencontre avec l’un des témoins clés de la période grunge, qui a photographié et côtoyé de près des groupes comme Mudhoney, Nirvana, Soundgarden et Pearl Jam…

Inside Rock : Vous avez dû prendre des milliers de photos de cette période : comment fait-on pour choisir parmi cet énorme catalogue ?

Charles Peterson : En fait, d’une certaine façon, c’est l’autre plus gros travail du photographe, juste après celui de prendre des photos. Certaines sont très évidentes à sélectionner, tandis que d’autres le sont beaucoup moins. Il m’est par exemple arrivé d’en redécouvrir quelques-unes dix ans après leur prise, et le temps qui passe peut avoir son effet. Mais le plus difficile dans cet exercice est d’éliminer des photos, c’est un peu comme avoir le droit de « tuer ses bébés », parce que, bien évidemment, vous ne pouvez pas toutes les montrer. En définitive, il n’existe pas de décision juste, c’est souvent le choix du moment. Notamment dans mon livre Touch Me I’m Sick, il n’y a pas d’ordre particulier, ce n’est pas classé par ordre chronologique, seul compte véritablement le critère visuel et esthétique.

I.R : Justement, quand comme vous on a été à la fois acteur et témoin de cette période, est-il difficile de prendre du recul ?

C.P : Vous savez, quand je choisis mes photos, pour une exposition ou pour un livre, j’essaie de laisser de côté mes impressions personnelles. Tout simplement parce que certaines images peuvent avoir un sens précis pour moi alors qu’elles en auront beaucoup moins pour la plupart des gens. Des sessions de photos peuvent me rappeler des moments agréables ou particuliers, mais elles peuvent ne rien évoquer à ceux qui les regarderont. En définitive, il faut choisir celle qui, sortie de son contexte propre, aura le plus d’impact. Raconter toute l’histoire en une seule photo.

I.R : Comment avez-vous rencontré la plupart des groupes avec qui vous avez eu l’occasion de travailler ?

C.P : D’abord il faut dire que Seattle est une petite ville, notamment au début des années 1980. Quand vous vous rendiez à des concerts durant cette période, vous trouviez un public d’une centaine de personnes tout au plus. C’était donc un groupe réduit de gens, qui se connaissaient tous et chacun faisait son truc, eux de la musique, moi des photos. C’était juste comme ça, il n’y avait pas de mots de passe secrets pour pouvoir rentrer dans ce cercle vous savez. J’ai rencontré Mark Arm [le chanteur de Mudhoney, ndlr] juste parce que je venais de rentrer à la fac. Comme j’étais originaire de la banlieue, je ne connaissais personne à Seattle et je cherchais donc des personnes à rencontrer. Et quand je l’ai vu, avec le crâne rasé et un t-shirt des Crass [groupe anglais anarcho-punk des années 80, ndlr], je me suis dit que ça serait cool d’aller lui parler. C’est donc comme ça que nous sommes devenus amis, puis colocataires. A cette époque, il était dans son premier groupe, Mr. Epp and the Calculations. J’ai donc rencontré ses potes, il a rencontré les miens. Et c’est comme ça que j’ai rencontré Bruce Pavitt [fondateur du label Sub Pop, ndlr] qui travaillait dans un magasin de disques du côté de Capitol Hill et qui était DJ à la radio du campus, KCMU. C’est aussi comme ça que j’ai connu Jack Endino [producteur entre autres du premier EP de Soundgarden, Screaming Life, et de Bleach, le premier album de Nirvana, ndlr] qui enregistrait pour vraiment pas cher dans son studio.

I.R : Pavitt distribuait donc les disques, Endino les enregistrait et vous photographiez les groupes… Vous aviez étudié la photographie à l’Université ?

C.P : Pas spécialement, j’étudiais plutôt Shakespeare et le reste du temps je buvais des bières, comme tout bon étudiant. Le plus important dans la photographie, notamment en ce qui concerne ce genre précis, est juste de la pratiquer, en se rendant tout simplement sur place, dans les concerts, et prendre tous les clichés que vous pouvez. Soit vous avez l’œil, soit vous ne l’avez pas, c’est tout.

I.R : Votre première réalisation officielle fut la pochette du premier EP de Green River, Come On Down, en 1985. Peut-on dire que c’est le début de votre carrière professionnelle ?

C.P : Ce n’est pas vraiment le cas, dans le sens où je ne considérais pas ça comme un job. En tout cas, je ne le faisais pas pour l’argent. Ce n’est qu’à partir de 1991 que j’ai véritablement commencé à vivre de la photographie. A cette période, durant ces années 1985-86, c’était plus l’accomplissement d’un rêve qu’autre chose. Quand j’étais plus jeune, je regardais dans ma chambre les pochettes d’album des Clash, des Buzzcocks, et tout ceci me donnait envie de photographier des groupes de rock plus tard. Je profitais donc d’être là, au milieu de ces musiciens, de ces potes, pour réaliser ce que j’avais envie de faire depuis longtemps.

I.R : Quand on écoute les groupes de cette époque, on sent qu’il se dégage une énergie un peu folle, une énergie que vous avez su saisir à travers vos clichés. Comment l’expliqueriez-vous ?

C.P : C’est vrai que la plupart des concerts de Mudhoney, de Soundgarden ou de Nirvana se déroulaient de manière incontrôlable. Le sentiment général était celui d’une sorte d’explosion, de libération. Vous savez on était tous jeunes, c’était quelque chose de nouveau, d’amusant, et les shows étaient complètement fous, même si nous n’étions qu’une trentaine dans la salle. Et Bruce Pavitt trouvait ainsi que mes photos saisissaient bien cet esprit et qu’il fallait s’en servir pour le montrer à un plus large public. C’est notamment le cas avec une des premières photos de Green River en concert, utilisée pour un dossier de presse de Sub Pop, où l’on ne peut même pas distinguer la tête des membres du groupe. Cette façon de faire tranchait avec les illustrations habituelles des formations de l’époque et attirait par conséquent l’attention.

I.R : Justement, comment faisiez-vous pour saisir cet esprit, cette folie, lors des concerts ?

C.P : Le plus important pour moi était d’être le plus près possible de la scène. Mais il n’y avait pas d’organisation pré-établie. Je faisais comme n’importe quelle personne qui va à un concert, je buvais quelques bières, je sautais un peu partout et je parfois je prenais des photos, parfois non. En tout cas, ce n’était pas très difficile, il suffisait juste d’être là. Je ne réfléchissais pas trop à la manière de faire, je m’adaptais aux conditions. Par exemple, je ne tirais pas mes photos en noir et blanc pour une raison esthétique prédéfinie, je le faisais parce que les pellicules étaient moins cher, c’est tout.

I.R : Dans le livre de Lancer Mercer, vous expliquez que ce dernier suivait la voie Alice In Chains/Pearl Jam tandis que vous vous chargiez du parcours Mudhoney/Nirvana : comment tout cela s’est-il mis en place ?

C.P : En fait, tout le monde se connaissait et se fréquentait, mais les groupes de Seattle avaient des styles de musique et des influences totalement différentes. Musicalement, Alice In Chains n’a pas grand-chose de commun avec Mudhoney. J’étais plus attiré par le côté « punk » des groupes. Le grunge en tant que tel ne veut pas dire grand-chose. Il n’y avait pas d’uniformité ni dans la musique, ni dans les personnalités. Il est vrai que je suivais plus les formations de Sub Pop. Rétrospectivement, j’aurais peut-être aimé d’avantage photographier les débuts de Pearl Jam, même si j’ai eu l’occasion de le faire un peu plus tard.

I.R : Aviez-vous senti que quelque chose allait se passer à Seattle, que le grunge allait déferler sur le reste du monde ?

C.P : Ce n’est qu’à partir de 1989, quand Bleach est sorti que l’on a commencé à pressentir quelque chose. On pensait que Nirvana allait rencontrer un gros succès, mais plutôt tel que Sonic Youth le connaissait. Pas d’un succès planétaire.

I.R : Comment avez-vous vécu et géré ce changement soudain de dimension, dans la manière de faire vos photos durant les concerts ?

C.P : Bien évidemment on rencontrait plus de contraintes. Je ne pouvais plus juste arriver devant la salle avec mon appareil et rentrer comme ça. Il fallait faire des demandes de passe et de backstage, ce genre de choses, quelquefois il y avait des restrictions, des interdits, et de temps à autre tout ceci était un peu chiant. A tel endroit je ne pouvais pas utiliser de flash, à tel autre la scène était tellement grande que j’étais trop loin des groupes…Mais, finalement, quel que soit le lieu ou le contexte, la manière de faire est fondamentalement la même. Vous êtes là pour prendre des photos et vous vous attelez à cette tâche. Vos yeux sont les mêmes, même si l’équipement peut changer. Vous photographiez ce qui se passe, sans vous soucier de l’environnement extérieur. Vous vous adaptez à la situation. Que ce soit lors d’un concert gratuit de Pearl Jam à Seattle devant 75 000 personnes ou bien lorsque vous suivez Nirvana au festival de Reading en 1992.

I.R : En définitive, quelle était la meilleure attitude à avoir, au milieu de cet univers tout en mouvement et de ces personnalités si particulières ?

C.P : Je pense que les bonnes photos sont celles qui montrent les gens comme ils sont réellement. C’est pour ça que j’aime photographier les gens sur scène, ils sont dans un état second, ils ne pensent pas à l’appareil, ils sont dans leur univers. Un bon photographe doit ainsi savoir se rendre discret et surtout la fermer quand il faut, tant et si bien qu’on ne remarque plus votre présence.


18/04/2011

Interview de Brice Tollemer, auteur du "Pearl Jam - Vitalogy"

Des bouquins sur le grunge en français??? Y'en a pas des masses. Disons qu'on les compte sur les doigts de la main... Pourtant depuis quelques temps on entend parler d'un nouveau griffonneur, fana du rock underground 90's, qui aurait déjà à son actif une bio de Rage Against The Machine et un essai sur l'un des albums phares du Seattle Sound : Vitalogy de Pearl Jam... Même qu'il s'est pas mal penché sur l'histoire du mouvement, et qu'il pourrait un jour, qui sait, nous en sortir un pavé... Brice Tollemer, qu'il s'appelle : jeune trentenaire agréablement coincé entre Charteuse, Belledonne et Vercors, historien, et webzineur assidu...

Seattle Grunge : Brice, qu'est ce qui t'a amené à l'écriture? Comment passe t'on de rédacteur sur un webzine (Inside Rock) à écrivain pour Camion Blanc puis chroniqueur pour Le Monde? Ecrire c'est un truc naturel chez toi?

Brice Tollemer : En fait, tout a commencé lors de mon DEA d’Histoire. J’avais soutenu un mémoire consacré, en résumé, à Twin Peaks et au grunge, puisque la série de David Lynch datait aussi du début des années 90 et se déroulait également dans l’état de Washington, c’était intéressant de mettre en parallèle ces deux phénomènes culturels, qui ont à leur façon fortement marqué une génération. C’est donc à cette période que j’ai pris goût à l’écriture. Par la suite, j’ai commencé à collaborer aux Cahiers du Football, puis à Inside Rock. Après, j’ai contacté Camion Blanc, parce que je désirais écrire sur l’histoire de Pearl Jam, mais eux préféraient une biographie sur les Rage, qui venaient de se reformer.

Pour Vitalogy, c’est la maison d’éditions du Le Mot et Le Reste qui recherchait des auteurs pour une nouvelle collection. J’ai été contacté par un chroniqueur d’Inside Rock et j’ai donc proposé d’écrire sur cet album.

Enfin, concernant la série Rock Around The World Cup, je l’avais originellement écrite pour les Cahiers du Foot, et le site internet du Monde a voulu la reprendre pour la publier, dans le cadre d’un partenariat durant la dernière coupe du monde. L’idée était ainsi de mêler l’histoire du rock et le monde du football, chose qu’on retrouve souvent en Angleterre, mais très peu en France finalement.

SG : En jetant un oeil sur tout ce que tu as écrit pour Inside Rock, on perçoit de suite ton intéret pour le rock indé des années 90, et plus particulièrement pour RATM et PJ bien sûr, mais aussi Lanegan, Pavement, ou le rock seventies (Who, Stooges), voire certains groupes métal. D'ou te vient cette passion pour ce que j'aime a définir comme le vrai rock n'roll ?

BT : Je crois que j’ai eu simplement la chance d’avoir été adolescent à une époque où le rock connaissait une ébullition complètement folle. Quand on fait la liste des disques sortis par exemple entre 1991 et 1994, c’est vraiment saisissant. Entre les albums de Nirvana, Pearl Jam, Alice In Chains, Soundgarden, mais également ceux de Pavement, Dinosaur Jr., Weezer, Nine Inch Nails, Tool, sans oublier les Rage, les Red Hot, Faith No More ou bien encore la Brit Pop, ça foisonnait de partout. Et dans tous les styles. Les années 90 sont une très grande décennie pour le rock. C’est également à cette période que Douglas Coupland a sorti son livre « Génération X ». On est souvent le produit de son environnement. Quand il est bon, autant se laisser porter…

SG : Rapport à PJ ou RATM qui sont des groupes plutôt contestataires : Est ce que pour toi l'éthique punk ou DIY, ce coté rebelle, révolutionnaire que peut véhiculer le rock est quelque chose d'important ou au contraire plutôt arbitraire dans ton approche de la chose?

BT : Concernant l’engagement politique de ces deux groupes, je pense que je suis plus attiré par celui de Pearl Jam. Pour autant, on n’écoute pas des disques parce qu’on est d’accord avec les artistes qui les sortent. Mais quand l’engagement et la musique se rapprochent, cela peut être enrichissant. Par exemple, après les attentats du 11 septembre, alors que les Etats-Unis étaient en plein délire patriotique et revanchard, Pearl Jam a envoyé un livret à tous les membres du fan-club, livret qui contenait des textes d’Howard Zinn, Noam Chomsky ou bien encore Michael Moore. Ce genre de démarches me plaît assez. Du côté des Rage, prôner la révolution via une multinationale comme Sony… On peut trouver ça facilement contradictoire ou délicieusement ironique, c’est selon. Quant au DIY, l’éthique et la carrière d’un groupe comme Fugazi par exemple sont bien évidemment exemplaires.

SG : Tu as rencontré Charles Peterson lors de son passage à Paris en 2008... Ça fait quoi de se retrouver dans la peau de l'homme qui a vu l'homme qui a vu l'ours? Enfin... Devant une star du rock à sa manière, l'ami de nombreuses personnalités du grunge à Seattle, et un de ceux qui ont vu naitre le mouvement depuis ses balbutiements?

BT : C’est une personne vraiment très humble et très profonde. Quand on pense à tous les tocards qui se touchent le nœud quand ils parlent de Kurt Cobain alors qu’ils ont du le rencontrer une fois dans leur vie, le contraste est saisissant. Je me rappelle d’une scène lorsque je m’étais rendu à son exposition pour l’interviewer à Paris : durant la soirée, une équipe d’une émission de Paris Première était arrivée et faisait une espèce de reportage sur Cali, qui parlait devant une photo de Nirvana… Il y avait tout dans cette scène : le côté branchouille-bobo d’une ville faussement rock et la médiocrité ambiante de la musique française. C’était à dégueuler. Quand juste cinq minutes auparavant, vous discutiez paisiblement de Seattle et de tous ces groupes avec quelqu’un qui n’en rajoute pas, qui vous raconte sans vous faire sentir qu’il est plus important que vous…

SG : Y a t'il un groupe que tu apprécies plus que tout parmi tous ceux sorti de Seattle?

BT : C’est bien évidemment Pearl Jam. Ils font partie de ces groupes qui vous accompagnent toute une vie, dans la droite lignée de Bruce Springsteen ou de Neil Young. Bon, quand on a 14-15 ans on ne pense pas à eux quand on écoute Pearl Jam. Mais c’est un sentiment qu’on peut décrire 15 ou 20 ans plus tard. Des morceaux comme Porch, Rearviewmirror, Immortality, Do The Evolution sont vraiment fabuleux de mon point de vue. Surtout, ce qui est enthousiasmant, c’est de se plonger dans toutes leurs b-sides et dans leurs reprises : quand on pense que des morceaux comme I Got Id, Dead Man Walking ou bien encore Crazy Mary ne sont même pas sur leurs albums studios… Leur répertoire est donc immense et diversifié, et ils savent s’en servir, notamment en live, où ils prennent toujours soin de ne jamais jouer deux fois la même setlist deux soirs de suite, avec un public prêt à chanter en chœur sur n’importe quelle chanson. C’est vraiment le rock fédérateur dans ce qu’il a de plus noble.

Quant aux autres groupes de cette période, cela serait trop long d’en parler précisément, mais je pense que si je devais ressortir deux ou trois albums, ça serait l’Unplugged d’Alice In Chains et Above de Mad Season. Je rajouterais aussi les disques solo de Mark Lanegan, I’ll Take Care Of You et Field Songs pour ne citer qu’eux.

SG : Tu as écrit un essai plutôt personnel sur le Vitalogy de Pearl Jam : brièvement, sans réécrire le livre, en quoi est ce un album qui t'as marqué?

BT : Pour faire court, il y a trois principales raisons : c’est d’abord grâce à cet album que j’ai redécouvert le disque vinyle, et à une période où le cd régnait en maître. C’est par ailleurs une époque où Pearl Jam était en lutte contre à peu prés tout : MTV, Ticketmaster, etc… Et on ressent ce combat quand on écoute des chansons comme Not For You ou Corduroy. Enfin, et c’est ce qui est essentiel au final, le son de ce disque. Un peu crade, à la limite de la rupture, et la rage de Vedder. Le mal-être tout simplement. Tout comme le concept du livret Vitalogy.

SG : As-tu d'autres projets d'écriture en cours sur des sujets rock?

BT : Avec des amis, on a monté récemment un nouveau webzine, Not For You, plutôt centré sur l’indé niveau chroniques de disques et tendance Eric Zemmour pour les billets d’humeur (rires). Sinon, avec un groupe nommé H-Burns, on a un projet où on mêlerait des reprises de Dylan et de Neil Young notamment avec des petites nouvelles que j’écrirais, dans un esprit Bukowski pour résumer, le tout avec des illustrations, des dessins, des photos, etc… Pour le moment, on est tous occupés, surtout H-Burns qui va bientôt enregistrer chez Steve Albini, mais j’espère que ça se fera au cours de cette année.

Merci pour tout Brice, et taches de nous sortir encore quelques bons trucs à lire!!!!

10/04/2011

Un Blood Circus bien saignant svp!!!

Blood Circus est à ranger dans le premier wagon des groupes Sub Pop, et, à ce titre, dans celui du "son" Sub pop des origines, celui qu'on fit sonner comme tel en le produisant comme tel, celui là même qu'on qualifia de crade, crasseux, poisseux - grunge en gros... Et ça mon pote, pour être poisseux c'est poisseux!!!! Tiens donc qui c'est qu'on retrouve là? : ce bon vieux Jack Endino. Ben ouais quel hasard, c'est bien lui qu'était aux manettes quand Blood Circus se mettait à enregistrer quek' chose!! Étonnant ça!!! Du pur rock n'roll en fait, rien de moins rien de plus, à l'instar de ses collègues nouvellement formés, Mudhoney ou TAD.

Geoff Robinson (guitariste de Blood Circus) : On n'était pas vraiment dans le "Seattle Sound". Pour nous ce qu'on faisait c'était d'abord du rock primaire. Si les hommes préhistoriques avaient joué du rock n'roll, ça devait sonner un peu comme ça.

Michael Anderson (chanteur guitariste) : On faisait juste une musique qui ressemblait à un bon vieux plat "barbaque patates"

Ouais... Pour le sûr pas du léger... Le groupe sort en 1988 un premier single "Six Foot Under / Two Way Street" numéroté SP13 et partage la scène à l'époque avec Mudhoney, Nirvana ou Swallow. Suivra un premier et ultime Ep : Primal Rock Therapy, qui sera agrémenté quelques années plus tard de 5 titres. Carrière éclair oblige, Blood Circus se sépare en 1990 suite à une tournée de 6 semaines dans tout le pays en compagnie des Thugs. Puis se reforme pour la forme en 1992...

Doug Day (batteur de Blood Circus) : Notre timing était vraiment mauvais. Je pense qu'on était tout près d'une certaine reconnaissance et ça doit être le pire en terme de mauvais timing... On a toujours joué ce type de musique. On n'était pas dans un trip artistique...

Rod Moody (chanteur de Deranged Diction et Swallow) : Blood Circus, avec Mudhoney, était le prototype du "grunge version 1.0" - riffs massifs combinés avec le grognement épais, guttural du chanteur Michael Anderson. Comme Swallow ou Cat Butt, Blood Circus était un comme un tas de ferraille, et personne ne savait jamais à quoi s'attendre à leurs concerts. Parfois ils étaient phénoménaux, le reste du temps souvent trop désordonnés et bourrés pour ne pas faire mieux qu'un gros bordel sonique.

Jonathan Poneman (co-chef de Sub Pop) : Un paquet d'entre vous avez élus vos disques de Soundgarden, Mudhoney ou Nirvana comme des sommets du "grunge". Pas de bol. Primal Rock Therapy est "l'acid test". (...) Blood Circus a non seulement été boudé par les critiques, mais a été l'une des plus mauvaises ventes de l'histoire de Sub Pop

Le son Blood Circus reste cependant un modèle du genre, et perso, Primal Rock Therapy reste lui un des "vrais grands albums méconnus" du Seattle Sound. Deux morceaux dans la playlist Grooveshark : un de l'Ep, l'autre, The Outback, excellent morceau de la compil Sub Pop 200. Calling For Lisa en vidéo, extrait de Hype!

01/04/2011

Seattle Grunge's Anecdotes : Daddy Hate Box vs Mother Love Bone

Eux : édition limitée, clubs privés, coffret luxueux. Nous : pas de truquage, pas de "hype", gros son. Voilà comment se présente Daddy Hate Box, groupe monté en "hommage" à Mother Love Bone, ou devrait t'on dire, histoire de se payer la tronche de Andrew Wood et consorts... On en a déjà parlé, la recherche de notoriété des membres de Mother Love Bone n'est pas du gout de tous à Seattle. Certains le prennent très au sérieux, d'autres préfèrent utiliser un humour du meilleur gout. C'est le cas de Peter Litwin, chanteur de Coffin Break, et du batteur de TAD Steve Wied, qui montent Daddy Hate Box, signent sur CZ Records, et sortent quelques 45 tours et un Ep tout en distillant quelques concerts à droite à gauche... Fallait le faire, ils l'ont fait...

Daddy Hate Box : Look Like Hell sur la compil Teriyaki Asthma de CZ Records

(Attention : n'ayant malheureusement aucun autre moyen (Deezer ou autre) de faire découvrir la musique liée au sujet dont nous parlons, ce morceau est exceptionnellement mis à disposition des visiteurs)