Seattle est au rock n'roll ce que Bethléem est au christianisme.
Spin Magazine (1992)

On a besoin qu'il arrive à nouveau quelque chose comme ça - pour changer la face de la musique. Tout de suite!
Mike Inez (Alice In Chains)

28/10/2011

Les greffés du Seattle Sound Part 1 : Ceux de Chicago

La communauté des musiciens à Seattle dans les années 80, malgré ce qu'on aurait tendance à croire, est loin d'être composée de "natives" comme on dit... J'entend par là : la majorité est né dans le North West, c'est indéniable, mais en fait pas mal des futurs acteurs du mouvement viennent d'ailleurs... Viendra un jour où l'on parlera du Montana (Jeff Ament, Bruce Fairweather...), de l'Ohio (The Gits, 7 Year Bitch, Alcohol Funnycar), mais comme on peut pas parler de tout à la fois, aujourd'hui on va s'attarder sur Chicago!!!

Chicago a donné au grunge de Seattle quelques uns de ses éléments les plus représentatifs, et on pourrait même avancer que sans Chicago, point de grunge!!! Pensez donc : sans Bruce Pavitt, point de Sub Pop, sans Kim Thayil et Hiro Yamamoto, point de Soundgarden. Ajoutez à cela un Stuart Hallerman ingé son, fondateur des fameux studios Avast à Seattle et à ce titre producteur pour entre autres Soundgarden, The Posies, Mudhoney, Sleater Kinney ou Queens Of The Stone Age. Ou un Matt Dentino à l'origine malgré lui de la rencontre avec Chris Cornell... Une première bande de potes qui débarquent à Seattle au tout début des années 80...

Matt Dentino (guitariste des Shemps) : Kim (Thayil), moi même, Hiro (Yamamoto), et Bruce (Pavitt) avons tous grandi à Park Forest, Illilois, banlieue sud de Chicago. J'ai toujours ça en tête... que le grunge est né à Park Forest.

Hiro Yamamoto (bassiste originel de Soundgarden et bassiste de Truly) : J'ai rencontré Kim quand j'étais en senior au lycée. On était tous les deux élèves au Rich Township High School, mais dans un programme spécial appelé ALPS (Alternative Learning Process School). Bruce Pavitt en était aussi. Là bas au ALPS, on n'avait pas vraiment de cours en classe, ni de grades à passer. On jouait beaucoup au frisbee... Déjà à l'époque Kim aimait discuter et était beaucoup dans l'introspection (rires). Il était vraiment dans la philosophie. Tu pouvais déjà dire qu'il réfléchissait en permanence à pourquoi il était sur Terre et à ce que tout ça voulait dire...

Matt Dentino : Je connais Kim depuis 1972. On était ensemble dans ce lycée alternatif à Park Forest. C'était une alternative au lycée traditionnel, mais ça ne m'a pas empêché d'en être viré parce que j'étais de mon coté plus alternatif encore... Tout ce que je faisais était de jouer de la guitare et étudier Jimi Hendrix.

Stuart Hallerman (ingénieur du son de Soungarden, propriétaire des studios Avast) : J'allais au ALPS - Kim Thayil avait 1 an de plus que moi. Un de mes grands amis d'enfance était Hiro Yamamoto.

Kim Thayil (guitariste de Soundgarden) : Au lycée, un de mes meilleurs amis était le premier frangin de Bruce Pavitt, et son plus jeune frère était dans un groupe avec moi appelé "Identity Crisis". Tom Zuzaut - qui a signé Motley Crue et Guns N'Roses, il était de l'age de Bruce Pavitt, une classe au dessus de moi - était le référent de la station de radio du lycée à l'époque...

Bruce Pavitt (co fondateur de Sub Pop Records) : Je connais Kim depuis qu'il a 11 ans, probablement. Il venait souvent chez mes parents à Park Forest. On est allé au même lycée alternatif ensemble. C'est un ami de toujours de notre famille.

Hiro Yamamoto : La première fois que je suis sorti de Park Forest, c'était après le lycée, quand j'ai bougé avec mon pote Stuart (Hallerman) sur Olympia. J'avais un boulot là bas, mais ça m'a saoulé et je suis retourné à Chicago.

Kim Thayil : En 1981, Hiro et moi étions tous les deux dans des groupes, avions tous les deux des copines, mais d'un coup nos groupes ont splittés, nos relations amoureuses aussi, et au final on n'avait pas plus de raisons que ça de rester. J'ai clôt mon compte bancaire - j'avais très peu de fric - et Hiro et moi avons chargé nos instruments dans ma vieille Datsun B210, et on a fait les 2000 miles jusqu'à Seattle. On est parti à Seattle comme on partait à l'aventure. Bruce était déjà là bas (qui s'était installé à Olympia en 1979 pour étudier à l'Evergreen State College), Stuart aussi. Bruce nous avait refilé des disques de groupes de Seattle et d'Olympia qui étaient vraiment excellents... The Blackouts, the Beakers...

Matt Dentino : En 1980, Reagan a été élu président. Je me suis dis qu'il fallait que je me barre, parce que j'avais 20 ans et que ce gars allait finir par me raser les cheveux et m'envoyer chez les Marines. Le jour même où Reagan a été élu, je partais à Seattle en bus, essentiellement parce que mon frère était étudiant là bas. (...) Quand Kim et Hiro sont arrivés, on sortait ensemble de temps en temps. En 1984, j'ai monté the Shemps. Hiro jouait de la basse, puis Kim l'a remplacé. Parfois je prenais la guitare, parfois c'était Kim... On jouait beaucoup de classic rock, parce que, premièrement, c'était facile à apprendre, et ensuite, il y avait beaucoup de soirées hippies dans le coin, et ça nous assurait des cachets. J'avais besoin de bosser. Je crevais de faim là bas, je vivais dans la penderie de Kim...

Hiro Yamamoto : Un de nos amis, Matt Dentino, qui était de Park Forest comme nous, était dans un cover band. Quand il était au lycée, c'était un vraiment bon guitariste - il jouait mieux que nous tous. Il jouait du rock n'roll dans ce cover band et avait posé une annonce dans The Rocket pour trouver un chanteur. Chris Cornell y a répondu, et comme il cherchait un coin ou crécher, il a finit par s'installer chez moi.

Putaing j'adore ces histoires, c'est dingue de voir la somme de coïncidences qui ont fait l'histoire du grunge... Parfois on se demande si les choses ne sont pas écrites... Houlé je crois que je me kimthayilise moi... Paraitrait que Soundgarden en termine avec l'enregistrement d'un nouvel album, qui, selon Kim Thayil justement, contiendrait certains morceaux aux relents de Sunn O))) ou Om... Ce qui tombe bien vu que ces deux groupes ont surement bien pioché dans les premiers Soundgarden... Un retour aux sources en gros, qui sent bien bon... Il serait pas impossible par ailleurs que Soundgarden passe en Europe l'été prochain, pas mal de rumeurs courant en ce moment, autant en Angleterre qu'en France, sur des passages au Download, au Main Square ou au Hellfest... Si ça pouvait être vrai!!!

En photo dans l'ordre : Kim Thayil, Hiro Yamamoto, Stuart Hallerman et Bruce Pavitt

Sources tirées de ces deux supers bouquins!!!

22/10/2011

Le dégoutant et enivrant Jim Rose Circus Sideshow!!!

Actuellement encore, personne ne sait vraiment ce qu'était le grunge. Je ne pense pas qu'il y ai jamais eu une quelconque histoire d'un son particulier que tout le monde aurait partagé. Mais si tu vois le grunge comme une communauté de gens qui ne se prennent pas au sérieux, alors tu es dans le vrai : il semble que c'était avant tout quelque chose comme ça... Doug Pray (réalisateur du docu Hype!)

A Seattle au début des 90's, cette communauté justement, bien que tournant essentiellement autour du gros son, est bien loin de n'être que ça... Je dirais même plus, elle est bien plus que cela... Au sein de ce patchwork de caractères bien affirmés dont on connait essentiellement les musiciens qui deviendront les dernières superstars du rock mondial avant l'avènement de... personne en fait, et ben on trouve un paquet de gars décalés, différents, pas pareils... Jim Rose est de ceux là.

Jim est né à Phoenix, Arizona, et c'est là qu'il commence à fréquenter des troupes de cirques itinérantes. Ses voyages sur le vieux continent, où il croise nombres de petits cirques sillonnant les routes de la vieille Europe, achèvent de le convertir au phénomène suscité... C'est même là bas qu'il montera son premier numéro, basé sur des techniques glanées au fil des rencontres. Il intitulera ça Le lit de clous et Regurgitatia... Tout un programme, pas besoin de vous faire un dessin... Car l'homme est un maniaque de la souffrance gratuite, un aficionado du gros bobo jouissif... Ses performances et celles de sa future bande seront d'ailleurs bien plus proche de l'esprit des freaks shows, bêtes de foire d'un autre siècle que des cirques traditionnels... L'idée est de choquer, de faire naviguer les spectateurs dans un panel d'émotions allant du bizarre au carrément gore... C'est à Venice Beach qu'il fait ses armes, avant de monter, allez savoir pourquoi, voir si Seattle est aussi chiante qu'elle le laisse présager... L'histoire, son histoire, est en marche...

V'là t'y pas qu'arrivé là bas, le gars, y' s'trouve des copains dans son style. Folie. Démence. Le Jim Rose Circus prend naissance et commence par simplement assurer les intermèdes lors des concerts, entre première partie et tête d'affiche. Entre deux, on s'emmerde, alors pourquoi pas regarder souffrir un mec qui s'attache par les piercings de ses tétons des objets aussi lourds que les riffs de Soundgarden... Why not... Véritable musée des horreurs pour les uns, souffrance indescriptible pour les autres, bonne partie de rigolade jaunissante pour tous, le Jim Rose Circus ne peut pas laisser de marbre. Ou alors on n'est pas humain... A l'époque le Jim Rose Circus, c'est ça :

The Enigma : l'homme qui mange de tout, vers de terre, sauterelles, mais aussi des épées... Tiens, pourquoi pas, une petite épée bien assaisonnée, ma foi... Celui là est bien connu de nombre d'entre nous : il a finit couvert de tatouages bleus, et la tête implantée de petites cornes de diables...

Mr Lifto, le fameux : celui qui se sert de tous ses piercings (oui oui de tous ses piercings, même celui de ses parties génitales...) pour y accrocher des charges invraisemblables et les soulever sans même se dire que c'est pas fait pour ça...

The Tube : le gars qu'a trouvé l'idée fantastique de s'enfoncer un tube depuis la bouche jusqu'à son estomac pour y ingurgiter tout ce que son copain Jim introduit, à l'aide d'une pompe, de liquides divers et variés... Le must c'est quand le copain Jim se sert de la pompe pour y faire revenir tous qui a transité dans l'estomac de The Tube... Le must du must, c'est quand un des spectateurs accepte de boire ce petit mélange stomacal.

Jim Rose, quand à lui, joue le maître de cérémonie, et à l'occasion, en bon masochiste, se met quelques clous dans le nez et se laisse monter sur la tête par des spectateurs pleins de bonnes intentions, bien que cette dernière repose gentiment dans une boite pleine de verres pilés. D'autres, au fil des ans participeront à la grand messe, entre autres certains membres des Dwarves, Bebe the Circus Queen, Torture King ou the Armenian Rubberman... Et des douzaines d'autres...

C'est en 1992 que le moment de gloire du Jim Rose Circus prend forme. Invité au Lollapalooza en compagnie de Pearl Jam et de Soundgarden, il accède à une notoriété inattendue...

Jim Rose : J'offrais toujours aux spectateurs une chance de monter sur scène et venir boire le vomi de the Tube. Un jour sur la tournée, Eddie Vedder l'a bu et la foule est devenue dingue. Puis Al Jourgensen de Ministry est arrivé, et ils se sont lancés le défi de savoir lequel des deux en boirait le plus. Finalement, à la fin de la tournée, Eddie avait clairement gagné...

Jeff Gilbert (journaliste et organisateur de concerts) : Un jour je suis allé à un show du Jim Rose Circus au Crocodile Café. Jim est venu me demander une faveur : "On va faire le petit jeu du "bois le vomi de the Tube", et je voudrais être sûr, comme la TV est là, que quand on demandera un volontaire pour ça, quelqu'un saute sur la scène et le fasse". Donc j'ai dis "Ok je le fais". Arrivé à ce point du show, Jim a demandé "Qui veut boire la bile?". A ce moment, normalement, l'assistance refuse catégoriquement. Donc j'ai sauté sur scène. Mais Eddie était aussi là, il s'est faufilé devant moi, m'a prit le verre des mains et l'a enfilé aussi sec. Sur la vidéo, tu peux me voir lui tourner autour, le serrer de près, et lui foutre le nez à tremper dans le contenu du verre... Et je lui ai chuchoté dans l'oreille : "Sale cochon d'extrémiste de la bile"

Le Lollapalooza sera le prélude à nombre de tournées, internationales ou pas, en tête d'affiche ou pas, accompagné ou pas de Nine Inch Nails, Korn ou Godsmack. Une apparition dans les Simpsons, où Homer fait un essai pour le Jim Rose Circus en tant que boulet de canon humain, achève de faire de Jim Rose une star. Il est, à ce moment précis, catapulté parmi les références d'une sub culture en passe de devenir pop culture ultime.



Z'ont rien inventé, les Johnny Knoxville, Bam Margera et autres Steve O... http://www.jimrosecircus.com/. En photo Eddie Vedder pendant le Lollapalloza avec un verre de bile à la main...

13/10/2011

L'émocore de Seaweed... The come back!!!

Et 2011 signe le retour de... SEAWEED!!!! Quoi? Comment se fesse? Point d'explosions de joies comme il avait été de mise avec Soundgarden ou Alice In Chains??? Faut dire que ces gars là sont pas des plus connus en Europe... Et pourtant, peut être l'auraient t'ils mérité... Explosion d'énergie brute balancée en plein dans ta face, Seaweed est un de ces groupes happés, situation géographique oblige (ils sont de Tacoma), par la vague grunge, ce sans en avoir le son caractéristique... Pour preuve, leurs premiers méfaits seront sortis chez Sub Pop, et produits par Endino (pourtant dépositaire du son "grunge" par excellence). Et puis il faut dire que les petits gars savent s'entourer de certains membres expérimentés de la scène de Seattle... Kim Warnick des Fastbacks assurera les chœurs sur plusieurs de leurs albums, Ken Stringfellow des Posies les chapeautera un temps... Car les Seaweed sont des jeunos à leur début en 1989, et rendent quelques années aux futures stars du grunge... C'est cependant en à peine un an d'existence qu'ils signent leur premier album, Despited.
Wade Neal (guitariste de Seaweed) : On n'en était pas (parti intégrante du mouvement). On est le meilleur exemple du groupe un peu « nerd » que tout le monde aime bien, mais que personne ne connait vraiment... Je peux pas dire. C'était une période intéressante.
Aaron Stauffer (chanteur de Seaweed) : Je sais pas si c'était une bénédiction ou si on a été maudit de signer avec Sub Pop, c'était juste cool d'avoir un label qui sortait nos disques, et ce dès notre première année d'existence, et c'était cool que ce soit un label local. Donc je peux pas dire si avoir été sur un autre label aurait été mieux ou moins bien. Peu importe. Il s'avère qu'on avait juste au début, un court contrat, et qu'après le premier album, on ne voulait déjà plus faire de disques avec eux (rires)
Le groupe signera trois albums chez Sub Pop. Pur produit DIY, ils enregistrent Four dans un studio aménagé par leur soin chez les parents de Clint Werner, le guitariste, en six mois de temps...
Aaron Stauffer : Ses parents n'habitaient plus la maison, sa mère était décédée, mais cette maison était une bénédiction pour nous. Clint avait construit ce petit studio où on répétait de temps en temps, et c'était vraiment petit. Pour Four, on a dû enregistrer la batterie dans le salon, et je pense le chant aussi... C'est toujours bizarre quand j'entends ces morceaux, au regard des conditions d'enregistrement qu'on avait. Parce c'est pas comme si tu chantais avec le groupe, là tu chantes tout seul dans le salon de quelqu'un avec un casque sur la tête. TacWa, c'était le nom qu'on avait donné à ce studio... Ken Stringfellow m'a aidé pour l'enregistrement du chant, mais sinon c'était une auto production complète, ce qui était vraiment excitant pour nous. Pas besoin de conduire jusqu'à Seattle. Pas besoin de quitter notre bien aimée Tacoma...
Sub Pop a aimé l'idée qu'on se démerde complètement avec cet album, juste parce que, de cette manière, on respectait complètement le budget. Habituellement quand les gens font des disques ils dépassent leur budget pour sortir de la merde. C'est comme ça qu'on a été capable de laisser tomber les petits boulots, juste parce qu'on économisait notre fric et qu'on enregistrait tout le temps par nous même. Je pense pas qu'ils croyaient qu'on pouvait le faire, je pense qu'ils se disaient juste « peu importe », ils se mêlaient pas vraiment des décisions de leurs groupes, ils les laissaient juste faire ce qu'ils voulaient. Ils étaient surement sceptiques à voir notre façon de faire, mais bon, ça a marché. Je pense qu'ils ont été surpris...
Le fait d'avoir signé sur Sub Pop avant la ruée vers l'or grunge de 1991 aura néanmoins le « mérite » de garantir à Seaweed une quasi automatique signature chez une major, en l'occurrence Hollywood Records, filiale de Disney... Spanaway, excellent album au demeurant, ne vend malheureusement pas aussi bien que Nevermind, héhé, et l'association ne durera pas plus...
Aaron Stauffer : A l'époque Sub Pop était sur le point de signer un deal avec Warner (ils étaient fauchés). On a pensé que quitte à aller sur une major, autant négocier nous même avec le diable plutôt que laisser Sub Pop le faire pour nous. (...) Hollywood Record c'est de la merde!!! Laissons les majors sortir toute la soupe qu'ils veulent et laissons les labels indépendants sortir toute la bonne musique... (...) Faire des vidéos n'est pas fun du tout, j'ai jamais eu aucun plaisir à faire des vidéos. C'est complètement stupide, je déteste les vidéos. J'ai pas de putain de télévision, j'aime pas la télévision et j'aime pas MTV, ça pue bordel, ça pue (rires).
Un cinquième et dernier album sortira chez Merge en 1999... Le groupe décide de stopper l'aventure sur un commun accord, mais sans jamais complètement fermer la porte pour toujours... La preuve en est : 2011 voit l'arrivée d'un nouveau single et le départ d'une nouvelle tournée US. Entre temps, Aaron Stauffer aura joué dans Gardener avec Van Conner, et se sera essayé à la new wave en compagnie de Steve Fisk et Ken Stringfellow...
Aaron Stauffer : On a arrêté parce que Seaweed était debout depuis 10 ans, et que 10 ans c'était bien assez. Mais on n'a jamais vraiment pensé que c'était un vrai split parce qu'on est toujours plus que jamais amis... On est de Tacoma, pas de Seattle. Tacoma est le lieu du crime, Seattle est le lieu du grunge... (...) Je pense qu'on a vécu entre l'underground et « l'overground ». Les plus gros concerts qu'on ai fait, c'était 1000 personnes, et habituellement on ne jouait pas pour plus de 100 personnes...
Emocore. C'est le petit tiroir qu'on a trouvé pour ranger Seaweed... Qu'on aurait presque inventé rien que pour lui d'ailleurs, tellement l'étiquette semble lui coller comme un gant... Une manière de présenter un hardcore le plus rentre dedans, auquel on aurait rajouté une bonne giclée de mélodies pop... Guitares cinglantes, catchy, avec riffs TGV qui donnent une furieuse envie de sauter partout... Même si Seaweed est loin d'être le premier combo affublé de l'étiquette en question, de Sunny Day Real Estate jusqu'aux plus dispensables zhéros du punk rock californien actuel, tous lui doivent un peu quelque chose...
Wade Neal : J'ai eu vent que pas mal de monde disait ça de nous (qu'ils sont une grosse influence pour les groupes punks d'aujourd'hui), et surement qu'il y a une certaine vérité là dedans. On était juste un groupe parmi d'autres. C'est un compliment, et j'apprécie... Ça me fait juste plaisir que les gens disent ça de nous...
Et le mot de la fin sera pour... Aaron Stauffer : Je suis un grand fan des Melvins. J'avais fait un t-shirt pour un concert des Melvins en 1986, qui avait écrit dessus : Mevins (not Melvins). Mevins. Pas mal de mes potes l'ont porté (rires). Je suppose que j'étais pour quelque chose dans le fait que Kurt Cobain ait appelé son chat Mevins... Les Melvins sont irréels. Personne ne peut faire mieux.
Seaweed vient de sortir un single : Service Deck/The Weight, en écoute dans la playlist Deezer à droite. Quelques autres morceaux dans la playlist Grooveshark plus bas... Une petite vidéo en sus...


09/10/2011

Seattle Grunge's Anecdotes : Alice In Chains en tournée avec Slayer

Jerry Cantrell : A l'époque (celle de Facelift), on avait une "fuck it" attitude. Si on nous proposait un concert que personne ne voulait prendre, on y allait. On allait jouer avec n'importe qui - c'était notre façon de faire. On se foutait de quel style de musique c'était - on avait un concert à donner avec un public en face, donc on était là. On a ouvert pour Poison, Warrant, ce style de groupe...

"Man In The Box" a percé au milieu de la tournée "Clash Of Titans - une putain de tournée, dure : cette fois on ouvrait pour Slayer, Megadeth et Anthrax. Ils tournaient tous les trois en tête d'affiche, mais les fans de Slayer étaient les plus endurcis, les plus supporters : "Slayer, Slayer, Slayer". Je me souviens avoir joué au Red Rocks près de Denver, et la scène était construite d'une telle manière que n'importe qui, d'une certaine distance, pouvait y jeter n'importe quoi. Ce concert a été une étape importante pour le groupe. On a été littéralement massacré. Ils ont commencé à nous jeter des trucs à partir du moment où on est rentré sur scène. Bordel, c'était impensable. On jouait avec toujours un œil sur le public - un œil sur tous ces trucs qu'ils nous envoyaient à la tronche, en essayant de les éviter au maximum, et ce sans s'échapper ni sortir de la scène. Après un moment où on avait été constamment bombardé de toute cette merde - je sais pas comment ils ont fait ça, mais ils ont balancé un jerrican rempli de liquide, qui s'est scratché sur la batterie de Sean.

Ça a rendu Layne furieux. Il a commencé à ramasser ce qu'ils nous jetaient et à leurs renvoyer. Il a sauté les barricades et s'est mis à cracher sur les gars de devant, leur balancer des trucs à la gueule, exactement comme eux nous avait fait. Donc on a tous fait la même chose, on a tous suivi Layne. On leur a foutu droit dans leur gueule, on a commencé à leur renvoyer en plein leurs faces ce qu'ils nous avait jeté. Et on a fini notre set. On s'est dit à un moment qu'il fallait qu'on finisse vite et qu'on se barre de la scène, ou ils finiraient par tous nous tuer... Après le show, il y avait un groupe de fans de Slayer près de notre bus, et on s'est dit que cette fois c'était mort, qu'ils allaient nous défoncer - ils nous bloquaient l'accès du bus. Mais en fait non, ils nous on juste dit : "Vous êtes des mecs bien, vous êtes pas des tapettes".

Sources tirées de "Grunge Is Dead" de Greg Prato

01/10/2011

Seattle Grunge : c'est reparti pour une nouvelle saison!!!!

Hop, on avait dit début octobre, c'était pas des conneries : Seattle Grunge reprend du service pour l'hiver... C'était la bonne heure - l'automne tout ça, ça annonce souvent pour moi le retour du gros son... L'été c'est léger on écoute autre chose, mais là y'a pas deux semaines je me suis remis en boucle un grand classique du rock indé 90's, ce bon vieux Troublegum de Therapy. Therapy, ils sont irlandais, pas grand chose à voir avec Seattle, mais bordel quel album!!! Coté intensité, ça vaut largement les meilleurs scuds du Seattle 90's, et l'énergie qui s'en dégage a un vrai gout du son du North West... Du coup ça m'a remit le pied à l'étrier grunge!!!





Pleins de nouvelles news pour cette nouvelle saison : on fête cette année les 20 ans du premier Pearl Jam, les 20 ans de l'indémodable et indécrottable Nevermind, en gros les 20 ans du Grunge de Seattle, et 20 ans, on a beau dire, ça mérite bien moults retours en arrières, et foule d'analyses diverses et variées, ce qui nous vaut encore quelques bons bouquins pour cette rentrée... L'un en français m'sieux dames, sur Pearl Jam, et par un gars bien sympa : "Pearl Jam au pays du Grunge" (en vente sur le coté là)... L'autre en anglais, une nouvelle "oral history", que j'ai reçu il y a trois jours : "Everybody Loves Our Town"... Ces deux là, d'auteurs, mériteront bien dans les semaines à venir de petits interviews sans prétentions... Pour le reste, ça continue comme c'était, des petites histoires, des anecdotes, la grande histoire, des articles un peu plus poussés, des interviews... Et pour commencer, plus bas vous avez un petit truc sur les Melvins et leur roadies Cobain et Novoselic...

Paraitrait qu'Alice In Chains planche sur un nouvel album, que Soundgarden passe en France au printemps... Nan j'déconne, la bonne blague!!!! Putaing j'adorerais... A priori ils partent en Australie, fait chier... Que Pearl Jam Twenty est bientôt sur les écrans, mais pas les écrans français... Que les Screaming Trees sortent enfin leur dernier album resté dans les cartons au moment du split du groupe, une perle du genre qui trainait soit dit en passant depuis un moment sur le web... (un extrait dans la playlist Deezer). Cet été paraitrait aussi que Metallica, Megadeth, Slayer et Anthrax, le Big Four comme ils disent, soit passé à Amneville dans le cadre du Sonisphère... A quand un Big Four Grunge : Pearl Jam, Soundgarden, Alice in Chains, avec Mudhoney ou les Foo Fighters par exemple, ou Lanegan... Ça aurait vraiment de la gueule c't'affaire... Rêvons donc les amis...

Seattle Grunge's Anecdotes : Cobain et Novoselic roadies des Melvins...

On sait tous les liens qui unissaient Kurt Cobain et Krist Novoselic d'une part, aux Melvins Buzz Osbourne et Dale Crover d'autre part... On reparlera un de ces jours du début de ces amitiés entre les uns et les autres, mais on peut tout de suite avancer que ces quatre là ont fait les 400 coups ensemble... On a bien souvent entendu que les premiers ont fait office de roadies pour les seconds... C'est vrai c'mensonge??? Info ou intox??? Retour au début des années 80, à Aberdeen, à l'époque trou du cul du monde du rock...


Slim Moon (membre fondateur et 1er guitariste de Earth, fondateur du Kill Rock Stars Label) : Krist avait ce foutu van volkswagen zebré, et il emmenait souvent les Melvins à leurs concerts. Il était vraiment grand et toujours bourré. Il y a une soirée ou il a déclenché un extincteur sans le vouloir, et une autre ou il a commencé à danser sur une table qui s'est littéralement effondrée sous lui. C'était Krist à l'époque. Il me faisait penser à Sammy de Scoubidoo.

Chris Hanzsek (producteur, fondateur de C/Z Records et accessoirement aussi des Studios Reciprocal Recording) : Le roadie des Melvins était Krist Novoselic. je me souviens avoir pensé qu'il était vraiment grand, avec ses baskets tailles 50, les lacets pas lacés - si bien qu'il avait 40 cm de lacets qui trainaient derrière chaque godasse... Un mec un peu gauche...

Matt Lukin (premier bassiste des Melvins, parti ensuite chez Mudhoney) : Je sais pas si je peux dire que Krist était roadie pour nous, mais on a commencé à utiliser son van, et il nous emmenait à Seattle et nous aidait à transporter notre équipement. Donc ouais, je suppose qu'il était notre roadie. Cobain a joué ce rôle fut un temps.

Buzz Osbourne : On n'a jamais eu de roadies - c'est de la connerie. Ils étaient juste nos amis. De temps en temps Krist nous conduisait aux concerts. Ca m'a toujours fait marrer d'entendre ça : Kurt Cobain aurait été notre roadie... Regarde le : il pouvait à peine se lever de son lit tout seul.

En photo : le van originel des Melvins...


Sources tirées du nouveau livre de Mark Yarm : Everybody Loves Our Town