Seattle est au rock n'roll ce que Bethléem est au christianisme.
Spin Magazine (1992)

On a besoin qu'il arrive à nouveau quelque chose comme ça - pour changer la face de la musique. Tout de suite!
Mike Inez (Alice In Chains)

19/12/2010

Seattle Grunge's anecdotes : les débuts de Soundgarden

Soundgarden n'aurait pu voir le jour sans les Shemps, un groupe de reprises des Doors (entre autres) fondé par Matt Dentino, lequel dans l'histoire embarquera successivement ses deux amis Hiro Yamamoto et Kim Thayil... Sans ambition précise, le groupe voit arriver dans ses rangs un jeune punk du nom de Chris Cornell, initialement bon batteur...

Hiro Yamamoto (1er bassiste de Soundgarden) : Chris (Cornell) a répondu à une annonce qu'on avait posé pour trouver un chanteur, et il cherchait un endroit ou crécher. C'est comme ça qu'il a finit par bouger dans mon appart. Chris habitait donc chez moi et naturellement on a commencé à jammer ensemble. Je jouais de la basse, lui était aux fûts, et on jouait comme ça pendant des heures. C'est à peu près comme ça que ça a commencé. Chris était plus jeune que nous, c'était un gamin. Il avait dû quitter le collège. Il était jeune et calme - il aimait vraiment être dans son coin. Moi et Kim on aimait se poser là, boire des bières et mater David Letterman à la TV. Chris, lui, était plus réservé, introspectif. Il aimait disparaitre dans sa chambre et partir dans ses pensées. Kim n'habitait pas avec nous, il habitait ailleurs. C'est là que tout a commencé, dans cet appart.

Kim Thayil : Je n'étais pas leur premier choix. J'étais probablement pas non plus leur second. Je pense que j'étais leur huitième ou neuvième (rires). Mais les autres guitaristes, soit ne jouaient pas super bien, soit n'avaient pas les mêmes intérêts que Chris ou Hiro. Hiro a pensé à moi avant Chris, car Chris me connaissait seulement comme le bassiste chez les Shemps. Il ne savait pas que j'étais d'abord un guitariste. Donc Hiro a pensé : "Kim est un bon ami à moi, c'est un vraiment bon guitariste et il aime à peu près les mêmes choses que moi. Pourquoi ne pas l'inviter à jammer avec nous? Mais bon, Kim a une copine, il va à l'université et il a un job - il est très occupé"
Finalement je suis venu un soir et j'ai joué avec eux. Et immédiatement quelque chose s'est déclenché. Le premier jour on a écrit deux morceaux. Stylistiquement parlant, ça sonnait comme rien de ce qu'on avait pu entendu auparavant - et ça n'avait pas le coté heavy qu'on a finit par avoir. On avait tout trois participé à l'élaboration des morceaux, on aimait tous les 3 ces morceaux et on appréciait tout trois la façon dont nos instruments respectifs sonnaient et contribuaient aux morceaux. Et Chris - à ce moment, on n'avait pas encore réalisé qu'il avait des idées de paroles. Donc on avait ces morceaux qui étaient entièrement arrangés instrumentalement parlant, et qui étaient vraiment intéressants. Donc on s'est dit : "Revoyons nous demain". On était très heureux, très satisfaits - on rigolait comme des fous ce soir là, c'était vraiment fun. Le jour d'après on a écrit 3 morceaux de plus. Donc en 2 jours et 1 pack de bières, on avait 5 morceaux, que nous avons d'ailleurs tous finit par jouer live et enregistrer, bien qu'aucun ne soit sorti sur disque. C'est comme ça que ça a commencé, ces 2 jours et ces 5 morceaux. Mais bon, j'avais encore à terminer mon dernier trimestre à l'Université de Washington, j'avais cette nouvelle relation (amoureuse) et je bossais à plein temps au Native American Cultural Center (Centre culturel des Indiens d'Amérique). Et en plus j'étais bénévole à la station de radio de l'Université...

Hiro et Chris ont commencé à me rappeler après un couple de semaine : "Mec, reviens jouer la semaine prochaine". "Je peux pas, faut que j'bosse". Et ils rappelaient le jour d'après. C'était bizarre, parce qu'ils semblaient vraiment pressés - Hiro appelait tout le temps, et même Chris a appelé deux ou trois fois. A ce moment j'ai commencé à ressentir une certaine pression. "Putain mec, j'ai plein de taf... Je viendrais peut être d'ici deux ou trois jours". Hiro a commencé à devenir fou - je pense qu'il a dit à Chris : "Tu sais quoi : qu'il aille se faire foutre. Il est bidon, c'est trop dur de le motiver". Finalement il s'est mis à m'engueuler. C'était bizarre pour moi, il agissait comme une petite copine jalouse, genre "T'es mon petit ami ou pas?". J'étais là : "Ouais, bien sûr que j'aime ce qu'on fait, j'aime beaucoup même, mais bordel, je suis vraiment débordé mec!!!". Finalement, je suis revenu et cette fois là on a eu encore une nouvelle idée de chanson. Mais ils voulaient vraiment que je m'engage avec eux. En faisant un effort, j'ai réussit à trouver du temps pour venir jouer 3 nuits par semaine. Mais à cause de ça, j'ai perdu mon boulot parce que j'arrivais plus à fournir. Du coup j'avais plus de fric, mais ça devenait enfin possible d'aller faire des trucs avec ces crétins (rires).


Chris Cornell est né à Seattle, mais Kim et Hiro sont arrivés de Chicago au début des années 80, en compagnie de quelques potes à eux, dont un certain Bruce Pavitt, qui va lancer rapidement un fanzine : Subterranean Pop. Faudra qu'on s'attarde sur ce petit détail qui a fait la grande histoire du Grunge... Comme il faudra qu'on s'attarde sur l'arrivée d'un groupe du Montana mené par un certain Jeff Ament, ou aussi sur cette bande d'étudiants de l'Ohio qui formèrent pèle mêle The Gits, 7 Year Bitch ou encore Alcohol Funnycar... Une prochaine fois peut être...
Sources tirées de "Grunge Is Dead" de Greg Prato

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire